Fyctia
Chapitre 25
Point de vue de Steeve.
Dans la chambre, en compagnie de la charmante pâtissière.
Je la regarde, habillée dans ma chemise. Elle a oublié de fermer quelques boutons et ceux d'en bas ne le sont absolument pas. Cela me fait chier de l'avouer, mais elle a un corps qui ne me laisse pas de marbre et pourtant, je m'en suis tapée des nanas bien roulées. Je ne sais pas ce qui m'attire chez elle, mais je n'aime pas ça autant que j'en suis accro. Soudain, mon portable sonne. Je soupire faiblement et avance jusqu'à la petite table de nuit où j'avais posé mon cellulaire. Je le prends et regarde le numéro, c'est le cabinet. J'avais pourtant dit de ne m'appeler qu'en cas d'urgence. Pas le choix, je dois y aller. Je me tourne vers elle.
— Je vais prendre le coup de fil. Vous pouvez commander quelque chose en attendant si vous avez besoin. Mettez-vous à l'aise.
Déçu, mais aussi anxieux, je quitte la pièce et cette femme et referme la porte. Mes pieds avancent sans mon accord sur le tapis feutré de la boîte. Je décroche et porte mon appareil à l'oreille.
— Oui ? Un problème ?
— Désolé Steeve de t'appeler, je sais que tu es occupé.
C'est Richard, sa voix tremble. Mon anxiété s'intensifie.
— Qu'est-ce qui se passe bon sang ? Dis-moi !
— C'est Scott.
— QUOI SCOTT ?!
— Il est mort Steeve. Il n'a pas survécu à l'opération. Je te jure, j'ai fait ce que j'ai pu. C'était sûrement au-delà de mes compétences.
Mes yeux se brouillent de larmes. Bon sang... Comment... Comment ?!? Il ne devait pas se faire opérer avant plus d'une semaine. Pourquoi si soudainement ?
— Qu'est-ce qui s'est passé ? Je ne devais pas le voir avant vendredi, réussi-je à articuler.
— Il n'a pas tenu. Il a fait un arrêt cardiaque. Heureusement, sa mère lui a fait un massage cardiaque parfait comme elle est infirmière et ça l'a aidé à tenir jusqu'à son arrivée ici, au bloc. Je suis vraiment désolé Steeve. Je sais que tu le prenais comme ton fils.
Je sens à sa voix qu'il est sincère, pourtant, je ne peux pas me résoudre à sa mort. C'est bien trop brutal pour moi. Je ne m'y attendais pas, je ne m'y étais pas préparé. Il devait vivre. Il méritait de vivre. Il a toujours reçu les meilleurs soins, j'ai forcément fait une erreur quelque part. Je me maudis pour avoir décidé de passer la journée avec Elle. Je doute que mes envies délirantes soient plus importantes que la vie de mes patients.
Je fulmine dans la chambre pendant une bonne heure. Je suis en colère contre moi-même. C'est malheureux à dire, mais la tristesse n'a pas réussi à prendre le dessus. Comme le dit si bien Émilie, je suis un connard. Je ne risque pas de changer, j'aime être comme je suis, j'aime faire du mal aux autres. Peut-être parce que je ne veux pas admettre les choses, la réalité et ce qui est vrai. Quoi qu'il en soit, seul Léo me connaît bien. Il m'a déjà vu autrement que sous ce masque de connard que je porte continuellement, même auprès de mon père. Je lui en veux, à lui aussi, pour coucher avec sa nana.
