Fyctia
Menteur (Érine)
Je traverse le couloir qui mène au restaurant et je sens le regard de Marius glisser sur mon corps. C'est très déstabilisant, mais je me concentre pour maintenir une démarche assurée et déterminée.
Même si mon cœur se comprime dans ma poitrine, à aucun moment je regrette ce que je viens de lui avouer. Il se passe un truc entre nous et je suis persuadée au fond de mes tripes que c'est autre chose qu'une simple attirance physique. Hors je ne veux pas être la victime d'un conflit qui n'est pas le mien et j'ai préféré lui laisser entendre ce que je ressens, avant qu'il continue à jouer avec moi pour atteindre son père. Parce que je ne veux pas souffrir et surtout me retrouver déchirée comme un pantin que l'on tire de chaque côté, ou être obligée de choisir entre les deux.
Mon choix a été fait il y a deux semaines, lorsque j'ai fait le serment devant dieu d'aimer et de chérir mon époux, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
Marius n'a plus qu'à faire le sien et le problème sera réglé. C'est soit il se résigne à passer à autre chose que cette simple querelle de famille, ou soit il disparaît et vit sa vie, mais loin de moi.
D'accord, Marius est jeune, séduisant et sa façon de me déshabiller du regard ne me laisse pas indifférente, mais il n'y a pas que ça. Il n'a pas la stabilité que m'offre Henri. Marius a ce côté sombre qu'il entretient en permanence pour atteindre un objectif et c'est un combat qu'il mène depuis déjà bien longtemps apparemment. Depuis que sa mère a quitté ce monde, il y a trois ans, c'est Henry qui m'en a parlé. Même si je reste persuadée que ce n'est pas l'unique raison à ce carnage, mais je refuse d'en apprendre davantage.
Plus loin il sera de moi, mieux se sera pour tout le monde. Tant mieux si ce que je lui ai dit, lui fait peur et c'est que ce que j'ai voulu faire. Même si je ne lui mens pas sur ce que je ressens.
Je m'installe à une table et commande un verre de vin blanc pendant que je choisis mon menu pour ce soir. N'ayant rien mangé depuis ce matin, mon estomac réclame ardemment de la nourriture et tout me fait envie sur la carte.
- Je ne peux pas te laisser penser une chose pareille.
Je relève la tête, et j'observe Marius s'installer face à moi. Ses yeux sont assombris et ses traits de visage sont creusés. Je suis déçue qu'il ne veuille pas comprendre et je soupire bruyamment.
Comment j'ai pu croire un seul instant que ça pouvait être simple ? Mais je me rends compte qu'avec Marius rien n'est mesuré et ma naïveté me perdra, surtout avec lui.
Deux petits jours à tenir... Ça va être un vrai calvaire.
- Alors arrête ce petit jeu avec moi... Tu es intelligent, tu te prépares à un brillant avenir et tu passes ton temps libre à vouloir surpasser ton père, je me trompe ?
- En quoi ça te regarde ?
- Je suis concernée depuis que tu as décidé de me mettre le grappin dessus pour parvenir à tes fins, alors oui ça me regarde. Tu te fiches bien du mal que tu peux me faire à partir du moment ou ton unique objectif est ton père. Trouve quelqu'un d'autre pour ton jeu stupide de gamin gâté qui veut se faire remarquer par lui.
- Me faire remarquer tu dis ? Laisse-moi rire... Je ne devrais peut-être pas te le dire, mais après tout qu'est-ce que je risque ? Je vais t'avouer...
- Je ne veux rien savoir... C'est vos histoires à tous les deux et je ne désire pas en faire parties, le coupé-je.
- Tu as peur en fait ? ricane-t-il.
Il pose ses coudes sur la table et croise ses doigts sous son menton, un rictus sur le bord des lèvres. Son visage se radoucit, le joueur refait surface. Ses iris s'arriment aux miens et il déplace son pion sur le damier. Je perçois cette étincelle qui scintille quand il croit obtenir un coup d'avance. Mais seulement, j'ai suffisamment d'informations pour parer sa stratégie et je compte bien exploiter mes sources pour le mettre en difficulté.
