Fyctia
Chapitre 15
Le lendemain matin, 10h08, à la pâtisserie d'Émilie.
Je m'active pour finaliser les deux commandes que je dois expédier dans les dix prochaines minutes. À l'approche des fêtes, certaines familles, souvent les grand-mères décident d'essayer des gâteaux et des bûches pour Noël. J'ai donc un peu d'avance sur les pâtisseries de fin d'année et ce n'est pas pour me déplaire ! Je ne dirai pas "non" à un peu d'argent supplémentaire pour mettre davantage de côté. Le coup de feu passé, je me repose vers 13h30. Je souffle un peu tout en essuyant mon plan de travail côté cuisine. Après trente petites minutes, j'entends la clochette tinter, je noue le torchon à mon tablier et sors de l'arrière boutique pour accueillir le client. Je commence à sourire en avançant vers lui tout en ajustant mon torchon pour qu'il ne tombe pas. Lorsque mon regard se lève, mon sourire s'efface brusquement. Monsieur le businessman. Que fout-il ici ? Il ose vraiment fouler le carrelage de ma boutique avec ses foutues chaussures de riche ? Je lui envoie un regard noir, pensant qu'il comprendra qu'il n'est pas le bienvenu dans ma pâtisserie. Pourtant, il ne semble pas décidé à bouger un seul de ses petits doigts. Il reste planté devant moi, ancrant ses yeux dans les miens. J'intensifie l'hostilité qui émane de mes sourcils froncés, mais il ne cède toujours pas.
— Que voulez-vous ?
— Je passais par là, je me promenais simplement, jusqu'au moment où je me suis rappelé que je vous avais fait une offre il y a quelques jours. Elle tient toujours vous savez.
— De quelle offre parlez-vous ? Je n'ai reçu aucun préavis ou contrat.
— Je parlais plutôt du rendez-vous au bar.
— C'est non.
— Pourquoi êtes-vous aussi catégorique ?
— Peut-être parce que vous avez ruiné ma seule chance de réaliser mon rêve !
— Seulement pour cette raison ? Vous abusez, vous êtes vraiment susceptible.
Susceptible ? Moi ? J'espère qu'il rigole ! Je vais me le faire !
— Vous n'avez pas à venir m'importuner sur mon lieu de travail. Je vous prierai de bien vouloir vous en aller et de ne plus jamais remettre les pieds ici.
— J'aimerai pouvoir commander des pâtisseries, je suis venu ici pour ça à la base.
— Vous trouverez une autre pâtisserie dans le coin. Et, je pensais qu'il était plus simple et moins coûteux d'acheter dans un centre commercial, avez-vous changé d'avis ?
— Il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis.
Mais vous êtes un con !! Ma parole, comment ose-t-il ? Cet homme a tout ce qui a de plus horripilant dans une vie.
— Alors ? Puis-je me faire servir ?
— Bien, je vous prie.
Je m'installe derrière le comptoir et le regarde, attendant expressément sa commande. Toutefois, il jette un œil à mes compositions avec la plus grande lenteur jamais connue, ou bien, suis-je tellement sur les nerfs que je n'arrive plus à avoir un rapport réel du temps qui passe lorsqu'il est là.
— Je pense que je vais prendre une barque de pistache, un crémeux au citron et une mandarine confite.
Je récupère chaque friandise et les dépose dans un carton. Au moment où j'allais lui donner le paquet, il le refuse et sourit malignement.
— Êtes-vous vraiment sûre que vous traitez tous les clients de cette façon ?
Je ne comprends pas où il veut en venir. Ai-je fait quelque chose de mal ? La misérable pâtissière a-t-elle fait une faute d'orthographe ? Il semble comprendre mon interrogation, puisqu'il arque un sourcil avant de prendre un air suffisant pour m'expliquer ce qui cloche dans mon comportement.