Je décide enfin à sortir de la chambre. Je quitte le hall et hume l'air frais pollué de la ville. Finalement, je suis un déchet humain, et j'aime ça. Toutes les femmes qui tombent dans mes bras sont aussi des déchets, c'est peut-être pour ça que j'apprécie Émilie, parce qu'elle ne m'aime pas, elle me hait et c'est ce qui m'excite. J'aimerai pouvoir pouvoir la briser, la voir pleurer. Lui faire du mal semble être le seul moyen de virer ma douleur durant un instant. Je suis de la meilleure des façons la chose la plus toxique qu'elle puisse avoir. J'aime être son démon, être son enfer. J'en jouis, elle le sait. Pourtant, je sais aussi que je n'aurai pas dû la traiter ainsi en retournant dans la chambre. Elle ne méritait pas cette rage. Déjà qu'elle était ici contre son gré, et qu'elle faisait ce spectacle à contre cœur, elle ne méritait pas que la jarte de cette manière. Je devrai m'excuser, mais je ne le ferai pas. Pourquoi ? Parce que j'ai de la fierté et que je ne veux pas qu'elle remarque en moi un semblant de lumière. Elle pense toujours que je suis le directeur de FC, elle pense toujours que je suis mon père. Si elle savait toute la vérité, elle pourrait récupérer des fonds auprès de l'entreprise, je n'aurais plus un seul moyen de l'avoir près de moi et de la faire chanter. Je dois garder ce mini quiproquo si je veux l'avoir à mes côtés assez longtemps.
Je marche dans la rue, la tête baissée. Je suis rarement aussi abattu en public. Je suis toujours apprêté et la tête levée afin de récolter une ou deux nanas pour la soirée. Je devrais me reprendre, oui. C'est la meilleure façon pour oublier cette journée catastrophique. Je me redresse, je me rends fier. Je sors mes meilleurs sourires charmeurs lorsque je croise une nana bien roulée et j'ajuste ma veste en cuir noire sur mes épaules. En l'espace de seulement une dizaine de minutes, j'ai déjà fait fureur. Mon charme est tout à fait irrésistible. J'aime ce pouvoir, j'aime cette domination que j'ai sur les femmes. Une jolie brune au déhanché de feu s'approche de moi. Elle relève ses lunettes de soleil pour les poser sur sa longue tignasse ondulée.
— Hey beau gosse ! Que fais-tu donc seul ici ?
Je souris. Souris attrapée.
— Salut. Je recherche la perle rare pour passer la soirée bien accompagné.
— Oh... Je vois... Je suppose que je ne suis pas assez bien pour être cette perle...
— Ne dis pas ça voyons. Votre charme ne m'est pas indifférent.
Qu'est-ce qu'il ne faut pas dire pour attirer une gonzesse dans son lit ? Je bombe légèrement le torse même si c'est inutile. Le poisson est déjà au bout de la ligne. Visiblement, je n'ai pas eu à faire grand chose pour l'attraper dans les mailles de mon filet. Si facile... C'en est décevant... Au moins, avec Émilie, tout est beaucoup plus difficile. Cela me fait certainement mal au cul de l'avouer, mais c'est limite à moi de ramper de l'obtenir. J'ai pu l'embrasser cette fois-ci en boîte — même plus qu'embrasser : je lui ai dévoré les lèvres — seulement parce qu'elle était bourrée. Aujourd'hui, j'ai aussi pu l'embrasser parce que je la tiens en joug et que le chantage fonctionne à merveille avec elle. Trêve de bavardage, maintenant ce qui compte, ce n'est pas Émilie, mais cette brunette qui n'attend qu'une chose : que je le fasse grimper aux rideaux. Elle glisse son bras sous le mien et nous nous dirigeons vers une auberge modeste. Une soirée agréable nous attend tous les deux. Comme à mon habitude, je vais pouvoir mélanger sexe, alcool et violence pour mettre mon excitation à son paroxysme. Cette jolie brune va tellement adorer qu'elle essaiera de me retrouver par tous les moyens afin de me supplier de la rebaiser comme un sauvage. Ce soir, je vais oublier que je suis un minable, que Scott est décédé et qu'Émilie me rejette. Ce soir, je vis pour moi et je vais défoncer cette inconnue pour mon propre plaisir. Ce soir, je vais être plus qu'un minable, mais je serai au moins heureux un instant.
8 commentaires
coeurimpulsif
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
fabi72
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
Gottesmann Pascal
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
tagada89
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans