Fyctia

Dans un mouvement souple et rapide, Ana se retrouve nue. Elle me prend la protection des mains et, tout en gardant ses yeux rivés aux miens, elle m’équipe et s’empale sur mon membre, durci par l’excitation, dans une lenteur exagérée, m’obligeant à pousser un râle de plaisir. La sentir serrée autour de moi et la sensation la plus exquise qu’il m'ait été donné de goûter. Je ne pourrai jamais m’en lasser.

Elle entreprend des va-et-vient, de plus en plus fort, de plus en plus vite, nous procurant gémissements et souffles saccadés. La voir s’abandonner sous mes baisers et mes caresses fait monter mon excitation au plus haut niveau.

Tout à coup, sans prévenir, je la bascule pour être au-dessus d’elle. Je veux la mener à l’orgasme et observer l’expression de son visage quand elle atteindra le plaisir ultime. Mes coups de reins sont puissants, traduisant l’urgence de mon désir. Ses geignements se transforment en cris qu’elle tente de cacher en mordant mon épaule. Je m’écarte légèrement car je veux entendre sa jouissance.

À cet instant, je me fou que Julien puisse nous entendre, je ne pense qu’à notre besoin primitif de nous unir dans le plaisir. Je l’embrasse à pleine bouche, ma langue menant la danse. Tout en maintenant ses poignets au-dessus de sa tête d’une main, l’autre descend le long de son cou pour venir titiller son téton. Elle halète et me supplie de la soulager. J’appuie mon bassin pour que mes mouvements de hanches appuient sur son clitoris. Son corps frissonne de plaisir, ces multiples stimulations lui font atteindre la jouissance dans un cri ultime et je la suis ne retenant pas mon exaltation dans un souffle.

Le silence nous englobe et seules nos respirations, encore haletantes, traduisent notre état d’éveil. Sa tête repose sur mon torse, ses doigts suivent le tracé de mes tatouages sur mes bras.

— Qu’est-ce qu’ils signifient? demande-t-elle, rompant le silence.

— Lesquels? Ils y en à tellement. Certains ont une signification particulière, d’autres sont juste là parce que je les trouvais sympa.

— Celui-ci, elle désigne le loup sur un bouclier encerclé de runes.

— Le loup a toujours été un animal qui me fascine. Petit, mes parents m’ont mené dans une réserve en montagne où vivaient une meute de loups. J’ai beaucoup appris sur eux et leur fonctionnement, notamment qu’ils sont dotés d’une force et d’un courage redoutable à toutes épreuves du fait de leur condition de prédateurs et de leur capacité à survivre dans des conditions extrêmes. Plus tard, en m'intéressant aux mythes viking, j’y ai retrouvé cette signification. Le loup représente à la fois, la force, le courage mais aussi la puissance et la liberté. Le bouclier et les runes renforcent cette symbolique. Je l’ai fait faire dès que j’en ai eu l’âge. Charlotte était encore en apprentissage donc elle a travaillé dessus avec son professeur.

Lorsque je finis ma tirade, je pense que le sommeil a englouti Ana mais elle réagit en embrassant mon bras.

— Il est magnifique et je te connais un peu mieux maintenant pour dire qu’il te correspond parfaitement. Fort, indépendant et courageux. Ils sont tous l'œuvre de Charlotte?

— Non, certains ont été réalisés en Australie.

— Celui-ci?

Elle désigne le plus récent en caressant le relief du dessin pas tout à fait cicatrisé.

— Oui, il est récent comme tu peux le sentir.

— Il est original. Tu mélange deux styles complètement différents. La jante de voiture, je devine facilement pourquoi mais la boussole en revanche, je sèche.

— En tatouage, elle symbolise le chemin de vie que l’on prend. Ici, incrustée dans la jante, elle me rappelle ce pourquoi je suis fait. Ce pourquoi j’avance.

Elle prend le temps d’enregistrer mes paroles en silence. Puis, elle se redresse, de façon à ce qu’on soit face à face. Une lueur de peur traverse son regard et elle baisse les yeux quand elle ose me poser cette question qui semble la mettre mal à l’aise.

— Ton ancienne vie, ton ancienne copine, les courses, tout ça, ça ne te manque pas? Ta vie d’aujourd’hui paraît tellement à l’opposé de ce que tu vivais, il y a encore quelques mois.

— Pourquoi ça me manquerait? Son visage toujours baissé, je soulève délicatement son menton du bout de mes doigts, de sorte à ce qu'elle me regarde. J’ai tout ce qu’il me faut ici. J’ai ma famille, mes meilleurs potes, un boulot qui me passionne et dans lequel je m’épanouit. Bientôt, j’aurai même un nouvel appartement. Enfin, J’espère être sur la bonne voie pour avoir la seule chose qui me manque…

Je laisse volontairement en suspens la fin de ma phrase tout en caressant sa joue du revers de ma main. Je sens qu'elle devine où je veux en venir, son regard défiant le mien.

— Ah oui.. et c’est quoi cette chose qui te manque?

— Toi!

Je ne dis rien de plus, laissant mes gestes exprimer ce que mes mots ne peuvent pas. Ma main se pose derrière sa nuque, l'attirant vers moi, jusqu'à ce que ses lèvres rencontrent les miennes. Et c'est alors que mon corps prend le relais, communiquant tout ce que je ressens sans avoir besoin de mots.

Cette fois, je prends tout mon temps pour lui faire l’amour, pour l’explorer. La nuit est plus qu’avancée, mais peu m’importe. Un besoin profond et viscéral m’envahit, celui de la découvrir dans toute son entièreté.

Je désire chaque baiser, chaque caresse qu'elle m'offre, comme si le temps suspendait sa course pour nous. Ce mélange de tendresse et de volupté me transporte, et je souhaiterais que ce moment devienne éternité. Entre ses bras, tout semble possible, même l'idée d'un avenir serein auquel je n'osais plus croire. Il pourrait m'arriver n'importe quoi, je le sais. Mais avec elle, je me sens invincible, prêt à tout affronter.

Pourtant, une vague de sentiments m'envahit, me submerge, me déstabilise. C'est trop tôt. Trop tôt pour déjà les laisser éclore, et encore plus tôt pour le lui avouer.

Elle prendrait la fuite à coup sûr!

Alors, je les refoule. Je les enferme dans un coin de mon esprit, où ils ne pourront pas troubler l'instant présent. Je me concentre sur ce que nos corps réclament, dans l'urgence et l'évidence du moment. Le plaisir, à l’état pur.

Quand j'ouvre les yeux après une nuit courte mais délicieuse, Ana dort encore profondément. Je prends un instant pour la contempler. Ses cheveux, blonds comme les blés, éparpillés sur l'oreiller forment une couronne désordonnée autour de sa tête. Ses traits délicats, empreints de douceur, suggèrent un abandon total.

J’ignore si elle continue à faire des cauchemars, mais cette nuit, aucun n’est venu troubler son sommeil. Je sais que je devrais la laisser se reposer, elle en a besoin, mais je ne contrôle pas mes doigts qui foncent sur son visage pour en caresser sa peau douce.