Fyctia
Chapitre 21
Détendue par les deux cocktails que je me suis déjà enfilée, je trouve enfin le courage de me confier à Helen. Alors que nous regardons des dizaines de personnes s'activer sur la piste de danse improvisée, je déclare tout de go:
— Il m'a baisée.
Helen se tourne vers moi et demande:
— Rassure-moi, quand tu dis “baisée”, tu veux dire dans le sens métaphorique du terme?
Je frissonne en imaginant l’autre option!
— Oui!
— Ouf ! soupire-t-elle. Tu m’as fait peur. Qu’a-t-il fait?
— Il m’a menacée afin de me contraindre à la docilité pour ce soir.
— Je vais me faire cet enfoiré de première ! s'énerve Helen.
Je la vois scruter la zone où nous sommes pour trouver Dylan.
Depuis tout à l’heure, lui et moi jouons au jeu du chat et de la souris et je n’ai pas le bon rôle. Dès que je le vois me chercher du regard, je m’arrange pour me cacher.
— Tu n'en feras rien, la contré-je.
Helen me connait . Elle devine sans problème quels moyens de pression Dylan a pu utiliser avec succès sur moi.
— Ma chérie, il faut que tu comprennes une chose me concernant : Stanford n'était qu'une possibilité parmi plein d'autres. Certes, mes parents ne roulent pas sur l’or, mais grâce à mes résultats scolaires, plusieurs universités étaient prêtes à se battre pour m'avoir entre leurs murs en me dotant d’une bourse généreuse. Ce n'est pas de la vantardise ni un mensonge. Stanford était mon premier choix, mais j’ai longtemps hésité avec d’autres options tout aussi intéressantes. Donc, même si Dylan le connard et tes parents arrivent à faire pression sur le conseil d'administration pour que ma bourse me soit retirée, je ne vais pas me retrouver sans ressource et devoir arrêter mes études pour faire caissière dans une station service. Mon avenir ne va pas être gâché parce que tu as dit “merde” à cet enfant de salaud. Je te le jure.
Ce qu’elle vient de dire m’ôte réellement un poids des épaules, même si je n’ai pas envie de la voir partir pour une autre université. Helen est la seule amie que j’ai. Une amie en or, en plus.
— Je n’ai pas l’intention de le laisser gagner, tu sais?
— Bien ! approuve-t-elle. Il mérite qu’on lui broie ces noyaux de prunes qu’il ose appeler des couilles!
J’adore Helen et sa manière de s’exprimer, elle est ce rayon de soleil dans ma vie où la grisaille règne en maîtresse absolue.
— Mais nous n'allons rien faire ce soir, complété-je.
Visiblement, ce plan ne la satisfait pas, seulement la prudence est de mise. Je ne dois pas abattre mes cartes trop vite, si je ne veux pas perdre la partie.
— Je dois trouver un moyen de faire pression à mon tour pour égaliser les scores. En attendant, je vais lui laisser croire qu'il a gagné.
— Je n’aime pas ça, bougonne-t-elle.
— Moi non plus, mais c’est la meilleure stratégie que j’ai trouvée.
Nous nous laissons toutes les deux entraîner par nos pensées, jusqu’à ce que Helen lance:
— J’ai entendu dire qu’il ne serait pas le dernier à se poudrer le nez. Tu crois que cela pourrait suffire?
— Je ne sais pas.
Malheureusement, la cocaïne est une drogue très courante dans mon milieu. Menacer Dylan de révéler son petit secret me permettra-t-il de le stopper dans le petit jeu de pouvoir dans lequel il semble décidé à m’entraîner ? Hélas, j’en doute.
Helen attrape son téléphone et se met à jurer.
— Quoi?
— Mon père m’a écrit pour me dire que ma mère a été conduite aux urgences.
— Oh mon Dieu. Que s'est il passé?
— Elle a glissé dans l’escalier et s’est fait une vilaine entorse.
— Va les rejoindre.
— Je ne vais pas te laisser seule, réplique-t-elle.
— Ne dis pas de bêtise. File à l’hôpital.
