Fyctia
Cœur glacé (Marius)
Sorti de cet hosto de malheur, la rage ne descend pas. Comment Érine peut-elle encore s'accrocher à lui, alors que tout ce qu'il mérite c'est le néant ?
Je cours à m'en faire crever les poumons. Mon palpitant explose sa rage dans ma poitrine. Mes muscles sont en surchauffent et me menacent d'une crampe, mais je refuse de m'arrêter. J'ai besoin de cette souffrance physique.
Oh oui putain j'en ai besoin...
Cette nana a réussi à s'infiltrer sous ma peau. Cette exigence de savoir si elle va bien, si elle éprouve vraiment ces sentiments qu'elle m'a annoncé plus tôt. Dans cette putain de cage d'escaliers, ses doigts sur mon épiderme m'a fait plané bordel. J'ai oublié ce pourquoi je voulais la posséder. J'ai dévoré à l'aveugle la moindre miette qu'elle a bien voulu me jeter. Je les ai englouti comme un morfale. J'étais affamé d'elle et j'y suis toujours.
Pourtant je me suis promis de ne plus jamais ressentir un quelconque sentiment pour une autre.
J'ai tout foutu en l'air...
Elle a mis à mal mes barrières...
Ma raison est revenue au galop lorsque la pression est redescendue, et, le retour de ma part sombre lui a craché au visage. Elle me pousse dans mes retranchements. Elle et son putain de caractère.
Pendant qu'elle dormait sur ses draps blancs d'hôpital, j'ai veillé sur elle, comme à la prunelle de mes yeux. J'ai eu peur de la perdre et ce de part ma faute. Je n'aurais pas dû aller aussi loin et lui balancer cette vérité à la figure.
Son visage serein, son corps détendu, son esprit apaisé dans les tréfonds de son inconscience, m'a rassuré. Son cœur battait régulièrement et le mien appliquait la même mesure. Malgré ce moment où seul le silence régnait, j'étais insouciant. Je frôlais du doigt un semblant de bonheur déguisé.
Oui, un brin heureux...
Je me suis imaginé une vie à deux. Loin de toute cette merde. Elle m'appartenait.
À moi...
Elle était à moi, pendant qu'elle dormait. Son corps réagissait lorsque je caressais son avant-bras posé sur son lit. Ses petits poils se dressaient, son épiderme se transformait en chair de poule. Et j'ai abusé de mon pouvoir de conscience pour obtenir de son inconscience, ses lèvres sans sa permission. Elles étaient tellement douces. J'ai embrassé son front, ses paupières, son visage entier. Je n'arrivais plus à me détacher bordel.
Et quand elle s'est réveillée, elle m'a jeté.
La colère sur son visage. Son corps tendus, la rage dans sa voix, son regard noir, tout s'est envolé et brisé. Mon rêve s'est éclaté et s'est éparpillé sur le sol comme une vulgaire poussière. Piétiné par mon orgueil qui a repris place dans mes tripes. Il a réélu domicile sous chaque pore de peau. Il a retrouvé sa place dans mon cœur glacé.
Cette fois c'est bon, je rentre au bercail. Cette dernière journée a été trop forte en émotion. Surtout "Il" est revenu.
Et mon poing dans sa gueule de con ne m'a pas apaisé. Bien au contraire. J'ai envie de le démolir. Je veux qu'il souffre comme moi j'ai souffert et que je souffre encore.
Mon masque d'impassibilité s'est fendu et j'ai lu sur son visage que cette fois il comprend que c'est plus qu'une vengeance personnelle. C'est sa femme que je veux et je ferai tout, même les pires saloperies qu'ils soient pour l'obtenir.
J'arrive à l'hôtel les muscles bandés et le souffle court. Les derniers mètres sont une torture, mais je les accueille comme un signe de vie.
Je pousse la porte de ma chambre et me déshabille. Je peste contre mes vêtements qui collent contre ma peau en sueur. Je me glisse sous la douche et plaque mon dos contre la paroi froide. Le jet percute mon visage et mon torse. Cinglant et réparateur. Ma tête part en arrière et cogne contre le carrelage. Mes yeux restent clos et j'essaie de réguler ma respiration. Mes battements de cœur cogne contre mes tempes lorsque je vois le visage d'Érine se dessiner sous mes paupières.
Il se déforme par la douleur que je lui ai infligé. La même lorsqu'elle s'est écroulée dans l'hôtel parce que j'ai eu une trop grande gueule. Son visage disparaît et laisse place à celui de ma mère sur son lit de mort. Ma respiration s'accélère et se coupe lorsqu'elle ouvre les yeux. Blanc, vide de vie, aucune chaleur ne s'en dégage.
J'ouvre moi même précipitamment les yeux et fixe la paroi face à moi. Je ne vois rien d'autre que le bleu ciel du carrelage.
Ma colère monte d'un cran et je cogne à plusieurs reprises l'arrière de mon crâne où ma tête reposait. La douleur irradie ma boite crânienne, mais ne m'apaise pas bordel.
Plus rien ne soulage ma fureur... Même l'automutilation...
Je sors de ma douche, me sèche et m'habille. Je prends deux gélules dans ma valise et j'espère que ces anxiolytiques vont faire leur effet. Ça faisait un moment que je n'avais pas touché à cette merde, mais là j'en ai plus que besoin. Sinon je crains la tournure de mes angoisses.
Je ne veux pas retourner dans cette maison psychiatrique. Une année m'a suffit. Celle qui a suivi la trahison de mon père et ma futur femme. Une année perdu de ma vie. Une année où j'aurais préféré passé auprès de ma mère alors qu'elle allait mal. Une année où mon père a eu plein pouvoir sur ma vie. Il avait réussi à me faire juger par un de ses collègues, être dans l'incapacité de prendre mes propres décisions et être dangereux pour ma propre vie. Avoir des tendances suicidaires et colérique. Pour menace de mort sur sa propre personne.
Une raison de plus à ajouter sur mon cahier des charges.
Je suis suivi régulièrement, mais ça n'est jamais apparu sur mon dossier médical, sinon adieu mes études en médecine. Mon géniteur a réglé les moindres détails, même l'autorisation de ma sortie de ce lieux pour cinglés.
Une autre menace de mort... Une autre autodestruction, je repars illico dans cet asile et sans sommation.
Alors j'utilise d'autre moyen pour l'atteindre et ceux là ne sont pas écrites noirs sur blanc, alors il ne peut rien contre moi. Et j'espère que mon uppercut de tout à l'heure ne va pas jouer contre ma faveur.
Je boucle ma dernière valise et je quitte l'hôtel. Un avion décolle dans moins de deux heures. J'ai besoin de souffler et de préparer la suite des événements pour cueillir ma belle-mère sous les draps de mon lit.
Parce qu'elle est là sa place.
Plus dans celui de mon géniteur...
19 commentaires
Manon Kaljar
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Il y a 7 ans
Chantal29
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Il y a 7 ans
LikeAMartian
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Il y a 8 ans
DameBlanche
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Il y a 8 ans
DameBlanche
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Il y a 8 ans
amylee971
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Il y a 8 ans
amylee971
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Il y a 8 ans
DameBlanche
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amylee971
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Il y a 8 ans
DameBlanche
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Il y a 8 ans