Fyctia
Chapitre 2.2
Je sais pourquoi il est là.
Mon heure a sonné.
Malgré toute la volonté du monde, je n’arrive pas à empêcher le frisson glacé qui remonte le long de ma colonne.
— Ma reine ? Vos dames vous attendent pour débuter la cérémonie.
Encore une autre exigence de l’usurpateur.
Comme si me prendre pour épouse n’était pas déjà une épreuve difficile à supporter, il m’a forcé à me coltiner trois pimbêches babillantes, dès que j’ai quitté le bateau.
Des filles de bonne famille, qu’il avait « sélectionné » rien que pour moi et le grand jour. Un ricanement nasal manque de m’échapper.
Pour moi, la bonne blague !
Ces mégères sont aussi fausses que mère. De leurs faces trop poudrées, à leurs poitrines remontées, elles ne sont là que pour donner le change.
Des accessoires qui parlent avec une voix haut perchée, glousse à la manière un troupeau de dinde, et font exactement ce qu’on leur dit.
Rester à leur côté est un calvaire de plus que je dois subir pour atteindre mon but ultime.
— Ma reine ?
L'intonation grave du garde me fait retomber sur terre. Postée à mes côtés, mère m’offre un regard courroucé qui me donne la chair de poule.
Lentement, je hoche la tête en direction de l’homme et fais un pas quand mère m’arrête.
Son visage est toujours faussement doux. Bien malgré moi, l’enfant en moi voit son cœur se serrer. Tant de fois j’ai prié pour qu’elle m'observe de cette façon.
Comme une mère aimante le ferait. Tant de fois, j’ai été déçue.
À présent, la douleur n’est plus qu’un minuscule pic familier qui me rappelle à quel point elle me déteste.
Mère soutient mon regard, et d’une moue dégoûtée, elle se penche vers moi pour m’attirer dans ses bras.
L’étreinte a un avant-gout de trahison, un avant-gout de ce qu’il m’attendra ce soir, dans la chambre royale : de la froideur, de la rage, de la souffrance et de la haine.
— Souviens-toi de ce que je t’ai dit, siffle mère, en me relâchant.
Je ne bronche pas.
Ma tête amorce un mouvement, sans que je le contrôle. Mère aime qu’on lui réponde, sans tarder. Je l’ai appris à la dure et même si parfois, j’apprécie de la tourmenter, ce n’est pas le moment.
Je la sens sur la corde raide, à deux doigts de tanguer dans le vide. Le sentiment de joie que ça m’apporte parviendrait presque à chasser l’horrible vérité.
Le visage dénué de toute émotion, je m’avance jusqu’au garde blond.
Mes nerfs sont à vif et tout mon être me supplie de mettre fin à cette mascarade, de retirer cette robe qui pèse une demi-tonne et de piétiner ses stupides bijoux qui me piquent les seins.
Une partie de moi meurt d’envie de le faire.
D’envoyer aux orties tout ce que pourquoi même je suis née, tandis que l’autre, celle qui est fidèle au Sopreti m’empêche de courber l’échine devant Ad’Harc Torry, le grand usurpateur.
Quand bien même je dois y laisser ma vie.
Ou bien mon cœur.
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Lexa Reverse
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Il y a 3 ans
Kathleenm
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Il y a 3 ans
Fati-titi
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Il y a 3 ans