Fyctia
Miranda
Je le fixe, un peu confuse à cause de la signification que peut prendre ma phrase. Je me sens presque mal d’avoir débité une telle chose ! Si Ricky n’est plus là, ce n’est pas de sa faute ! Je n’ai pas le droit de dire ça, ou de faire des choses allant à l’encontre de mes vœux... Main sur la bouche, j’ai l’espoir de ravaler mon énormité. Tu es un monstre, Miranda.
-Excuse-moi...C’était déplacé et-
-Hé, calme toi tu veux ? Moi je suis vivant, même bien vivant, alors ça va aller.
Je papillonne des cils et essaie de décrypter son message. Mais une interférence fait que je n’y parviens pas.
La sangle de mon sac en main, je la serre à m’en faire blanchir les phalanges.
Qu’est-ce que je fais ? Je n’arrive pas à lever les yeux vers mon interlocuteur, beaucoup trop perturbant.
-On devrait y aller... je tente.
-Sinon, Hector va nous botter le cul ! Allez, viens.
Il avance, sûr de lui, et je le suis un peu en retrait. Mon alliance me brûle, comme si elle me rappelait à l’ordre.
Qu’est ce que je fais... Le rire puissant et sonore de Madoka me sort de ma torpeur. Pendant un court instant, la belle russe m’a paru être Stéphanie, avec son éternel chignon. Mon imagination s’y met-elle aussi ?
J’avance un peu maladroitement vers Austin et lui rend son bracelet en cuir. Il me fait un sourire, un peu gêné lui aussi, et passe sa main dans ses cheveux blonds. La pièce est sous tension, ça devient irrespirable !
Je fais comprendre à Madoka que j’ai besoin d’air, de beaucoup d’air !
À peine je pousse les portes de l’entrée que j’inspire un grand coup, presque au bord de l’étouffement.
-Ça va, Mira ? Respire...
-Je sais pas ce que j’ai ! je panique
-Viens t’asseoir sur le rebord ! Maintenant inspire, expire.
Je gonfle et relâche mes poumons qui me paraissent douloureux, eux aussi. Tout mon corps a décidé de se liguer contre moi. Je me met à trembler et à claquer des dents.
Puis d’un seul coup un sifflement me perce les tympans et je protège mes oreilles, naïvement.
Je suis désolée...
-Tu nous ferais pas une crise d’angoisse, par hasard ? Bouge surtout pas...
Elle trottine rejoindre le hall. Pendant ce laps de temps, j’essaie de reprendre possession de mon corps et de mes émotions. Mais tout me file entre les doigts...
Une crise d’angoisse ? Depuis quand j’angoisse autant ? Un vive douleur me transperce la poitrine, un véritable coup de poignard.
C’est toi, qui me punis ? Mais de quoi, Rick ?
-Miranda, regardez-moi... me demande Kim
La loupiote s’éclaire et me brûle les yeux, mon pouls s’accélère. Respire, Mira.
Kim sourit et chuchote des instructions à Madoka, qui écarquille les yeux, me faisant paniquer davantage. Ça va aller, un verre d’eau et tout rentrera dans l’ordre. Enfin, je l’espère...
La complice du médecin s’éloigne, me laissant seul avec lui.
-Ne vous mettez pas dans des états pareils. Tout va bien se passer !
-J-je n’en doute pas !
-Vous avez peur que ça recommence, ou de reprendre dans la compétition ?
-P-peut-être un peu des deux...
Madoka revient avec une bouteille d’eau et Austin avec deux barres vitaminées.
Le sourire inquiet du jeune homme me rend plus détendue. Madoka s’assoit à mes côtés et me tend la bouteille. J’en bois une gorgée et reprends peu à peu le contrôle.
Mes mains tremblent toujours, tout comme mon corps, qui frissonne.
-Ça va mieux ? Attends nous là, je vais chercher les autres, dit Madoka
En coup de vent, ils repartent tous, me laissant seule, avec le soleil de fin d’après midi. Je suis bercée par sa lumière douce et apaisante. Le premier de la team à arriver n’est ni Hector, ni Austin, mais Connor, avec sa tête des mauvais jours.
