Fyctia
13. La loi des probabilités
Quand je poussai la porte de la salle de maths après avoir eu une charmante conversation dans la bibliothèque, mes yeux balayèrent rapidement la classe à la recherche d'un siège libre. À cet instant, mon cœur s'arrêta net. Il ne restait qu'une seule place libre. Juste à côté de lui.
Ellie Archer.
Je sentis une vague de frustration monter en moi, et mes pensées s’emballèrent aussitôt. "Il a un caractère tellement mauvais que personne ne veut s’asseoir à côté de lui," me dis-je, piquée à la fois par l’injustice et la contrariété de devoir être celle à qui on impose cette tâche.
Ellie releva les yeux de son téléphone lorsque je m’avançai vers la table. Son expression changea instantanément, et ses sourcils se froncèrent d’une façon presque comique. Il était visiblement en rogne de me voir approcher.
Génial. La dernière chose que j’avais envie de faire, c’était m’asseoir à côté de lui pour un cours aussi intense que les mathématiques. Mais, résignée, je tirai la chaise et pris place à côté de lui sans un mot, posant mon sac sur la table dans une tentative désespérée de marquer mon territoire.
Il tourna la tête et m’observa avec un mélange d’hostilité et d’agacement.
"Super," grogna-t-il en remettant les yeux sur son téléphone, comme si ma présence était une sorte de catastrophe.
"Ravie de voir que tu es aussi enjoué que d’habitude," murmurai-je, incapable de retenir une pique. Il fronça davantage les sourcils et me lança un regard rapide.
"Écoute, on est ici pour le cours, pas pour bavarder, d’accord ?"
Je haussai les épaules. "Pas de souci. Moi non plus, je n’étais pas venue ici pour faire la conversation."
Il poussa un petit soupir irrité. "Bien. Au moins, on est d’accord sur quelque chose."
La professeure entra dans la salle et fit rapidement l'appel, puis commença à écrire des équations au tableau. J'essayai de me concentrer sur ce qui se passait devant nous, mais l'agitation d’Ellie à côté de moi perturbait mon attention. Il tapotait son pied contre le sol, croisait et décroisait les bras, puis changeait constamment de position sur sa chaise. Sa présence à elle seule semblait dominer l’espace, comme une force de la nature indisciplinée qui refusait de se faire ignorer.
À un moment donné, la professeure donna une série d'exercices en nous demandant de les faire par deux. Je tournai la tête pour le regarder, sachant que nous n’avions pas vraiment le choix. Il soupira encore une fois en me regardant, comme s’il devait supporter un fardeau insoutenable.
"Bon, qu’est-ce que t’as compris ?" lança-t-il d’un ton sec.
Je levai un sourcil. "Probablement plus que toi, vu que tu n’as pas écouté une seule fois depuis le début du cours."
Il me regarda avec un mélange de frustration et d’amusement narquois. "Ah, alors Mademoiselle-je-sais-tout va m’aider, c’est ça ?"
"Écoute," dis-je en soupirant à mon tour. "On n’est pas obligés de s’aimer, mais si on veut finir ces exercices avant la fin du cours, tu pourrais au moins faire un effort."
Il prit une grande inspiration, ses yeux toujours chargés d’un mépris à peine voilé, mais il sembla se résigner. Je l’observai alors qu’il s’étirait pour prendre son cahier, et malgré moi, j’étais légèrement impressionnée par la rapidité avec laquelle il s'attaqua aux calculs. Il ne tarda pas à tracer des formules avec aisance, prouvant qu'il savait très bien ce qu'il faisait.
"Tiens, voilà le résultat de la première question," dit-il en poussant le cahier dans ma direction, avec un petit sourire moqueur au coin des lèvres. "Peut-être que tu as besoin d'un coup de main après tout."
Je levai les yeux au ciel. "Évite de trop te réjouir. On en est qu’à la première question."
Il leva les mains en signe de reddition, mais ses yeux brillaient d’un amusement narquois. Malgré moi, une partie de moi ressentait un certain défi. Il était agaçant, mais aussi stimulant, d’une manière que je ne pouvais expliquer.
"Alors, quelle est la prochaine étape, Miss Parfaite ?" lança-t-il, cette fois avec un sourire ouvertement sarcastique.
"Arrête de m'appeler comme ça," répliquai-je en écrivant la suite de l'exercice.
"Je ne fais que dire ce que tu montres," répondit-il. Il semblait vraiment s'amuser, mais je ne comptais pas lui laisser le dernier mot.
"Peut-être que si tu faisais moins le malin, tu apprendrais quelque chose," dis-je en tournant la page, un sourire satisfait sur les lèvres.
Le cours se poursuivit ainsi, entre piques acerbes et regards en coin, chaque réponse de ma part semblant l’intriguer un peu plus. Il y avait une énergie entre nous, électrique et tendue, mais étrangement divertissante.
Au moment où la cloche sonna, nous avions terminé tous les exercices. Je rassemblai mes affaires, prête à partir sans un mot de plus, mais Ellie posa sa main sur le bord de la table pour bloquer mon passage.
"Je dois admettre," dit-il, l’air de plus en plus sérieux, "que tu es... différente."
Je levai un sourcil, surprise. "Différente ? C’est censé être un compliment ou une insulte ?"
Il sembla réfléchir un instant avant de répondre, puis haussa les épaules avec un demi-sourire. "Un peu des deux, j’imagine."
Je roulais des yeux, pas vraiment impressionnée par ses manières, et lui lançai un dernier regard ironique. "Ravi de savoir que je t'intrigue. Mais sache que le sentiment n'est pas réciproque."
Sur ce, je contournai la table, le laissant sur place. Mais en partant, je ne pus m’empêcher de sourire.
1 commentaire
Samantha Beltrami
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Il y a 24 jours