Fyctia

Dimitri retira sa main chaude de la sienne, laissant un frisson parcourir le bras de Céleste.

« J’en ai assez pris, annonça-t-il, son regard se perdant un instant.

- Je ne me sens même pas plus faible. Tu as pris assez ?

- Non, mais on va y aller doucement. J’augmenterai la dose petit à petit pour que tu t’habitues. »

Il avait un côté prévenant qui la surprenait à chaque fois.

« Je t’amène à ton premier cours, suggère-t-il.

- Ce week-end, je veux aller à Netheris.

- Tu changes de sujet, s’insurgea-t-il, un sourire amusé aux lèvres.

- Promets-moi qu’on ira et j’irai en cours, insistait-elle, le regard déterminé.

- Eh bien, ça s’appelle du chantage, Céleste. Je pensais qu’on devenait amis. Je fais ça pour toi, tu ne comprends pas tout ce que cette école va t’apporter : force, pouvoir, savoir, alliés.

- Promets-le-moi, répéta-t-elle avec une intensité palpable.

- D’accord, je nous organiserai ça. Je trouverai une excuse pour que Nigel nous accorde sa permission », acquiesça-t-il.

Céleste attrapa son petit sac, rempli de livres et d’accessoires, le hissa sur son dos, et suivit Dimitri à travers le couloir. Plusieurs élèves se retournèrent sur leur passage, se demandant sûrement ce que pouvait signifier cette amitié inattendue.

« Je ne peux siphonner qu’un pouvoir à la fois, donc je ne pourrai pas communiquer avec toi par télépathie », précisa Dimitri d’une voix faible, en la regardant d’un air sérieux.

Céleste hocha la tête, faisant mine de ne pas s’en soucier, mais au fond, cela l’angoissait un peu d’être livrée à elle-même. Elle se retrouva devant la salle de classe, noyée au milieu des autres élèves. Certains se tournaient vers eux, curieux.

« Sois sage », murmura Dimitri en lui adressant un clin d’œil.

Céleste fit un signe de la main à Dimitri, lui indiquant de s’en aller. Elle rejoignit ses amies, Lyra et Raven, tandis qu’Alyss était en train de discuter avec deux garçons de leur âge. Les portes de la classe s’ouvrirent, et tous les élèves entrèrent, scrutant la pièce avec curiosité.

La salle de classe où se tenait le cours d’Introduction à la Magie était spacieuse, baignée d’une lumière dorée qui filtrait à travers de grandes fenêtres en ogive, offrant une vue sur un jardin en contrebas. Les murs de pierre étaient ornés de tapisseries anciennes, illustrant des scènes mythologiques emblématiques de l’histoire de la magie.

Le plafond voûté, orné de fresques en perpétuelle transformation, représentait des constellations liées aux grands événements de la magie. Au fond de la salle, un grand tableau noir affichant des schémas de flux magiques. Une grande étagère occupait l’un des murs, remplie de grimoires anciens et d’artefacts magiques scellés sous verre.

Un professeur se tenait déjà là, un vieil homme dans la cinquantaine, de grande taille avec des cheveux grisonnants et légèrement en désordre. Vêtu d’une tenue noire sobre, ornée du logo de Nyxeria, il portait de petites lunettes rondes posées sur son nez.

«  Pourquoi ne sont-ils pas tous aussi mignon que Nigel ? grimaça Lyra.

- Je le connais, murmura Céleste perdu dans ses pensées.

- Ah oui ? »

Céleste se demanda ce qu’elle pouvait dire sans compromettre son identité.

« Il est l’ancien archimage du royaume de Nyxeria. Il est extrêmement respecté et a contribué à plusieurs travaux académiques sur la magie avancée. Il y a quelques années, il était le mentor de l’héritier de Nyxeria, intervint une petite blonde, qui semblait avoir trois ans de moins qu’elles.

- Wow, tu en sais des choses !

- Je m’appelle Lyanna, se présenta-t-elle. Je vis à Nyxeria depuis mon enfance, donc je connais ce genre de trucs. »

Céleste observait le professeur, le cœur battant. Elle l’avait déjà aperçu quelques fois lorsqu’elle était avec Kelian, et il avait été invité au château à plusieurs reprises. Une crispation l’envahit à cette pensée ; elle se disait que sa couverture allait être grillée, c’était sûr. Mais en croisant le regard du professeur, elle ne remarqua aucune surprise ni curiosité à son égard, comme si elle n’était qu’une élève ordinaire effectuant sa rentrée. Peut-être cachait-il bien son jeu, ou alors quelque chose n’allait pas. C’était étrange que personne ne se soit encore rendu compte de qui elle était, malgré son statut d’héritière de Netheris.

« Bonjour, bienvenue dans le cours d’introduction à la magie. Prenez place où vous voulez. »

Les tables étaient individuelles, disposées avec un certain écart entre elles. Céleste s’installa à côté d’une des immenses fenêtres. Lyra avait pris place devant elle, et Raven s’était installé au premier rang.

«Je suis le professeur Lucien Greyhart, j’enseigne l’introduction à la magie qui fait partie d’un ensemble plus vaste, appelé la maîtrise des fondements magiques. Vous êtes au premier palier », poursuivit-il en ajustant ses lunettes.

L’attitude du professeur était froide, ses traits marqués et sa mine pâle. Céleste se souvenait pourtant d’un homme plus fougueux, passionné par son travail.

«  Mes cours sont théoriques, donc vous n’avez pas besoin de votre magie dans ma classe. Pendant le premier semestre, je vais vous enseigner les bases de la magie, son histoire et ses différentes formes. Maintenant, prenez votre livre de cours : Les Bases du Mystère Arcane. »

Les étudiants ouvrirent le manuel épais, relié en cuir violet orné de gravures noires. En l’ouvrant, les pages dégageaient une odeur d’encre ancienne et de parchemin vieilli. Les illustrations, montraient des diagrammes et des symboles, expliquant les concepts essentiels de la magie : le flux des énergies, les runes de protection, et l’histoire des premières civilisations magiques.

La première partie du livre contenait une introduction aux différents types de magie — élémentaire, céleste, spirituelle — ainsi qu’aux fondements de l’apprentissage magique. Céleste feuilleta les pages avec curiosité, à l’affut de toute informations qui pourraient l’aider dans ses plans.

« Ce cours n’est pas simplement une introduction aux sortilèges et aux incantations. C’est la porte d’accès à une compréhension profonde des forces qui régissent notre monde. La magie est partout : dans l’air que vous respirez, dans la terre que vous foulez, et surtout dans l’essence même de qui vous êtes », expliqua Maître Greyhart d’une voix posée.