Il vaut mieux éviter de se frotter à son air noir et à vif, au risque de se piquer et d’éclater comme un ballon. Il s’arrête et recule à ma hauteur. Son regard est plein de préjugés, et je me sens comme au premier jour : incapable et anéantie.
Il se baisse et pose un genou au sol, les yeux rivés sur mon front. Lentement, mes tremblements se réduisent jusqu’à disparaître, comme un mauvais rêve.
-Quand est-ce que tu vas arrêter de faire des bêtises ? T’es une grande fille, non ?
-Je ne le fais pas exprès, et puis c’est pas drôle...
-J’ai l’air de rire ? Mira, j’aimerais que tu arrêtes de te rendre malade pour des chimères.
Boum. Mon cœur vient de lâcher prise. Mon organe vital s’écrase et se brise. Je n’ai pas le temps de réagir : on doit partir.
Tout le trajet, je suis brassée de l’intérieur. Et les fusillades de regards entre les deux mâles rendent les choses encore plus déstabilisantes. J’ai envie de vomir mes entrailles, et de cracher mes poumons, accompagné de mon pauvre cœur, qui a du mal à battre.
Les petits sourires de Mado me rappellent que je suis encore consciente.
Mais devant le stade d’Atlanta, illuminé de part et d'autre, je perds tous mes moyens.
La musique me transperce les oreilles et fait vibrer mes muscles.
-Mira, suis Hector et Connor ! siffle Austin
Je ferme les yeux et me mets une droite mentale. Maintenant, tu avances, et tu fais ton putain de boulot, Miranda ! J’essaie de me faire violence et suis le duo.
Première étape, se changer, la deuxième, la pesée et la troisième... réparer. Soit « CRP ».
J’attends que Monsieur Evans daigne finir de se préparer, et pendant ce temps, je prépare mes affaires pour « l’avant match ».
J’entends plusieurs voix se mélanger et des injures. Je crois que c’est l’heure.
Les deux équipes doivent être présentes pour la pesée. Les poids s’affichent. Je peux renflouer mon soulagement de voir que Connor est pile dedans.
Un problème en moins !
Maintenant, il faut que je prépare ses muscles à donner et encaisser des coups. Parce que ce soir, on part pour trois combats qualificatifs.
-Vous me le préparez ! Je vais régler un détail, m’ordonne le coach
Je hoche la tête et fais signe à Connor d’enlever son haut. Je me surprends à laisser vagabonder mon regard, devenu insistant.
Je me sens brûler de l’intérieur, comme si on venait de faire craquer une allumette sur mon corps.
Reprends toi. Pense à Rick, pense, et tout ira bien !
-Je te fais la totale, je lui annonce en tapant la table
-Je te savais pas si entreprenante ! s’amuse-t-il
-Eh bien, maintenant, tu le sais. Allez, couché, Monsieur Evans !
C’est peut-être pas une bonne chose, de rentrer dans son jeu. Je vais perdre à tous les coups et m’en mordre les doigts.
Il s’allonge en souriant, faisant se creuser ses fossettes. Comment on appelle ça, déjà ? Des nids à baisers ? Parce que si c’est ça, je comprends aujourd’hui le sens de cette métaphore.
Qu’est-ce que je raconte, c’est Connor qui fait ce genre de remarque, pas moi !
-Tu veux que je garde ta bague ?
Boum. Mon cœur vient de refaire un bond, il va finir par s’échapper, à force.
Pourquoi bat-il si fort, soudainement ? C’est douloureux, et presque insupportable ! Je pose ma main à son emplacement.
Boum, boum. Il tambourine dans ma poitrine, comme s’il essayait d’en ouvrir la porte.
Celle que j’ai scellé, à tout jamais.
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AisuYumiya
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Il y a 7 ans
Lydia4818
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Il y a 7 ans
FeizaBabouche
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Il y a 7 ans
AisuYumiya
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Fanny DL
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AisuYumiya
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Missperlyam
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AisuYumiya
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Caro Handon
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AisuYumiya
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Il y a 7 ans