Kevin Karbowiak Sunrise Chapitre 54

Chapitre 54

Bill observait la scène à l'extérieur de la salle. Il se sentait dépassé par les évènements. Une douleur atroce au ventre le rongeait. C'est alors qu'il vit Lynn arriver avec des cafés. Elle lui en tendit un.

– Tenez !

– Merci !

Elle regarda elle aussi du côté de la chambre.

– Il est réveillé depuis longtemps ?

– Non ... Je ne crois pas !

Elle observa la chambre tout en buvant une gorgée de son café. Celui ci était brulant. Elle n'en but pas beaucoup, puis, elle alla se poser à côté de Bill.

– Putain, j'aimerais pas être à votre place ... A tous les trois je veux dire.

– C'est sur qu'on a vu mieux !

– Mmm...

– Vous savez ce que vous allez faire quand tout ceci sera terminé ?

– ... Et bien je suppose que je vais rentrer en France.

– Avec Linda ?

– ... je n'en sais rien encore.

*

La main de Roscoe contre son visage, Linda pleurait à chaudes larmes.

– Je suis tellement désolée ...

Roscoe regardait en l'air... Des larmes coulaient de ses yeux.

– Putain pourquoi je t'aime ?

Linda pleurait encore plus fort.

– Roscoe ...

Elle se mit à pleurer encore plus fort.

– Je te demande pardon ...


Roscoe restait dans le silence. Le truc, c'est que c'est toujours comme ça. Il faut toujours vous retrouver en face de la mort pour que les gens se rendent compte qu'ils vous aiment.

– Putain pourquoi je ne suis pas mort !

– Dis pas ça ! C'est fini maintenant ...

– ... C'est fini Linda. Je t'ai sauvé la vie, tu ne me dois rien. Une fois qu'on se sera remis, Je veux que tu disparaisse à tout jamais. Je ne t'en veux plus, mais c'est comme ça. J'ai eu trop mal !

– Ros...

– Je ne t'oublierais pas mais je ne veux plus te revoir.

–...

– Cette conversation est terminée.


Linda resta sans voix. Qu'est-ce qui s'était passé ? A qui revenait réellement la faute ? Dans ce chaos sentimental le plus fou, la pièce se remplit d'un silence pesant.



*

Toujours assis sur les chaises en face de la chambre. Lynn et Bill contemplaient la scène derrière la vitre. Puis, Lynn aussi se mit à pleurer en regardant Roscoe et Linda ensemble. Elle se leva, puis partit en courant dans le couloir. Elle faillit se faire percuter par deux infirmiers, mais les esquiva et continua sa course, et tourna à gauche au fond du couloir.

Bill la regarda partir. Il comprenait sa douleur.

Arrivée devant l'hôpital, Lynn se mit à hurler de douleur en pleurant, et tomba à genoux, impuissante, devant cette situation particulière. Cette douleur lui rappelait la mort de son frère.

*


John Perkins rentra chez lui vers les deux heures du matin. Sa femme était au lit. Ses enfants aussi. Il se posa dans la cuisine, et vit le tas de factures qu'il y avait à payer ce mois ci, en plus de l'école des enfants. Mais il pensait surtout à Jane.

Putain de merde ! Pensa-t-il. Quelle vie de con !

Il prit une bouteille de scotch dans le salon, puis la vida toute la nuit en passant par différent états émotionnels. Du rire aux larmes. Il ne savait plus très bien quoi penser. Enfin, il s'endormit sur la table.

*

Sa femme, Lucia, se réveilla aux alentours de six heures, et descendit dans la cuisine afin de faire couler un café. Elle ne dormait plus depuis quatre heures. Elle avait entendu son mari rentrer, mais il n'était pas monté dans la chambre. A coup sur, il devait encore se bourrer la gueule.


Lucia était marié à John depuis une dizaine d'années, mais elle avait vu son mari décliner d'années en années. Il avait bossé aux mœurs avant d'entrer aux stups. Si sa carrière professionnelle était exemplaire. Son métier de mari et de père s'était, au fur et à mesure des années, évaporé. C'était une épave, et Lucia n'en pouvait plus. Les cures de désintoxiaction ne menaient à rien et il était sur la scelette. Elle allait demander le divorce, et avait bien pris soin de cacher le courrier reçu de l'avocat.


John était un homme bien, mais pas un mari exemplaire. Elle le vit assis sur le coin de la table, et marcha doucement jusqu'à la cafetière. Mais, ce putain de chat, Hector, entra lui aussi et vint lui renifler la tête en miaulant. John se réveilla, les cheveux complètement ébouriffés, et put remarquer Lucia faire le café.

– Oh! C'est toi!

– Je vois que tu t'en encore mis une bonne murge !

–...

– J'en ai plein le cul John !

– Jane est morte.

– Quoi?

–...

– Comment c'est arrivé ?

– Dans une explosion.

– Merde !

Elle prit une cigarette de son paquet, l'alluma, puis souffla la fumée nerveusement.

– Désolé.

– Mmm.


Il se frotta le visage, puis se leva pour se servir un café, à lui et à Lucia. Lucia, quant à elle, sortit de la poche de son pénoir la lettre de l'avocat.


– Je raccroche ! Fit John.

Elle stoppa net son mouvement.

– C'est fini. Je démissionne. Sinon je vais devenir dingue.


Lucia broya doucement la lettre dans sa main, et se leva pour se poser derrière John elle le prit par la taille et posa sa tête contre son dos. Il s mit à pleurer.

– Chuut ! Fit elle. C'est fini ! ... Ca va aller. Je suis là.


Le jour se levait à travers la baie vitrée. Mais le temps allait virer à la pluie.


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