Fyctia

Céleste n'était pas terrifiée, loin de là. Elle était une bombe à retardement, prête à exploser à tout moment, contrairement à ce que Dimitri semblait penser d'elle. La seule chose qui l'empêchait de céder et de laisser son pouvoir réduire ce monde en cendres était la marque gravée sur son poignet. Elle ne reconnaissait plus ce monde, autrefois le sien. Maintenant, elle se retrouvait entourée de siphons, ces êtres abjects qui avaient contribué au soulèvement et au renversement du pouvoir. Elle, une princesse, se retrouvait réduite à se cacher parmi une poignée d'élèves qui espéraient développer un pouvoir qui ne leur appartenait même pas.

Cette école était une absurdité. Les âges des élèves différaient sur une même promo, révélant la bêtise de cette organisation. Et pour cause, les siphons pouvaient commencer à absorber la magie vers l'âge de douze ans, mais les capacités de siphonnage étaient si particulières que certains ne développaient leur pouvoir qu'à treize ou quatorze ans, voire jamais, se contentant de ne pouvoir absorber que des bribes d'énergie insignifiantes.

Dans son temps, les écoles de magie étaient structurées par royaume, chaque élément enseigné par des professionnels aguerris. Ici, elle ignorait tout des compétences réelles de la directrice et des professeurs. Comment pouvaient-ils prétendre enseigner quoi que ce soit d'utile ? Des siphons dans une école de magie... Cela n'avait aucun sens pour la Fille de la Lumière.

Non, ce n'était pas la peur qui coulait dans les veines de Céleste, mais une colère sourde qui grondait en elle, se déversant lentement dans chaque fibre de son être. Son sauveur aux cheveux d'argent l'avait laissée au milieu des élèves de première année alors que la cérémonie commençait. Bien qu'elle le considérait comme son sauveur, en cet instant précis, elle le haïssait pour lui imposer cette épreuve après tout ce qu'elle avait enduré.

La mélodie changea, et Céleste serra la mâchoire, une tension visible dans chaque ligne de son visage. Elle n'appréciait pas cette nouvelle harmonie, mais en réalité, elle ne semblait rien apprécier du tout. Tout autour d'elle l'irritait, du moindre son aux voix des autres élèves, en passant par leur simple présence. Ses yeux restaient fixés sur Dimitri, comme s'il était la seule bouée qui l'empêchait de sombrer dans les abysses de son désespoir.

Soudain, la musique s'atténua, les voix se turent, et tous les regards se tournèrent vers la directrice qui montait lentement sur un podium de marbre blanc, brillant sous la lumière des chandelles enchantées. Devant elle, en contrebas, se dressaient sept grands cristaux, chacun d'une taille imposante, scintillant d'une lueur mystérieuse.

« Je vous souhaite la bienvenue à l'école de Nyxeria, » déclara la directrice d'une voix claire et autoritaire qui résonna dans tout le hall. « Vous êtes ici pour développer vos capacités, découvrir votre élément, et servir les Sept Royaumes en aidant à maintenir l'équilibre. Lors de cette cérémonie, les nouveaux arrivants passeront devant les sept cristaux. Celui qui représente votre élément s'illuminera, et vous devrez y mêler votre sang pour créer le lien. Ainsi, votre pouvoir de siphonnage absorbera continuellement la magie, vous offrant un accès direct au pouvoir brut. »

Céleste se figea à ces mots, son esprit cherchant frénétiquement à comprendre leur signification. Les siphons avaient donc accès au pouvoir brut ? Et ils se liaient à ce pouvoir par le sang ? Comment cela était-il possible ?

Elle sentit un pouvoir glisser sur elle. Les barrières des personnes dotées du pouvoir brut étaient réputées impénétrables, mais après ses trois années de coma, la blonde se rendit compte que les siennes étaient désormais beaucoup plus fragiles.

Une présence cherchait à pénétrer son esprit avec une pression légère mais insistante, comme un souffle froid contre sa conscience. C’était Dimitri, elle le sentait et pour une raison qu'elle ne s'expliquait pas, elle le laissa faire.

Regarde-moi.

Elle se tourna vers Dimitri, comment pouvait elle l'entendre ? est ce qu'il était affilié au pouvoir de l'esprit ? Dimitri était assis sur un rocher plus loin, entre ses bras il y avait une fille surement sa petit ami, il lui caressa doucement le bras.

Jusqu'au couché du soleil.

Ses mots résonnent dans son esprit comme pour la rassuré qui lui expliquerait tout plus tard. Mais ce qu'il était capable de faire dans son esprit lui faisait se posé plus de questions qu'avant.

Céleste avait perdu le fil du discours de la directrice, ses pensées se dispersaient comme des feuilles emportées par le vent. Elle essayait de se reconcentrer, mais c'était une tâche ardue, surtout avec la sensation persistante que Dimitri observait la scène à travers ses propres yeux.

« Nous procédons par royaume », disait la directrice, sa voix résonnant avec une autorité tranquille. « Rassurez-vous, il se peut que votre élément ne corresponde pas à celui de votre royaume d'origine. C'est naturel, car dans vos lignées, certains de vos ancêtres ont peut-être navigué entre les royaumes. Ne soyez donc pas déçus. Vous êtes tous destinés à devenir quelqu’un d’important, peu importe le pouvoir que vous posséderez. Ce qui compte, c’est la maîtrise. »

La jeune blonde détourna son attention des paroles de la directrice, qui semblaient glisser sur elle sans laisser de trace. Elle se focalisa plutôt sur les sept grands cristaux devant elle, fascinée par leur beauté envoûtante. Leur base était d’un rouge profond, presque sanglant, qui se dégradait délicatement vers les couleurs des sept éléments.

Le premier cristal était d’un jaune éclatant, doré, certainement lié à la Lumière, son élément.

Le deuxième, d’un bleu pur, symbolisait l’Eau.

Le troisième, d’un vert profond, représentait la Terre.

Le quatrième, blanc et éthéré, incarnait le Vent.

Le cinquième, d’un orange vibrant, évoquait le Feu.

Le sixième, d’un violet mystérieux, était celui de l’Esprit.

Et le dernier… un noir profond comme une nuit sans étoiles, appartenait aux Ombres.

Céleste sentait son pouvoir s'agiter, roulant dans ses veines comme une tempête prête à éclater. La pression montait, menaçant de la submerger au milieu de cette foule. Ses pensées s'embrouillaient, se perdant dans un tourbillon de questions sans réponses. Ses parents étaient-ils encore en vie ? Qu'est-ce que tout cela signifiait ? Pourquoi n'y avait-il que des siphons ici ? Où étaient passés les détenteurs du pouvoir brut ? Pourquoi tout semblait-il si confus, si étranger ?

Pourquoi… pourquoi… pourquoi ?

Le monde autour d'elle semblait vaciller, se dérober sous ses pieds. Était-elle vraiment éveillée ?

Céleste.

La voix résonna dans son esprit, douce mais insidieuse. Dimitri l'appelait, essayant de la ramener à la réalité. Mais la peur avait déjà pris le contrôle. Un mur d'angoisse s’éleva, repoussant violemment son esprit.

Là, elle avait peur.