Fyctia
Chapitre 22 2/2
— Regardez qui j’ai trouvé en bas!
Julien, tout sourire, entre dans l'appartement, les bras chargés de viennoiseries, suivi par Judith qui tire une tronche à faire peur, mais étire tout de même ses lèvres en me voyant arriver vers elle.
L’odeur qui se dégage du sac réveille mon estomac qui se manifeste par un grondement que je tente d’ignorer.
— Tout va bien? je lui demande mais le coloc de Stan nous coupe.
— Vous restez pour le p’tit dej les filles?
— Désolé Julien mais mon père nous attend, je regarde ma montre, et nous sommes déjà en retard. Mais une prochaine fois promis.
— Ou pas, murmure Judith si bas que je suis la seule à entendre.
Je la regarde surprise et vole un baiser à mon beau brun en lui proposant de le rappeler plus tard. Ma meilleure amie les salue et nous les quittons au pas de course. Ne pouvant résister, je chipe un croissant dans le sac sous les protestations de Julien, faussement ennuyé.
— Hey, voleuse! Fallait rester si tu en voulais..
Mais je claque déjà la porte en riant aux éclats, la bouche pleine du morceau que je viens de croquer, ne lui laissant pas le loisir de me charrier d'avantage.
Le cœur léger, comme libérée d’un poids, j’attrape le bras de mon amie et pose ma tête sur son épaule en rejoignant sa voiture.
— J’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on ne s’est pas vue.. en dehors du boulot ou sans nos copains.
— Ah donc maintenant Stanley est ton copain? Je veux dire, officiellement.
— Yep! je sautille presque sur place.
— C’est vraiment cool, tu as l’air tellement heureuse ma chérie, je suis contente pour toi.
— Je le suis, oui! Et toi alors.. ça va avec Pédro? Il..est..un peu…hum comment dire..
— Directif? Oui, c’est vrai, mais il n’a pas eu un passé simple donc il a du mal à ne pas avoir le contrôle, mais c’est un chouette type. Il fait tout pour que je sois heureuse.
Elle m’explique sa façon d’être sur le trajet menant chez mon père pendant que je me contorsionne pour enfiler ma robe sans me mettre totalement nue en plein jour. Elle s’exprime avec les larmes au bord des yeux. J’ai du mal à croire qu’elle soit vraiment heureuse comme elle prétend l’être. Je tente de lui expliquer mon ressenti. Je la trouve de plus en plus éteinte, fermée, mais elle m’assure que cela n’a rien à voir avec lui mais avec le boulot qu’elle a de plus en plus de mal à assurer seule.
— Est-ce que tu l’aimes Judith?
— C’est encore trop tôt pour le dire Ana.. on apprend à se connaître. Mais arrêtons de parler de ça, hein et parlons plutôt du meilleur pote de ton mec qui se prend pour un dieu.
Je ne retiens pas mon fou rire à l’évocation de Julien. J’ai bien remarqué que sa présence tout à l’heure l’a perturbé. J’aimerai continuer de parler de son copain et de la manière qu’il a de se comporter mais je ne veux pas la froisser donc je n’insiste pas plus, pour le moment.
— Que s’est-il passé pour que tu sois remontée contre lui? Si je me souviens bien, lors de notre soirée au “The First” vous avez bien rigolé.
— Ouais, enfin j’avais quinze grammes, il avait l’air sympa de prime abord, et je pensais sincèrement qu’il plaisantait concernant le fait d’enchainer les femmes. En l'occurrence, non! Il les additionne sans aucune retenue.
— C’est toi qui dit ça!
— Bah quoi?
— Non mais Ju’, tu as un carnet ou tu notes toutes tes conquêtes, que tu ne te gênes pas pour “enchaîner” toi aussi, je reprends ces termes sans pouvoir m'empêcher de rire.
C’est l'hôpital qui se fout de la charité!
— Moi, c’est pas pareil!
Elle claque sa portière, tape du pied et affiche sa mine boudeuse en descendant de la voiture. Mon père, à qui j’ai envoyé un message pour le prévenir de notre arrivée, se tient sur le seuil de sa maison. Les poings sur les hanches, il rouspète. On sait très bien que c’est juste pour la forme. Nous ne sommes pas très souvent à l’heure, donc il a l’habitude.
— Ah vous voilà enfin! Vous n’avez pas honte de faire attendre une vieille personne?
On échange un regard complice avec Judith et ne tentons même pas de cacher notre sourire.
— Vieille personne, quand ça t’arrange! Salut papou, le salue mon amie en l’embrassant sur la joue rapidement et le contourne pour entrer.
— Coucou papa! Tu vas bien? Je lui donne un baiser à mon tour et le suis dans la maison.
De plein pied, elle offre de nombreux avantages, notamment celui d’avoir un grand terrain. J’ai toujours vécu ici et la décoration n’a pas vraiment changé. À L’extérieur, le crépi blanc ne l’est plus vraiment à cause du temps qui passe. Les volets sont toujours bleus, il les peint régulièrement car ils vieillissent moins bien, mais il sait en prendre soin.
À l’intérieur, l’entrée donne sur un vaste séjour dans lequel nous avons fait tomber le mur de la cuisine pour agrandir la pièce et apporter de la modernité. Les murs sont de la même teinte crème qu'au début et les meubles en bois massifs prennent énormément de place. À plusieurs reprises, nous avons tenté de les lui faire changer mais il viennent de la famille, donc il n’a pas le cœur à s’en séparer. Heureusement, la large baie vitrée apporte beaucoup de luminosité à la pièce de vie. Nous nous y installons, à l’ombre de la pergola, récemment installée.
— Ça irait mieux si mes filles étaient à l’heure! Je vais devoir refaire des braises pour le barbecue pour que la viande soit cuite parfaitement. Vous savez, le bar..
— Barbecue c’est sacré! répétons en cœur.
Nous le laissons s’occuper de la cuisson du bœuf et reprenons notre conversation.
— Explique-moi donc en quoi ton comportement et celui de Julien sont différents?
— Tu te fout de moi Ana? Il se sert des filles pour assouvir ses besoins sexuels. Nous les femmes, ne sommes que des morceaux de viande pour lui qu’il jette à sa guise. Il ne se pose pas la question de savoir s’il les blesse ou pas.
— Hum, hum et toi tu..
— Moi, je cherche l’amour!
Elle déclare ça tout naturellement d’une voix un peu trop forte puisque mon paternel se retourne en fronçant les sourcils. La fumée qui s'échappe de la cuve dégage une odeur de charbon significative. Nul doute que la viande en aura le fumet. C’est pour cette raison que mon père préfère cette méthode à celle du gaz ou de l’électrique. Pour lui, un barbecue n’en est pas vraiment un s’il n’y a pas cette fragrance particulière qui parfume la barbaque.
— Tous les mecs que je côtoie, car évidemment maintenant il n’y a que Pedro, savent dans quoi ils s’embarquent. Je ne leur promets pas la lune. Et si ça colle au lit, on envisage la suite, hors de question de faire ma vie avec un homme avec qui ça ne match pas sexuellement.
— Chut parle moins fort, je chuchote en pointant de la tête le chef cuistot du jour, sinon tu vas devoir lui expliquer pourquoi tu as un carnet dans lequel tu donnes des notes et appréciations à tous tes plans culs.
Nous éclatons de rire et c’est avec une complicité retrouvée que nous passons une super après-midi.
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Salma Rose
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Zatiak
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Laetitia B
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Ally P
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Vana Aim
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