Fyctia
Chapitre 10
Il me regarde droit dans les yeux et attend. Veut-il me faire perdre du temps ? Je lui lance un regard sombre, je n'ai absolument aucune envie de discuter avec lui, alors autant qu'il s'en aille sans me blesser. Il ne semble pourtant pas comprendre qu'il n'est pas le bienvenu dans mon cocon puisqu'il ne me lâche pas le bras.
— Pourquoi avez-vous fait semblant de ne pas m'avoir vu ?
Des plis d'incompréhension viennent se former sur mon front.
— Parce que vous pensez vraiment que nous sommes amis et que je ne vous en veux pas pour l'entretien ?
Cette fois-ci, c'est à son tour de froncer les sourcils, puis, il se met à rire, presque même trop fort. Je regarde autour de moi, gênée par son comportement. Heureusement, personne ne semble nous observer ou nous juger.
— Je vois... J'aurais dû m'en douter. Vous êtes ce genre de fille.
— Je ne vous permets pas de me parler sur ce ton.
Il me dévisage sans montrer une once d'expression.
— Je pense que j'ai encore le droit de faire ce qui me chante, ma Jolie.
Ma tension s'élève et mon rythme cardiaque s'accélère. Pour qui se prend-il ?
— Vous m'excuserez, mais j'ai à faire. Pourriez-vous me laisser m'en aller, s'il-vous-plaît ?
— Je ne sais pas si j'en ai envie.
Je fronce les sourcils, pourquoi a-t-il autant envie de faire de ma vie un enfer ?
— Je manque cruellement de sommeil, je ne pense pas que cela soit une merveilleuse idée de me mettre en colère !
— Oh ! Parce que vous savez vous mettre en colère ?
Ma patience commence à avoir ses limites. La sous-pape surchauffe et je risque de ne plus me retenir s'il continue à me provoquer de la sorte.
— Arrêtez cela !
— Vous avez peut-être raison, c'est assez puéril de ma part de vous importunez ainsi. Que pensez-vous d'une invitation à un bar dans la semaine ?
— J'espère que vous rigolez.
— Je suis très sérieux.
— Il n'y a même pas quelques secondes, vous étiez prêt à m'embêter et maintenant, vous m'invitez à boire un verre avec vous ?
— Hum... Oui. Pourquoi vous sentez-vous obligée de résumer la situation ? Je n'ai peut-être pas été assez clair.
— Je crois que vous ne comprenez pas bien Monsieur Brook.
— Si au contraire, je comprends parfaitement bien.
— Ah oui ? Permettez-moi d'en affirmer le contraire ! Vous me prenez pour qui ? Vous pensez que vous pourrez me faire du chantage ? Je ne suis pas ce genre de personnes. Je ne coucherai pas avec vous pour de l'argent.
— Je n'ai jamais insinué une telle chose. Vous vous faites des films Mademoiselle Desanges.
Mes joues virent au rouge. Ai-je réellement tout imaginé ?
— Dans ce cas, lâchez-moi le bras.
Il s'approche dangereusement de mon visage empourpré.
— Vos désirs sont des ordres Mademoiselle Desanges, mais sachez qu'il va m'être difficile de vous trouver des actionnaires si vous continuez à être aussi farouche... me chuchote-t-il à l'oreille.
Il sourit comme si de rien n'était et me lâche. Puis, il quitte le centre commercial. Je reste un instant sans bouger, interdite. Que vient-il donc de se passer ? Je suis bien la seule personne au monde à toujours me mettre dans des situations embarrassantes. Je ne suis vraiment pas douée.
Je sors à mon tour du lieu et appelle un taxi afin de rentrer chez moi. Arrivée, je balance violemment mes clefs sur la commode à l'entrée et me dirige ensuite vers ma cuisine pour ramasser ce qui craint au frais. Quelle journée épuisante ! Je n'aurais pas pu faire mieux, même si je l'avais voulu. Ce Peter Brook est tout à fait insupportable, je pense que je ne vais pas mettre longtemps avant de sortir de mes gonds. Je veux bien être gentille, je l'ai toujours été. Je me suis beaucoup faite marcher sur les pieds, mais il est hors de question que cela dure éternellement. Je vais bientôt entrer dans la trentaine, je ne peux plus rester cette jeune fille apeurée et timide qui par naïveté était gentille avec tous les passants qu'elle pouvait croiser. Il est peut-être temps de devenir enfin une femme et de montrer à tout le monde — surtout à ce Peter Brook — que je ne suis pas prête de me laisser faire.
Regonflée à bloc, je range mes courses et termine le rangement de mon salon avant d'aller dans ma chambre pour me coucher. Je n'ai même pas faim avec tout ce qui s'est passé. Tant pis, je mangerai mieux demain, je suppose. Je me dévêtis et enfile ma nuisette bleu marine. Je prends mon téléphone et le déverrouille. J'ai reçu une réponse du jeune homme sur Meetic. J'ouvre la conversation et lis le message.
Je quitte l'appli et pose mon portable sur la table de chevet. Au dodo !
9 commentaires
Princilia Daci
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
Gottesmann Pascal
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Il y a 4 ans
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Jess Donovan
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La Plume d'Ellen
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Zoé Sonobe (zizogoto)
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fabi72
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans