Fyctia

Hugo

Cela fait plus de deux semaines que je ne l’ai pas vu et son absence a créé un trou béant dans mon cœur. C’est fou et effrayant qu’une personne puisse devenir en si peu de temps la clé principale de votre bonheur, je me sens vide sans lui dans ma vie, je me suis noyé dans les répétitions du spectacle d’hiver pour avoir le moins de liberté possible mais depuis le début des vacances scolaire je suis démuni face à moi même.

Je sors de la douche, enfile un sous-vêtement et me pose pour la première fois depuis une éternité devant le miroir en pied de ma chambre. J’observe ce corps qui a tant changé depuis mon adolescence, je passe doucement la main sur les cicatrices qui recouvrent mon torse, elles ne me font plus mal du tout mais sont encore bien visibles.

Est-ce qu’un homme pourrait vraiment aimer et désirer ce corps meurtri à l’apparence pitoyable ?

Je m’avance pour contempler mon visage à l’allure enfantine, je passe les doigts sur mes joues qui trahissent chacun de mes sentiments en rougissant en permanence puis passe la main dans mes cheveux court et foncé puis mes doigts se pose sur mes lèvres que William a embrassé, immédiatement les larmes débordent de mes grands yeux à la couleur si banale.

Il est si facile de penser qu’il va me rejeter comme tous les autres l’ont fait avant lui pourtant au fond de moi je garde l’espoir qu’il soit différent, chacun de ses gestes m’a prouvé qu’il était différent mais je suis tétanisé à l’idée de le perdre définitivement s’il ne m’accepte pas comme je suis.

C’est finalement un effleurement sur mon mollet qui me sort de mes tergiversations stériles. Je me baisse et caresse tendrement ma chatte qui m’aime comme je suis sans aucun jugement.

- Est-ce qu’il te manque ?

- Miaou… Me répond naturellement McGonagall aggravant mes pleurs.

- A moi aussi…

Ce chat est sans conteste bien plus intelligent que ces congénères puisqu’il vient de lui même se lover contre moi pour me réconforter.

***

- Tu te tortures pour rien, va le voir ! Crie Camille comme iel le fait depuis le premier jour.

- C’est facile à dire mais s’il ne m’acceptait pas cela pourrait m’anéantir...

- Je sais ce que tu as vécu mais en attendant c’est lui qui est anéantit et uniquement par ta faute…

- Vraiment ? Comment est-ce que tu le sais ? Tu l’as vu ? Il va bien ? Dis-je avec empressement avide de récolter la moindre information sur celui qui me manque atrocement depuis près de trois semaines à présent.

- Je ne l’ai pas vu personnellement mais Noé me tient au courant.

- Noé. Tu parles à Noé ?

- Ouais et il m’a confirmé sans détour qu’il est au fond du trou sans toi. Pour reprendre ses mots, il ne l’a jamais vu aussi malheureux.

Un long silence se fait à l’autre bout de la ligne, ce silence n’est absolument pas comme ceux que je partageais avec William, il est pesant et me plonge dans une profonde culpabilité. Je me doutais qu’il serait touché après mon départ précipité mais pas au point d’être aussi affecté. Camille essaie depuis des semaines de me rassurer pour me faire avancer et pour la première fois elle a réussit à faire vaciller ma détermination, je suis toujours terrorisé à l’idée de le perdre mais pas au point de le faire souffrir.

- Hugo… Il est normal que ce que tu as vécu ait un très lourd impact sur tes relations avec les autres mais en ne disant rien et ne faisant rien, tu vas juste le perdre… Et toi aussi par la même occasion. Honnêtement Hugo, je pense que c’est la première fois que je te vois aussi heureux depuis ce jour là… Tu étais toi-même avec lui et ça me manque de ne plus te voir comme ça en permanence, depuis la compétition tu ressembles à un zombie dont on aurait arraché l’âme…

- Et s’il ne m’accepte pas ?

- Tu penses vraiment qu’il va te rejeter ? Hugo, ce mec est littéralement dingue de toi. Il t’envoie des messages tous les jours pour que vous essayez de parler. Mon conseil est que tu aille le voir et que tu lui parles enfin pour être fixé…

- D’accord…

- Quoi ? Vraiment tu vas aller lui parler ?

- Oui.

- Je te le demande depuis près de trois semaines et il faut que je sois à l’autre bout de la France pour que tu acceptes de lui parler ? Avoue tu l’as fait exprès.

- Bien sûr tout était planifié. Dis je en roulant des yeux.

- Je vais faire abstraction de ton insolence déplacée parce que je suis ravi de ta décision mais que cela ne devienne pas une habitude. On est d’accord que tu vas le voir dès que je raccroche ? Me-demande-t-iel joyeusement.

- Il est chez ses parents pour les vacances, je lui parlerai à la rentrée.

- Pas du tout, ses parents ont eu un imprévu, Noé lui a proposé de venir chez lui pour les fêtes mais il a refusé alors je pense que tu sais exactement où il est.

- Oh… Euh…

- Ne reviens pas sur ta décision ! Fais toi beau et va le voir, il ne mérite pas d’attendre plus longtemps.

- Okay, je vais aller le voir aujourd’hui.

- Parfait ! Évidement j’attends ton appel pour avoir un compte rendu détaillé de tout ce que vous vous serez dit. J’ai foi en vous alors ne stresse pas !

Bien entendu, dès qu’elle raccroche, je sens mon cœur s’emballer. Je refuse catégoriquement de lui parler depuis des semaines mais maintenant que ma décision est prise, je me sens incroyablement impatient. J’ai hâte de revoir ses belles boucles blondes et ses grands yeux bleus, son sourire envoûtant et ses lèvres que les miennes ont touché…

Je ne fais pas vraiment d’effort vestimentaire, je quitte mon pyjama en pilou-pilou pour un jogging et un pull ample puis sort de chez moi. Lorsque j’arrive sur le campus mes pas me mènent directement à la patinoire.

J’ai le cœur qui bat à tout rompre quand j’entre dans le bâtiment, je m’approche doucement de la porte qui mène à la patinoire et au lieu de la pousser je me permets d’observer l’intérieur par le gros hublot. William est en train de patiner, je me mords la lèvre quand je le vois tomber sur un mouvement facile puis taper le sol glacé. Noé n’avait pas menti, il n’a vraiment pas l’air bien.

Lorsqu’il sort de la glace pour aller chercher de l’eau, je prends mon courage en main et ouvre la porte.

C’est aujourd’hui que je me livre à la personne dont je suis amoureux depuis des semaines…

J’espère de tout mon cœur qu’il réagira bien.