Zoé Sonobe (zizogoto) Swipe then match : Love 2.0 Chapitre 31

Chapitre 31

Notre promenade se poursuit, nous avançons et sans m'en rendre compte, nous nous retrouvons sur les quais de la ville. Nos glaces sont terminées et son humeur semble être plus enjouée que lors de notre altercation. Ses excuses avaient l'air sérieuses et franches, mais je ne peux m'empêcher de m'interroger sur son mode de fonctionnement avec moi. Il est aussi con que charmant. Enfin charmant, il ne faut peut-être pas trop pousser... Finalement, l'après-midi se passe plutôt bien. Malgré ma réticence sur ce type et mon dégoût pour ses chantages, je me sens détendue avec lui. Je n'ai pas envie de paraître plus que je ne suis, ni d'ajouter des fioritures, peut-être justement parce que je le déteste.


Je m'arrête, tourne la tête vers la droite et regarde l'eau calme. Rien ne me donne plus envie encore de rester ici sans bouger. L'endroit est magnifique, je l'adore et je pense qu'il faudrait que je vienne beaucoup plus souvent. Cet endroit mérite d'être observé, détaillé du regard sans s'arrêter. Tous les secrets que renferment cet endroit me semblent à porter de main. Entre les amoureux qui s'enlacent, les couples qui se forment, les anciens qui regardent leurs petits-enfants courir, ou encore les jeunes enfants qui apprennent à faire du vélo sans les petites roulettes pour la première fois. Tout est joie. Rien ne semble contredire ce moment présent de pur bonheur.


Mon compagnon détestable ne dit rien et ne bouge pas. Surprise par son silence et son calme, je tourne mon regard vers lui. Il regarde de l'autre côté de notre quai, un peu plus loin. Il semble scotché, arrêté sur un point fixe. Je tente de poser mon regard au même endroit que le sien. La seule chose que je vois est un père avec son fils. Un père qui prend son fils dans ses bras et qui le fait virevolter dans les airs. Les rires et les sons de joie de l'enfant parviennent même à nos oreilles. Je capte à nouveau mon attention sur ce directeur un peu trop connard à mon goût et l'observe.


Ses yeux ne bougent pas, il garde sa cible visuelle dans son cadran et ne semble pas vouloir détacher son regard de celle-ci. Ses sourcils sont légèrement froncés comme si quelque chose le contrariait, voire peut-être juste l'interroger. En baissant ma tête, je remarque que ses doigts sont crispés sur son manteau, ses phalanges qui blanchissent en témoignent. Je relève mon nez vers son visage et me surprends à jauger ses lèvres, légèrement mordus par ces dents absolument immaculées. Est-ce que cet enfant lui fait penser à quelque chose de spécifique ? Est-il contrarié de l'entendre rire ? Pourtant, je n'ai pas l'impression de le sentir énervé. Peut-être que c'est plus profond, ou encore que cet enfant n'a rien avoir avec son état. Il nous arrive bien quelques fois de nous perdre dans nos pensées et que notre vision se brouille pour devenir complètement flou pendant que l'on se remémore certains souvenirs ou que notre réflexion aboutisse à une conclusion.


Ce qui devait finalement arrivé, arriva. En une moitié de seconde, son regard transperce le mien. Mes yeux n'arrivent pas alors à se détacher de cette attraction que me provoque ses iris. J'ai comme l'impression que je pourrai lire en lui grâce à ses pupilles, que les réponses à mes questions se trouvent devant moi. Cependant, c'est comme si un voile, presque opaque se glissait devant elles, m'empêchant de déceler toute forme de vérité sur lui. Il est mystérieux et visiblement, il souhaite le rester.


Il semble s'approcher de moi, de mon visage, mais je n'arrive plus réellement à savoir si ce n'est que fiction provenant de mon incroyable imagination. Sa main se pose sur ma joue, mais c'est comme si elle la frôlait à peine. Je me sens perdue. J'ai l'impression que je ne suis plus maîtresse de mon corps. Comme hypnotisée par ce regard faisant de mon corps, une bûche dans une cheminée en hiver, mes pupilles se précisent sur les siennes sans faire réellement attention à ce qui m'entoure. Ses lèvres s'approchent des miennes et son souffle vient s'écraser sur celles-ci. Ce souffle, est exactement le sort qui m'extirpe de ce drôle de sortilège qui prenait possession de mon regard.


Je me recule automatiquement bien que tendrement. Il semble tout d'abord surpris de mon geste, mais finalement il sourit presque de façon maléfique avant d'éclater de rire. Je ne comprends pas exactement sa réaction mais par un pressentiment, je pense que je risque de ne pas tarder à le savoir. Mon instinct semble avoir eu raison puisqu'il finit par se tordre de rire en se tenant le ventre. Ai-je donc été si drôle ?


— Alors là ! Si je m'y attendais ! Tu es vraiment une fille ! C'est fou ! Bien ensorceleuse, bien manipulatrice. Tu me chauffes avec ton regard de chaton amoureux et tu oses ensuite me repousser au dernier moment ? J'ai l'impression de rêver ! C'est une scène médiocre ! Aussi pourrie que la scène du balcon dans Roméo et Juliette ! Bien cucul à souhait, sauf que pour le coup aucune réciprocité dans l'acte. Tu rêvassais ? Tu as soudainement compris qui j'étais ? Que je n'étais pas ton prince charmant ?


Les larmes commencent à me monter aux yeux. Il me crie dessus. Ses mots semblent blesser à chaque syllabe mes tympans endoloris. Je ne comprends pas pour quoi il s'emporte. Je ne pense pas avoir agi en mal. Il lève les bras en l'air en même temps qu'il crache ses mots monstrueux à mon sujet. Par son comportement, mon corps réagit et je me protège la tête à l'aide mes bras. J'attends plusieurs secondes sans bouger, en me mordant la lèvre. Aucun coup ne vient. Je dégage mes bras et le regarde.


— Je vois. C'est donc ça. Tu me prends pour un connard violent ?


Je ne bouge pas, je ne réponds pas. Je n'ose pas parler. Il semble contrarier d'admettre que je ne nie pas. Bien que ce n'est pas tout à fait ce que je pense de lui. Il est certes un connard, mais je ne le vois pas violent. J'ai simplement pris peur au vu de la situation. Ce n'est pas parce que c'est lui. Voyant que je ne réponds pas, il baisse la tête en relâchant ses bras. Il soupire et en très peu de temps, sa main vient s'abattre sur ma joue. Mes yeux picotent et ma vue se trouble lentement. Ma joue me brûle et ma main la caressent n'y change rien. Je ne pensais pas qu'il aurait fini par me frapper.


Je ne peux pas rester plus longtemps. Il m'en est impossible. Je quitte rapidement les quais en courant. Sans me retourner, je m'engouffre dans une ruelle sans faire attention où je tourne exactement. Je le laisse seul là-bas, au bord des quais et décide de le bloquer. Je ne veux plus avoir à faire à ce type. Je sors mon téléphone portable et entre dans mes contacts. Je glisse mon doigt sur Peter Brook et bloque le numéro. Je fais de même avec le numéro de sa compagnie. Plus jamais, je dis bien PLUS JAMAIS, je ne le reverrai !


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