Je saisis mon verre et fais tourner le liquide doré à l'intérieur, jouant avec les derniers rayons du soleil qui filtre au travers. Je me sens d'humeur joueuse et me lance dans ma tirade, extrêmement fière de moi.
- Absolument pas. Je sais qu'il n'a pas pu sauver ta mère alors qu'elle était malade et c'est pour cela que tu lui en veux. Tu fais des études en médecines pour prouver que toi-même tu aurais pu la guérir et c'est tout à ton honneur. Fais ton deuil Marius et renoue ce lien qui vous déchire depuis trop longtemps.
Son visage se décompose de secondes en secondes. Ses yeux sont aussi sombres qu'un trou noir sans fond. Ses poings se serrent à s'en faire pâlir les phalanges. Sa mâchoire ne forme qu'un amas de colère et je me prépare au pire, avec un poids énorme qui pèse au creux de l'estomac. Je n'aurais peut-être pas dû pousser le bouchon aussi loin et je sens que je vais le regretter amèrement.
- Et pour ma future femme qu'il a baisé aussi faut que je fasse mon deuil ?
Mon dos percute le dossier de ma chaise, abasourdie. Mon cœur se met en branle et ma respiration est devenue inexistante. Mon verre de vin m'échappe des mains et se fracasse au sol. Je ne peux pas croire une chose pareille. Pas Henry... Pas lui... Il n'aurait jamais fait ça à son fils... Sa chair... Son sang...
- Tu mens !!! hurlé-je.
Un silence pesant s'installe dans la salle du restaurant et les regards se tournent sur nous, ce qui resserre l'étau qui comprime ma poitrine. Je me lève et tente de m'éloigner le plus vite possible. Je bouscule le serveur qui arrive pour ramasser les débris de verre éparpillés sur le sol. Il m'est insupportable d'envisager une trahison pareille. Marius est encore pire que ce que je croyais. Il est prêt à inventer n'importe quelle histoire pour se conforter dans sa plainte.
Je rentre dans le hall de l'hôtel et me dirige vers l'ascenseur. Marius me rattrape et me force à lui faire face, mais je refuse n'importe quel contact venant de lui. Je me débats comme une enragée et lui crache mon venin.
- Dégage Marius... Je te déteste, tu es prêt à tout, même à mentir. Tu me dégoûtes...
- Je ne te mens pas Érine !! Ton beau prince sur son destrier n'est rien d'autre que le mal avec son trident. Il m'a volé ma femme, trahit ma mère par ses infidélités perpétuelles et moi-même j'ai dû lui mentir pour ne pas qu'elle souffre plus encore qu'avec sa putain de maladie. Alors ouvre les yeux et regarde la vérité en face. Ne te laisse pas aveugler par ses belles paroles. C'est un manipulateur...
Je pose mes mains sur mes oreilles et tente d'obstruer la moindre sentence qui déferle de sa bouche sans aucun temps d'arrêt.
J'ai la tête qui tourne...
Un sifflement strie mes tympans...
Mon palpitant cogne durement contre ma poitrine...
Mes jambes ne supportent plus mon poids...
Le sol se dérobe sous mes pieds...
Je chute lamentablement de ma hauteur... J'ai mal à la poitrine, atrocement mal...
- Érine ? Bordel !!! Appelez les secours !!! Vite !!!
26 commentaires
DameBlanche
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Il y a 8 ans
vetienne
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Il y a 8 ans
DameBlanche
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Il y a 8 ans
amylee971
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Il y a 8 ans
DameBlanche
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Il y a 8 ans
Peluuches
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Il y a 8 ans
DameBlanche
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Il y a 8 ans
LunaJoice
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Il y a 8 ans
DameBlanche
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Il y a 8 ans
LikeAMartian
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Il y a 8 ans