Fyctia
5. Felin
— Je vais réfléchir papa. Je fais tout pour vous, mais je veux aussi rester auprès de vous. Je n’ai pas la moindre idée de comment ça se passe.
— Tu es courageux, mon fils.
Mon père attrape ma tête pour déposer un baiser sur mes cheveux. Je sens sa tristesse m’envahir aussi sec. Alors, tout de suite, je le prends dans mes bras.
— Je t’aime quoique tu fasses, Felin. Tu sais que je n’ai aucune envie que l’un de mes enfants risque sa vie. Mais je pense à votre mère.
— Je pense aussi à maman, papa.
Je l’entends souffler rapidement avant de rompre notre contact. En un coup d’oeil, je lui demande si maman se sent bien et si je peux rentrer lui dire quelques mots. Il baisse les yeux, et fixe ses mains sur mes épaules.
— Elle est très fatiguée. Sa mémoire semble lui jouer des tours et son corps aussi. Je crois que pour l’instant, elle a besoin de repos, seule.
Au fond de moi, je sens plein de petites piques venir me trouer le cœur, mais je ne montre rien à mon père. D’ailleurs, lui aussi, ne montre presque rien. Seulement, ce n’est qu’une façade. Je le connais par cœur, et je sais qu’il est abattu et qu’il ne sait pas quoi faire pour l’instant pour sauver l’amour de sa vie.
De plus en plus, je repense à ces épreuves, cette quête et cette légende. Puis, le visage raffiné et la douce voix de Khaleesi me reviennent en mémoire. Je crois qu’ils vont me hanter cette nuit, se superposant sur mes inquiétudes face à ce qui se passe dans ma vie personnelle.
Je hoche tranquillement la tête, puis je rejoins mes sœurs. Je me force à leur sourire pour atténuer la vérité et le coup de massue que je viens de me prendre en plein visage. Halia et Camélia, me sourient à leur tour. Sur le moment, je me sens mieux. Rien que de voir leurs visages plus frais et plus enthousiastes, me réchauffe le cœur.
Avant de me mettre à la cuisine, je sors dehors, dans notre petit jardin. Il est légèrement petit pour cinq enfants, mais apparemment, il nous a suffit à tous depuis tout ce temps. Je souris en voyant mes frères jouer à la balle. Ils rigolent et s’amusent. C’est Yan qui me repère en premier. Son visage s’illumine. Aussitôt Kilon se retourne vers moi. Son expression est neutre, mais je vois dans ses yeux qu’il est heureux de me voir. Comme tous les jours. Kilon a du mal à montrer ses sentiments et je suis d’ailleurs pareil que lui.
— Fe ! s’écrit Yan.
Je le rattrape en vol, lorsqu’il me saute dans les bras. Je le laisse grimper et me déposer un bisou sur la joue. À dix ans, il pèse son poids mais j’adore toujours autant lui faire des câlins.
Je vois Kilon nous observer d'un œil joyeux.
— Hé, chuchote-t-il.
Je lui souris tout en prenant sa main dans la mienne. Toutes ses émotions passent dans ses yeux. Il est enfin content que je sois rentré de mes jours de travaux chez quelques voisins.
Après notre moment familial, je m’affaire dans la cuisine. Une fois, le repas prêt, mes frères et sœurs m’aident à installer la table et faire un petit plateau pour notre mère. C’est mon père qui se charge de l’emmener malgré les protestations des deux plus jeunes de la maison. Ils affichent une moue triste, que je ne tarde pas à rallumer en apportant le plat sur la table. Le dîner se déroule comme d’habitude, entre rire et bavardage.
La nuit tombe vite et il est l’heure du coucher pour les autres enfants. Moi, je sors dehors pour ressentir le vent frais sur ma peau et dans mon cou. Les paroles de mon père trottent dans ma tête et je me demande si je ne vais pas participer à ces épreuves. La somme d’argent d’après lui, est assez conséquente. Mais sauvera-t-elle ma mère ?
C'est une question que je me pose et qui m'est primordiale de me poser. Tout ce qui m'importe, en participant à ces épreuves, c'est la somme d'argent qui aidera à payer un Gagnar. D'autant plus que les consultations, ici, dans notre village, ne sont pas une mince affaire. Olep, l'homme qui a gagné ce nom, est très doué, paraît-il. Mais est-il assez doué pour mettre ma mère hors du danger ? Hors du chemin de la souffrance, de la maladie et de la mort ?
Je passe quelques heures, seul, assis dans la pelouse à ressasser ces mêmes questionnements et paroles, qui tourbillonnent dans ma tête. Pourtant, je n'ai jamais de réponse concrète. Enfin peut-être une seule, qui me paraît aussi ridicule que envisageable. Je ferais tout pour ma famille, pour ceux que j'aime inconditionnellement. Pour voir le sourire sur les visages de mes sœurs et l'air fier dans les yeux de mes frères, ainsi que l'assurance de mon père renaître.
C'est décidé, je participerais et irais m'inscrire dès demain. Peut-être, aurais-je l'occasion de recroiser Khaleesi et sa beauté qui irradie toujours à travers mes rétines.
Secrètement j'espère pouvoir respirer son parfum floral, synonyme que sa présence sera proche. À cette constatation, mon cœur commence son chant frénétique. Je ne saurais dire comment une seule rencontre avec une jeune femme me bouleverse autant, mais je sens que quelque chose s'est passé lors de notre première rencontre. Malgré ma méfiance, au plus profond de mon âme, quelques atomes se sentent attirer comme des aimants, vers le souvenir frais de son doux visage et sa voix mélodieuse.
Légèrement déboussolé, je rentre chez moi pour aller me coucher. Ma détermination est toujours présente en moi et lorsque je m'endors, mes rêves sont peuplés des prochaines épreuves qui m'attendent.
19 commentaires
Véronique Rivat
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Il y a 5 ans
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Il y a 5 ans
Alec Krynn
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Michbonj
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Lissanna
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