Fyctia
Chapitre 8 : Eli - Partie 1.
J'arrive à la maison avec plus d’une demi-heure de retard. Au moment où je pousse la porte d’entrée, le silence qui règne à l’intérieur est presque effrayant. Je retire mes chaussures et m'aventure jusqu'à la cuisine, afin de prendre quelque chose dans le frigo. J'ouvre la porte et observe ce qui s’y trouve en tortillant la bouche hésitante, puis jette mon dévolue sur une briquette de jus d'orange. Je retire le plastique autour de la paille et la plante dans la briquette, tout en me retournant pour prendre vers l'escalier et rejoindre ma chambre. Je sursaute en découvrant ma génitrice face à moi, les mains sur les hanches et les sourcils froncés. Je place une main sur mon cœur et reprends mon souffle, avant de lui demander ce qu'elle fait là, mais elle ne m'en laisse pas le temps.
— Tu vas me faire plaisir de remettre cette briquette dans le frigidaire !
Son ton est sec et autoritaire, me faisant arquer un sourcil. Je l'observe un court instant en me demandant ce qui lui passe par la tête. Ma main tremble nerveusement et bien que j’aimerais garder mon calme et filer en silence, je n’y parviens pas :
— Je peux savoir ce qui te prend ?
— Tu es en retard et le goûter est déjà passé ! Tu attendras ce soir, à présent !
Je ris nerveusement et tente de quitter la pièce, mais elle m'en empêche en positionnant son corps devant le mien et m'empoigne le poignet qu'elle serre avec force. Je grimace de douleur et fronce à mon tour les sourcils, plongeant mes yeux dans les siens. Je me débats pour me libérer de son emprise, mais en vain, elle ne me lâche pas.
— Lâche-moi, espèce de folle, craché-je.
— Tu remets cette briquette dans le frigidaire, immédiatement, exige-t-elle d'un ton qui se veut plus dur.
Dans un élan de colère, je jette la briquette violemment contre le sol. Celle-ci explose, nous arrosant les pieds au passage. Je n'ai pas le temps de réagir, qu’une main se plaque violemment contre ma joue et m'arrache un petit cri de surprise. Mes deux bras enfin libérés, je touche mon visage douloureux. Une vague de colère s'empare immédiatement de moi, au point que je ne suis plus capable de me contrôler. Je l'attrape par le col de sa veste de tailleur et la pousse contre le mur, je m’approche d’elle au point que nos nez peuvent presque se toucher, totalement hors de moi.
— Tu n'es plus dans ma vie depuis dix ans. Je n'ai aucun souvenir de toi, alors ne te permet pas de me donner des ordres. J’ai accepté de venir ici uniquement pour papa, mais dès que j’aurais vingt et un ans, je repars dans le Nevada. Là, où est ma vie. Loin et sans toi !
En voyant que je perds petit à petit le contrôle, je la laisse avant d'aller trop loin. Je recule doucement et m'éloigne, mais j’ai à peine posé un pied sur la première marche de l'escalier, qu’un petit rire me fait serrer le poing. Je fais volte face tout en cramponnant la rampe, ce qui me permet de ne pas lui bondir dessus.
— Sache que je n'ai et n'aurais aucun respect pour toi, alors ne t'avise pas de relever la main sur moi, car je n'hésiterai pas à te renvoyer le coup, espèce de malade, vociféré-je.
— Ton petit monologue est fort intéressant, ma chérie, mais c'est ce que nous verrons. Tes projets de vie font rêver, mais seul l'avenir te dira si tu pourras repartir dans le Nevada, dans la maison de ton pouilleux de père, rit-elle. Et pour ce qui est de me frapper, ne te gêne pas. Nous verrons bien la réaction d'Harold !
Mes sourcils sont tellement froncés, que j'ai le sentiment que la peau de mon front va finir par craquer. Je grogne puis tourne les talons pour monter les marches et rejoindre ma chambre folle de rage en essayant d’ignorer son rire. Je me demande ce qui ne tourne pas rond chez cette femme. Depuis que je suis arrivée, elle passe son temps à chouiner car je ne m'intéresse pas à elle et là, j'ai le sentiment que ce n'est plus la même personne. Son ton est assuré, elle semble déterminée et nullement impressionnée par ma colère, jusqu'à me gifler. Je ne compte même plus le nombre d'insultes qui me traversent l’esprit actuellement.
Quand j'arrive au premier étage, je fais une courte pause et m'appuie contre le mur pour retenir les larmes qui menacent de couler. Je ne pleure pas pour cette claque pitoyable, loin de là, mais de colère. J'ai une haine indescriptible qui ne demande qu’à exploser et le fait qu'elle ait osé parler de mon père de cette façon, me rend complètement dingue, au point que je peine à garder le contrôle.
— Ne t'inquiète pas, ça va aller.
La voix de Luke, aussi faible soit elle, me parvient et s'ensuit des bruits de pleurs. J’hésite un instant à poursuivre mon chemin pour rejoindre ma chambre et hurler un bon coup dans mon oreiller, mais la curiosité prend rapidement le dessus. A pas de loup, j’avance dans le couloir sans faire le moindre bruit.
Après quelques mètres, j'arrive devant la chambre d’Hanna. La porte étant grande ouverte, j’observe rapidement l’endroit. Les murs sont entièrement revêtus d’une peinture rose, et m'agressent la rétine. Hésitante, je fais un pas pour m’inviter à l’intérieur de la pièce. Luke tient sa petite soeur dans ses bras, qui pleure à chaudes larmes.
— Qu'est-ce qui vous arrive ?
— Écoute, Eli, j’ai pas envie d’être désagréable, mais ce n'est pas vraiment le moment, me répond-il tout en me lançant un regard terriblement triste.
Je penche légèrement la tête pour apercevoir le visage d’Hanna, qui se cache derrière lui. Intriguée, je m’approche d’eux en douceur quand des marques à ses poignets me sautent immédiatement aux yeux. Il ne m'en faut pas plus pour comprendre. Sans dire un mot, j’éloigne Luke puis pose un genou au sol pour me mettre face à sa sœur et tenter de croiser son regard. Son visage est baissé et ses yeux rivés sur ses doigts qu’elle triture nerveusement. Le temps d’un instant, je me vois en elle. La trace de la main de Rose est encore visible sur sa joue ainsi qu’une goutte de sang séchée au bord de sa narine droite. C’est un tsunami de colère qui traverse mon corps pour remonter jusqu’à mon crâne, au point de m’en déclencher une migraine.
— C'est Rose qui t’a fait du mal ? questionné-je doucement.
Elle relève légèrement les yeux vers moi et hoche la tête pour me répondre. Je pose une main sur la sienne, afin qu’elle arrête d’arracher la peau autour de ses ongles.
— Ce que je vais te dire n’est pas simple et je le sais, mais tu ne dois pas lui montrer que tu as peur d’elle. Elle vient de me frapper dans la cuisine et pour rien au monde, je lui donnerai le plaisir de me mettre à pleurer. C’est pour ça que tu dois sécher les tiens et rester forte !
— Oui, mais j'ai peur d'elle.
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