Fyctia

William

Alors que l’eau coule sur mon corps nu, je ne regrette absolument l’audace que j’ai eu de lui proposer de rester dormir. Il avait vu juste en disant que ses répétitions allaient lui rependre beaucoup de temps et j’ai beaucoup de mal à moins le voir. Cela peut paraître insignifiant mais cela fait par exemple une semaine que je ne l’ai pas écouter jouer du piano installé à côté de lui dans le studio de la fac. Le seul point positif, c’est que cela me permet de passer plus de temps avec Noé qui se remet difficilement de sa rupture.

Je me savonne avec plaisir avec les produits d’Hugo et sourit de façon irrépressible en sentant sur ma peau sa bonne odeur de lavande. Une fois sec, je remets mon jogging et enfile le tee-shirt à manche courte qu’il m’a prêté. Quand je retourne dans la chambre Hugo est déjà installé dans le lit, le dos posé contre la tête de lit. Ses yeux sont fixés sur l’écran de son portable qui émet une faible lumière, les traits de son visage ainsi éclairés lui donne l’aspect d’un ange. Ce n’est pas la première fois que je le constate, Hugo est vraiment beau, son visage est fin et harmonieux, ses yeux sont hypnotisants mais pas autant que ses lèvres roses qui semblent si douces.

- J’ai quelque chose sur le visage ? Dit-il en relevant les yeux vers moi.

- Hum… Je vais mettre mon réveil à six heures. Dis-je pour tenter de changer de sujet, honteux d’avoir été pris en flagrant délit de matage...

- Je vais aussi mettre le mien, on est jamais trop prudent…

- Non, tu as besoin de repos, je me lèverai discrètement pour que tu continues de dormir.

J’éteins la lumière du couloir et vient le rejoindre dans le lit, je règle rapidement mon alarme et pose mon portable au sol. Je me décale vers lui qui s’est reconcentré sur son écran et place de nouveau ma tête sur son épaule. Il regarde une recette de cuisine sur Tiktok ce qui ne me surprend pas du tout.

- Tu aimes manger épicé ? Me demande-t-il doucement.

- Oui mais là je pense qu’il a mis beaucoup trop de sauce au piment pour que mon corps survive. Dis-je le faisant rire.

- Les coréens aiment manger épicé, je pourrais faire des tteokbokkis avec une sauce moins pimenté.

- J’adorerai ça, je n’ai jamais goûté…

Il enregistre la vidéo dans ses favoris et éteint son portable nous plongeant dans le noir, seule la faible lueur de la lune éclaire légèrement la pièce à travers ses rideaux. Il s’allonge complètement et j’en fais de même, on se retrouve face à face, chacun la tête posé sur l’oreiller et je bénis l’obscurité car mes yeux louchent de façon prononcé sur ses lèvres. L’atmosphère romantique et intime de sa chambre est brisée lorsqu’il prend doucement la parole me sortant de ma contemplation.

- Tes parents vont venir te voir pour les départementales ?

- Normalement oui…

- Et ton frère ?

Mon cœur se tend à la mention de mon frère et je me tourne pour regarder le plafond. Ma relation avec lui est compliqué, il m’a toujours traité comme un gamin immature et pénible alors que de mon côté je suis jaloux de l’amour que lui porte mon père.

- Il a du assister à toutes mes compétitions petit et il a toujours détesté ça...

- Ça serait peut-être différent si tu lui demandais de venir…

- Je suis sûr qu’il a mieux à faire, Arthur ne m’apprécie pas vraiment.

- Oh… Désolé…

- Ce n’est rien et toi tes parents vont venir te voir au spectacle de l’hiver ? Dis-je sans pensé à mal mais c’est un silence lourd et pesant qui accueille ma question innocente.

Je me retourne pour entrevoir la tristesse sur son visage alors sans réfléchir je viens tendrement caresser sa joue.

- Ils ne savent pas ce qu’ils manquent. Moi je serais là, Noé aussi et j’imagine que Camille également et tu vas épater toute la fac.

- Merci William.

Ma main laisse sa joue pour passer derrière son dos et le rapprocher de moi, sans un mot de plus, il se blottit dans mes bras faisant mon bonheur. Il évoque peu ses parents, leur relation semble extrêmement complexes mais bêtement j’avais pensé qu’ils seraient fier de la réussite de leur fils unique.

La pièce reste silencieuse un long moment, sa respiration finit par s’apaiser pour finalement se ralentir et je comprends qu’il s’est déjà endormi. Personnellement le sommeil tarde à m’accueillir alors je profite de cette étreinte et me posant milles questions.

Est-ce que je lui plais ? Noé semble certain que mon petit pianiste en pince sévèrement pour moi et sans faux semblant, je le pense aussi. Évidement je ne suis sûr de rien mais ses regards me font penser que c’est le cas.

Est-ce qu’il aimerait que je l’embrasse ? C’est beaucoup moins évident, si je pense lui plaire et qu’il réagit le plus souvent bien à mes rapprochements, il lui arrive aussi souvent d’être gêné.

Est-ce qu’il est gay ou comme moi tout ceci est nouveau ? Pour le coup, je n’ai aucun élément de réponse, je l’ai bien observé et à part moi, il ne regarde personne, ni homme ni femme. La seule chose que je sais c’est que le regard des autres ne l’a pas déranger quand je lui ai tenu la main à l’université.

Est-ce qu’il a déjà été en couple ? Au début j’étais persuadé que oui mais au vue de sa timidité et de ses réactions, je commence à douter et me prends à rêver d’être son premier petit ami.

Hugo est réservé, il se livre peu sur sa vie et je ne me vois pas du tout aborder sa vie amoureuse ou son orientation sexuel sans le traumatiser alors je ressasse mes interrogations jusqu’à tomber de sommeil.