Fyctia

J'ai les nerfs à vif et j'aimerais plutôt lui broyer sa main plutôt que de la lui serrer.

Cependant, je me reprends pour ne pas éveiller les soupçons de mon géniteur.

Je prends ses doigts et les empoigne fermement tout en lui lançant un regard noir. Je veux qu'il comprenne la colère dans laquelle je me trouve.

Je n'arrive pas à croire que je me sois encore fait rouler par un arriviste. J'ai rien vu venir. Comment j'ai pu être aussi naïve bordel!

Son regard semble perplexe mais mon père enchaîne n'ayant pas conscience de ce qu'il vient de déclencher.

Tu pourrais tout révéler et le tout sera joué, plus de mécano!

- Ana, ce jeune homme a d'excellentes compétences en mécanique et une très bonne expérience de conduite,m’indique t-il avec un clin d'œil vers mon nouvel ennemi.

Non mais j'y crois pas, il l'a déjà à la botte.

- Oui enfin c'est pas le seul, je réponds acerbe.

- Fais moi confiance, c'est l'homme qu'il nous faut, reprend-il, écoute ce qu'il a à nous dire.

- Très bien, Monsieur Levis je suis toute ouïe, je le mets au défi.

Pendant dix minutes il nous explique qu'il a obtenu ces diplômes dans les meilleures écoles de France qu'il s'est perfectionné dans de grandes maisons en Australie.

Je ne peux que constater qu'il a en effet le profil idéal pour le poste. La passion s'entend dans sa voix, il est animé par ce qu'il raconte et mon père n'en perd pas une miette, absorbé par son discours . Cela me donne encore plus envie de l'étriper, car je sais que je ne vais pas avoir d'autres choix que de travailler avec lui.

Durant toute sa tirade, il me fixe du regard, n’accordant que peu d’attention envers son potentiel futur patron. Mais après tout c’est moi qu’il doit convaincre. Pourtant, j’ai cette étrange sensation qu’il n’est pas tout à fait honnête avec nous concernant son dernier emploi.

- Pourquoi avoir quitter l’Australie Monsieur Levis, le questionné-je

- Vous pouvez m’appeler Stanley.

- Monsieur Levis sera très bien pour le moment, insisté-je.

- Peu importe, nous coupe mon traître de père, aujourd’hui il est devant nous c’est ce qui importe. J’ai fait préparer un contrat, il tend à Stanley un paquet de feuille, je vous laisse en prendre note, notamment pour ce qui est du salaire et revenez vers moi rapidement.

- Ce ne sera pas nécessaire, intervient ce dernier en consultant rapidement le document, c’est bon pour moi.

Tous deux me regardent, attendant ma réaction. Que pourrais-je dire? Non je ne veux pas qu’il travaille pour nous car j’ai couché avec?! Je hoche la tête en guise d’accord.

- C’est parfait! mon père lui tend une poignée de main, bienvenue dans l’équipe! Ana va vous présenter au reste des employés, vous avez déjà vu Judith à l’accueil, et vous faire un rapide tour de la maison.

Puis il s’adresse à moi. Je me contiens, mais à l’intérieur, je fulmine.

- Réunion d’équipe dans une heure. Stanley je me doute que vous n’avez peut-être pas la possibilité de commencer aujourd’hui, mais si vous pouvez être présent ça sera parfait, sinon nous vous ferons un récapitulatif.

- Je peux commencer dès maintenant Monsieur Silas, je dois juste me rendre en fin de journée dans la zone commerciale pour acheter une voiture.

- Ok parfait! Je vous donnerais une adresse, vous direz que vous venez de notre part. Je vous laisse, j’ai une tonne de coups de fils à passer, termine t-il l’air soucieux.

Mon nouveau collègue s'est levé pour saluer notre patron et me regarde d'un air confiant. Quand la porte se ferme sur ce dernier, il entreprend une discussion. Mais il n'a pas le temps d'en placer une que je réagis.

- C'est bon? Tu es content, tu as obtenu ce que tu voulais, fulminé-je.

- Non mais de quoi tu parles? Tu penses que je me suis servi de toi pour obtenir le poste?

- Avoue que c'est quand même une drôle de coïncidence? Rétorqué-je. Tu n'as pas abordé le sujet samedi soir pourtant, ajouté-je d’un ton accusateur.

- Oh mais toi non plus! Je te rappelle que tu as été très évasive sur ton travail.

- C'est justement pour ce genre de situation que je ne dis rien sur ce que je fais.

- Et bien ça vaut ce que ça vaut mais je n'étais pas au courant que je serais potentiellement ton collègue, sinon je ne t'aurais pas invité chez moi, affirme t-il l’air sincère.

J'avoue ne pas savoir comment réagir, mais sa réplique suivante fait remonter la tension.

- Si tu le permets, j'ai bien l'impression que mon sort était déjà jeté. Ton père avait fait son choix!

- Tu aurai du dire non, bougonné-je

- Oh et j'aurai dit quoi? Excusez moi Monsieur, je dois refuser le seul emploi qu'on me propose depuis un moment parce qu'il y a encore quelques heures, je tringlais votre fille dans ma douche!

Je n'ai pas les mots, il m'irrite autant qu'il m'attire.

Je l'invite à me suivre sans rien ajouter et lui montre l'infrastructure dans laquelle il va évoluer à présent. Nous passons devant le poste d'accueil de ma meilleure amie qui me fait de gros yeux, et nous nous dirigeons vers les paddocks où se trouvent la partie garage et par conséquent son lieu principal de travail. En m'arrangeant bien, je pourrais l'éviter au maximum.

Tu as raison, laisse la tentation loin de nous!

Je l'observe détailler le matériel mis à disposition et son nouveau poste de travail. La chemise blanche qu'il porte et qu'il a replié au niveau des coudes laisse apparaître ses avant-bras bras musclés recouvert d'encre. Lorsqu'il se présente à Fred et Jeff, je le vois tiquer sur ce dernier quand il s'avance vers moi.

- Ana, salut. S'approche Jeff pour m'enlacer. Je voulais te voir concernant les messages.. mais je n'entends pas vraiment ce qu'il me raconte, trop occupée à regarder Stan discuter avec le mécanicien sur le départ tout en me fixant.

Je détourne le regard et le reporte sur mon admirateur.

- Excuse-moi Jeff, tu disais?

Il n'est pas dupe et ses yeux font des allers retours entre son nouveau collègue et moi évaluant la situation.

- Je suis désolé, j'avais bu, je sais pas ce qu'il m'a pris, commence t-il penaud. Tu voudrais bien accepter que je t'invite à dîner pour me faire pardonner? Il me questionne tandis que Stan revient vers nous.

- Écoute, je réponds, mal à l'aise d'avoir des spectateurs. Tu sais ce que je pense d'une relation au travail, c'est une très mauvaise idée. Je suis désolée Jeff, je t’apprécie beaucoup mais en tant qu’ami seulement. J'argumente tout en lançant un regard vers Stanley pour qu'il capte le message également.