Je la vois hésiter. Helen est un super héros dans l’âme. Voler au secours des personnes en difficulté est une seconde nature chez elle. C’est peut-être d’ailleurs ce qui l’a attirée chez moi.
— Tu es sûre ? Je m’en veux de t’abandonner ainsi, mais je connais mon père, c’est un éternel stressé de la vie et …
— Il a plus besoin de toi que moi, la coupé-je.
— Je peux te ramener en passant si tu veux.
— C’est dans la direction opposée et puis, si je rentre trop tôt, mes parents vont me tomber sur le dos.
— Tu vas rentrer avec Dylan?
— En fait, je compte m'imposer le supplice de cette soirée encore une petite heure, puis j’appellerai un Uber.
— Tu le jures ? Je l’ai vu enchaîner les bières, je n’ai vraiment pas envie que tu montes avec lui.
— Ne t’en fais pas, moi non plus. Avec ou sans alcool d’ailleurs. Va rejoindre tes parents et passe-leur le bonjour de ma part.
Helen vient m’enlacer.
— Tu m’appelles s’il y a quoi que ce soit, ok?
— Oui.
— Promets!
Je pousse un petit soupir théâtral.
— Promis.
Elle me jette un dernier coup d’œil anxieux avant de s’en aller.
Je me retrouve alors seule dans cette maison, entourée de personnes qui me sont totalement inconnues. Il n’y a pas à dire, cette soirée est la meilleure de ma vie ! (oui, c’est ironique!)
— Danse avec moi, maintenant que ton clébard des rues est parti.
Je sursaute en entendant la voix de Dylan dans le creux de mon oreille. Perdue dans mes pensées, je ne l’avais pas vu approcher.
Je le fusille du regard.
Danser avec lui?
C’est bien la dernière chose dont j’ai envie. Enfin, ce n’est pas tout à fait vrai. J’imagine d’autres activités avec lui qui me tentent encore moins!
Son regard est légèrement vitreux, preuve qu’il n’est pas totalement sobre. Pour la première fois, je me mets à redouter son comportement. À regret, je le suis donc sur la piste improvisée.
Dylan vient aussitôt m’enlacer, ses yeux indiquent clairement qu’il jubile de me savoir ainsi prise au piège.
Je le laisse me guider, mais quand il essaie de réduire la distance entre nous, je lui écrase volontairement les orteils en y mettant toute ma force.
Pour une fois, j’aimerais être dotée de ce fameux embonpoint que ma mère me reproche d’avoir afin de lui faire bien mal ! Seulement, son sourire amusé m'incite à penser que ce n’est pas le cas.
Sans tenir compte de ma mise en garde silencieuse, Dylan rapproche nos corps et vient souffler contre mon oreille:
— Quelle fougue!
Sa voix est clairement moqueuse.
— Qu’est-ce que ça doit donner sous les draps!
Il fait alors glisser ses mains avec une lenteur insoutenable jusqu’à les poser sur mes fesses.
Je suis en train de perdre mon sang-froid.
Au diable mes espoirs d’avenir!
Quant à celui d’Helen, ses paroles m'ont convaincue que le danger qu’elle court n’est pas si grand que je l’imaginais. Je refuse de laisser Dylan franchir cette limite. Mon corps m’appartient. Il n’a aucun droit dessus et n’en aura jamais aucun !
Je suis sur le point de me reculer suffisamment pour lui coller une gifle magistrale, mais le DJ change soudain de morceau et Dylan s’éloigne de lui-même.
— Merci pour cette danse, bébé, se moque-t-il. C’était un plaisir.
Il me plante alors sur la piste, pour mon plus grand soulagement. Seulement, j’ai encore l’impression de sentir ses mains sur mon corps et c’est tout simplement répugnant. J’ai besoin d’un verre – ou plus – pour tenter d’oublier cette horrible danse.
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User254311
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Il y a 9 mois
Salma Rose
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Bettina Dumon
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Il y a 9 mois
Lonaé
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Lisettedu76
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Emeline Guezel
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Jenn Bl Writes
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CO Locatelli
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Aime Kha
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