— Je ne suis pas sûr que vous soyez aussi froide et raide avec vos clients habituels. Vous ne souriez pas, vous n'avez pas de mots gentils, vous n'essayez pas de faire la conversation. Franchement, cela ne me donne pas envie de revenir dans votre boutique, j'espère au moins que vos gourmandises sauront être à la hauteur.
—Je suis complètement désolée de ne pas pouvoir vous offrir le meilleur de mes sourires, mais voyez-vous, je n'arrive pas à faire abstraction des sentiments que j'éprouve envers vous, je vous hais et je crois bien qu'il m'est impossible de rester passible face à vous après l'humiliation que vous avez osé me faire subir à votre bureau lundi matin.
— Vous m'en voulez encore pour ça ? Vous êtes donc rancunière, de mieux en mieux...
— Je ne comprends pas pourquoi vous me chercher autant, vous ai-je fait quelque chose en particulier qui vous ait déplu ? Si c'est le cas, dites-moi ce qui ne va pas et je ferai en sorte de m'excuser.
— Il n'y a aucun problème. Mais je pense que vous aurez beaucoup de difficultés à trouver des actionnaires si vous ne passez pas par moi.
— Vous semblez vouloir m'aider, maintenant ?
— J'aimerai juste vérifier si FC peut faire du profit en vous finançant.
— Je n'ai pas besoin de vous. J'ai un rendez-vous à FC.
— Oh, vous avez réussi à en avoir un. Je suis vraiment très surpris.
— Je me battrai pour mes projets.
— Vous ne me sembliez pas si déterminée la fois où je vous ai fait passer votre entretien.
— Peut-être parce que vous n'avez fait que de me descendre et que vous ne m'avez même pas permis d'en placer une.
— Bien, soit. Je vais vous proposer un marché. Libre à vous de l'accepter. Sortez avec moi cette semaine, juste une soirée. Je vous dégote un rendez-vous dans les deux semaines qui viennent et cerise sur le gâteau, lorsqu'aura lieu le rendez-vous, si vous me plaisez, je vous proposerait un nouveau marché qui ne sera que profitable pour vous.
— Que gagnez-vous en échange ?
— Votre compagnie le temps d'une soirée.
— C'est ridicule, je n'ai pas eu l'impression de vous plaire une seule seconde, et maintenant, vous venez me faire une sorte de chantage ? Vous êtes quoi au juste ? Un psychopathe ? J'aimerai surtout que vous me lâchiez.
— Bien, dans ce cas, après ce rendez-vous, je lèguerai l'affaire à un collègue. Ainsi, vous ne serez plus obligée de vous coltiner ma présence. Cela vous va-t-il ?
—Puis-je y réfléchir ?
— Je vous donne jusqu'à demain soir. Passé ce délai, mon offre ne sera plus valable.
— Bien.
J'entre le prix de la commande et il me paie par carte bancaire avant de repartir de ma boutique avec le carton entre les mains. Il est décidément un homme bien complexe. Je n'arrive pas à le comprendre. Il se contredit sans arrêt et cela ne semble pas le déstabiliser. Il n'est clairement pas comme Maxime ou Jacob. Ils sont tous les deux, de vraies petites merveilles. Jacob a été mon second partenaire de jeu au quiz musical. Nous nous sommes directement bien entendus et je pense que le courant est bien passé. J'ai appris que Jacob n'habitait pas loin, il habite dans l'immeuble en face de FC et il m'a proposé de le rencontrer un milieu d'après-midi au centre commercial. J'ai accepté sans vraiment réfléchir et je crois bien que, même maintenant, je ne regrette pas ce choix. La semaine risque d'être mouvementée, mais je n'ai pas peur de me planter, il faut bien passer par là si on veut trouver le bon mec pour toute la vie.
10 commentaires
coeurimpulsif
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
Alexis Richard
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
Gottesmann Pascal
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
fabi72
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Il y a 4 ans
tagada89
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans