Fyctia
Arrogance et prétention
Même dans mes rêves les plus fous je n’ai jamais imaginé vivre un moment aussi romantique que celui-là. La balade en bateau, le coucher de soleil, les bougies sur la plage, et maintenant le champagne… tout est parfait. Beaucoup trop parfait. Vu le bol que j’ai, il y a forcément un truc qui cloche. Et puis, ce genre de scènes ça n’existe que dans les romances, dans la vraie vie le type qui organise un truc pareil au deuxième rendez-vous est forcément un grand malade.
— Je te ressers une coupe ? me demande-t-il en se levant du baldaquin duquel nous avons admiré le coucher de soleil.
Avec un peu de chance, avant de me découper en rondelle il a prévu de me bourrer la gueule.
— Oui, merci.
Si cette nuit doit être ma dernière nuit, autant en profiter. Du coup, si ce n’est pas trop demandé, j’aimerais bien aussi m’envoyer en l’air une dernière fois… John est peut-être le frère caché de Dexter, il n’en reste pas moins ultra sexy.
Il nous resserre du champagne et reviens s’assoir à mes côtés.
— On est où au juste ici ? je demande en portant à mes lèvres ma coupe pleine.
— On est sur la plus petite des îles de la côte californienne. Quand je l'ai acquise elle s’appelait Santa Barbara, mais je l'ai rebaptisée Holy Grace...
— C'est très beau Holy Grace.
— Merci. C’est en mémoire de ma mère....
Oups ! Quelle quiche ! Pourquoi a-t-il fallu que j’aborde LE sujet tabou ? Tout le monde sait bien qu’il ne faut pas parler de sa mère à un serial-killer.
— Ça va aller? je m’enquiers hésitante.
— Oui, ne t’inquiète pas. C’est juste que… non, laisse tomber.
Vu sa tête d’enterrement, de toutes évidences, non ça ne va pas aller. Aurore, trouve vite un truc à dire avant qu’il ne sorte le pic à glace de dessous le matelas !
— Euh… sinon, tu es plutôt slip ou caleçon ?
C’est sorti tout seul. Fallait trouver un truc à dire pour détourner son attention, et c’est tout ce qui m’est venu à l’esprit. Certainement une idée de qui vous savez.
— Pardon ? demande-t-il complétement abasourdi par ma question.
C’est bon, je crois que là, il ne pense plus à sa mère
— Je me demandais juste si tu étais plutôt slip ou caleçon, tu sais ce genre de détail en dit beaucoup sur un homme et…
— Aurore, tu es complétement folle, mais j’adore ça. Viens-là, murmure-t-il en m’attirant à lui.
Mon sang se met à pulser à toute vitesse tandis que ma tarée de petite culotte se met à danser la samba trop contente d'avoir réussi son coup. Il a saisi mon visage entre ses mains, et ses lèvres ne sont plus qu’à quelques centimètres des miennes. J’hésite une seconde à succomber à leur attraction puis – tant pis pour le pic à glace – je m’abandonne enfin à mon désir. Tels deux ados en pleine découverte des joies de la galoche, nous nous embrassons durant de longues minutes. J’avais oublié combien un simple échange de salive pouvait être excitant et, lorsque nous reprenons enfin notre souffle, je réalise avec étonnement que je suis toujours en vie.
Finalement, il n’est peut-être pas le psychopathe sanguinaire que je croyais. Peut-être qu’il est tout simplement romantique, ou que pour lui ce genre de soirée c’est la routine. Comme lorsque mon ex m’a emmenée manger des moules-frites lors de notre premier rencard. Beaucoup moins classe mais tout aussi efficace. J’adore les moules-frites.
En tout cas, psychopathe ou pas, John embrasse comme un dieu.
Allongés l’un contre l’autre, perdus dans nos pensées, nous restons silencieux et contemplons la voute céleste.
— Tu as faim ? finit-il par me demander après un moment. Rose nous a préparé un diner, de la langouste je crois.
— Rose ?
— Rose est la femme de Mitch, le gardien de l’île. Ils s’occupent de l’entretien de la maison et de l’île et…
— allument les bougies des soirées romantiques de Monsieur !
— Oui, entre autres, répond-t-il d’un sourire malicieux.
J’aime les langoustes autant que les moules-frites, mais à cet instant ce n’est pas exactement de cela dont j’ai faim.
— En fait j’avais autre chose en tête…
— Autre chose comme vérifier si je suis plutôt slip ou caleçon ?
— Oui, autre chose du genre.
***
— Aurore…
John est allongé à côté de moi et, tout en me caressant le visage, m'observe tendrement.
Les images de notre nuit me reviennent et je vire au cramoisi instantanément. Ma petite culotte va mettre des jours à se remettre de sa soirée. Décidément cet homme est un mystère. Comment peut-il passer d’une telle bestialité à une telle douceur ?
— Je dois partir, mais tu peux rester te reposer et profiter de la plage. Mitch te ramènera quand tu veux.
— Reste, je miaule d’une petite voix en me lovant contre lui.
— Je ne peux pas, vraiment. J'ai des choses importantes à régler au bureau aujourd’hui. N'oublie pas que je suis l'éditeur d'un best-seller interplanétaire et que j'ai une séance de dédicace et une conférence de presse à gérer pour un auteur de génie !
Je glousse. L'auteur de génie, c'est moi.
Brutalement mes synapses se reconnectent.
La séance de dédicace ! La conférence de presse ! James !
Ma bonne humeur part en fumée immédiatement. Cette fois c’est inéluctable, je vais devoir assumer mon roman devant James.
— Merci mais je vais rentrer avec toi. Il faut que je passe à l'hôtel me changer avant la dédicace, je grogne en guise de réponse.
— Comme tu veux. Je file sous la douche, me répond-t-il en se levant m’offrant ainsi une vue imprenable sur…. Mais ma parole, il bande comme un taureau !
— On n'a pas le temps maintenant, mais tu ne paies rien pour attendre... Je ne t'ai donné qu'un avant-goût de ce que je te réserve... me lance-t-il en remarquant mon regard.
— Prétentieux ! je lui lance à la figure tandis qu’il ferme la porte de la salle de bain.
— Prétentieux ET arrogant !
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zélia louise
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Stephane Klos
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IsaLawyers
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