Maena Morgan The Christmas nurse Chapitre 9 : Premier jour

Chapitre 9 : Premier jour

_Tu vas passer de bonnes vacances alors, je conclus.


Je suis vraiment contente pour elle. Mais je suis aussi un peu jalouse. C'est mal, hein ? Pourtant, l'idée de me retrouver une fois de plus seule pour Noël alors que tout le monde autour de moi a sa famille... C'est déprimant.


Alors oui, j'ai Gab mais ce n'est pas pareil. Il travaille tout le temps à Noël, pour les mêmes raisons que moi d'ailleurs. Résultat, nous sommes généralement épuisés lorsque nous fêtons Noël ensemble.

J'aurais aimé avoir une famille - ou plutôt une famille normal et aimante - avec qui passer les fêtes. Mais si c'était le cas, je ne connaîtrais pas Gab. Je ne serais aussi sans doute pas infirmière.


Je prétexte avoir quelque chose d'urgent à faire pour partir. Amélie ne le prend pas mal et me fait promettre de l'appeler régulièrement.


Je rentre rapidement et range mes courses. Je suis en train de me finir de mettre à sa place les dosettes de café lorsque mon patient/coloc arrive. Au vu de son apparence débraillée, il doit s'être lever quelques instants plus tôt. Ses cheveux sont en pagaille et il se promène torse nu.


Il est à l'aise, dis donc. En même temps, c'est un peu sa maison. Et ce n'est pas comme si ça te gênait...

Ça, c'est sûr... Comme je l'avais deviné hier, il est sacrément bien foutu. On dirait un athlète. C'est peut-être la sculpture qui muscle autant ? Ouais, enfin, ça se saurait si les artistes ressemblaient à ça... Même ses blessures un peu partout sur le corps n'arrivent pas à l'enlaidir. Au contraire, ça lui donne un air de mauvais garçon dans les films américains...


_Bonjour, souffle-t-il en se dirigeant vers le frigo dont il ouvre la porte.


_Bonjour, bien dormi ?


Il attrape le jus d'orange et se sert un verre.


_Ça va, grâce aux antalgiques.


_Tant mieux. Lorsque vous aurez un moment, je jetterais un coup d'œil à vos blessures.


_Pourquoi pas maintenant ? propose-t-il en s'asseyant face à moi.


_Maintenant ? Je demande, surprise.


_Ouais, autant s'en débarrasser tout de suite.


Je hausse les épaules.


_Si vous voulez. Il faut juste que j'ailles chercher le nécessaire.


Je monte prendre ce dont j'ai besoin et redescends presque aussitôt.


_C'est bon, j'ai tout ce qu'il me faut, j'annonce.


Il hoche la tête et je me place derrière lui.


_Je vais d'abord regarder vos plaies dans le dos.


Les plaies suturées sont bien entretenues, bien que plus nombreuses et nécessitant plus de points de suture que je ne l'aurais pensé. J'enlève les bandages des autres blessures non suturées. Là aussi, aucune trace d'infection. Parfait. Je désinfecte le plus délicatement possible avec de la chlorhexidine. Mon patient/coloc ne bronche pas et se contente de continuer à manger tranquillement.


_C'est bon, j'ai terminé votre dos. Si vous pouvez vous tournez...


Il s'exécute, m'offrant une vue incroyable sur ses tablettes de chocolat. Pas possible qu'il ait ça sans faire de sport...


Je répète ce que j'ai fait dans son dos en silence.


_Vous avez quel âge ?


_Pardon ? Je demande, surprise qu'il prenne la parole.


_Vous avez quel âge, mademoiselle l'infirmière ? Répète-t-il. Vous semblez jeune.


_J'ai 25 ans, pourquoi ?


_Comme on se vouvoie j'avais l'impression que notre écart d'âge était plus important... Mais non, on a seulement 3 ans d'écart.


Et que veut-il que je fasse de cette information ?


_Dois-je considérer ça comme une invitation à vous tutoyer ? Je l'interroge, perplexe.


_Si tu es d'accord, oui.


Il dit ça mais il passe au tutoiement sauf attendre mon avis. Non pas que ça me gêne mais bon.


_Non, ça ne me gêne pas...


_Tant mieux, je déteste vouvoyer quelqu'un.


Ok...


Après ça, il ne me tente plus de faire la conversation et se contente de manger en attendant que je finisse.


_C'est terminé, je déclare au bout d'une dizaine de minutes. Les bandages ne vous... te gênent pas ?


Il se lève et effectue quelques mouvements notamment des rotations des épaules pour tester ses bandages.


_Non, c'est parfait. Merci, mademoiselle l'infirmière.


Il se dirige vers la porte mais je l'arrête.


_Océane.


_Quoi ?


_Mon prénom est Océane, pas l'infirmière ou je ne sais pas trop quoi.


_Océane, répète-t-il.


Mon prénom dans sa bouche me procure un drôle de frisson. La façon dont il le dit... Avec sa voix grave et harmonieuse... N'importe quelle fille serait charmée.


_Hum, c'est joli mais je préfère quand même « mademoiselle l'infirmière », décide-t-il en sortant.


***


PDV Eden


Je sors de la cuisine aussi vite que possible et m'enferme dans ma salle de bain.


Putain...


Je ne comprends pas. Cette femme, Océane, pourquoi me trouble-t-elle ? Rien que son toucher pendant qu'elle désinfectait mes plaies me faisait frissonner. Une chance qu'elle ne l'ai remarqué d'ailleurs...


J'ai déjà été en contact avec des femmes mais aucune de m'a fait cet effet là. Et j'ai beau essayer de l'ignorer, le fait est que, en l'espace de vingt-quatre heures, cette infirmière ne me laisse pas insensible.


Eden Davis, troublé par une femme... Une grande première !


Il faut que je mette de la distance entre elle et moi. Sinon, je sens que je ne vais pas survivre à cette colocation.


Pour ça, il aurait peut-être déjà fallu ne pas lui proposer de se tutoyer...


Si ce n'est pas la preuve que je ne suis pas le même quand elle est là... Qu'est-ce qu'il m'a pris de lui proposer ça ? Certes, je n'aime pas vouvoyer les gens, c'est trop peu naturel pour moi. Mais de là à la tutoyer comme si nous étions amis...


Heureusement, j'ai un peu rattrapé le coup en refusant de l'appeler par son prénom. Océane... Ça lui va bien. Et ça sonne bien quand je le dis. Même un peu trop bien.


Sauf que non. Il faut que j'arrête de penser à elle. D'abord parce que notre relation est purement professionnelle et que je n'ai pas envie de plus. Les femmes ça n'a jamais été mon fort. Au mieux quelques coups d'un soir mais jamais de copine. Jamais. C'est ma règle de base. En plus, il faut que je me concentre sur ma guérison si je veux pouvoir un jour espérer retrouver l'usage de ma main et donc créer à nouveau.


Car oui, vivre sans femme je sais très bien faire mais vivre sans art, ça non. Putain, je ressens déjà une sorte de manque, tel un drogué privé de coke.


Pour me changer les idée, je prends une douche froide. Très froide. Mais nécessaire.

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