Fyctia

Je tourne la page de mon album. Cette page est dédiée à mes fiertés. J'en ai une plus que je ne le pense. On en a tous plus qu'on ne le pense. Nos fiertés ne s'arrêtent pas juste à une mention à un concours, elles sont présentes un peu partout dans notre quotidien. Réussir du premier coup un lancer franc au basket alors qu'on est complètement nul dans ce sport tout comme répondre bon à une question que le professeur nous a posé alors que nous n'avions pas écouté cinq minutes auparavant, trop occupé par la conversation de notre camarade de classe. Il existe plusieurs degrés de fiertés, celles que je vais annoncer, énoncer, expliquer et libérer sont celles qui ont le plus d'importance à mes yeux et qui font aujourd'hui de moi ce que je suis vraiment. On pense tous au moins une fois que l'on aimerait rejouer une journée, une heure ou une dizaine de minutes pour changer la donne. On a des regrets et on s'imagine comment on aurait pu réagir. J'ai des regrets, comme tout le monde. Je ne suis pas un être supérieur aux autres. Encore heureux, je me lasserai de voir des humains aussi cupides que stupides.

Ma plus grande fierté est de garder mes principes quoi qu'il advienne. Pour beaucoup, cela n'a aucune valeur, cela n'a aucune importance. Mais pour moi, cela est d'une importance hors-norme. Jamais je ne lâcherai mes principes pour de l'argent, c'est inutile. Je pense être une bonne personne en philosophant ma vie de cette façon, mais encore une fois, c'est subjectif. Toute ma vie est subjective et basée sur mes envies, mes pensées et mes façons d'agir. Si un jour, je décidais de perdre l'un de mes principes pour une quelconque raison, ce serait comme enlever un pilier entre deux plateaux d'échec. Celui du haut menacerait alors de tomber en un coup de vent, ou si l'un des autres piliers se trouvant dans les coins cèderait. Mes principes font ma force, alors oui, je suis fière de les garder et de centrer ma vie sur eux. En toute honnêteté, je pense qu'un bon nombre de personnes devraient faire de même, enfin à moins que l'un de leur principe soit d'éradiquer toute une population.

J'ai bien entendu d'autres fiertés. Elles n'ont pas toutes les mêmes impacts sur ma vie ou sur mon existence, mais elles permettent tout de même de faire celle que je suis aujourd'hui. Je suis fière d'être douée, j'ai toujours eu beaucoup de facilité, enfin, seulement depuis le lycée, avant cela, je n'avais pas plus de 11 de moyenne générale et c'était parce que j'explosais les scores en sport, sinon, je me serais retrouvée en-dessous de cette moyenne. À partir du lycée, j'ai eu un déclic, j'ai commencé à bosser, enfin, à m'intéresser. J'écoutais en classe, je m'asseyais seule, devant le professeur et prenais le plus de notes possible pour avoir un cours plus que complet. Au bout d'un an, j'ai acquis des facultés qui m'ont permises d'intégrer une grande école. Aujourd'hui, je ne peine pas à apprendre, ni à m'exprimer à l'oral, je suis d'ailleurs l'une des meilleurs de ma classe. J'en suis fière, et je le serai toujours. Mes parents s'en fichent royalement, ils auraient préféré que ce soit le cas depuis ma naissance, mais je suis désolée, ce n'était pas inné.

Je suis aussi très fière d'être une personne passionnée, j'ai un tas de passions qui me permettent de me désigner, de me prouver que j'existe et que je ne suis pas qu'un robot humain que l'on appelle couramment un humanoïde. Je ne suis pas programmée pour simplement manger, travailler, décocter et sommeiller. Heureusement.

Je suis fière d'aider les gens qui m'entourent. Je ne peux pas m'en empêcher, je dois les aider même si je ne gagne rien en échange. Cela me paraît normal, logique, humain. Si personne n'aide les gens qui ont besoin d'être aidés, personne ne le fera. Peut-être qu'en le faisant, qu'en commençant, cela fera partie des mœurs dans quelques dizaines d'années. De temps à autre, j'aide une mamie à porter ses courses jusqu'à sa voiture, je me mets au milieu d'un passage piéton pour aider un groupe d'enfants à traverser la route, je range correctement un produit mis dans un rayon qui ne lui convient, je ramasse un objet qui tombe, je publie mes notes des cours sur le site public de mon école, etc. J'ai besoin de faire tout cela, j'ai l'impression d'être de plus en plus humaine et de montrer aux gens qui vivent dans notre société actuelle que tout n'est pas encore perdu et qu'on peut encore sauver notre civilisation. Peut-être que je suis un peu trop optimiste, idéaliste et visionnaire, mais je ne peux pas m'empêcher de penser comme ça. C'est même l'un de mes principes: aider ses prochains sans penser à soi en premier. Cela me paraît primordial.

Si je dois ajouter une nouvelle fierté dans la catégorie de celles qui sont réellement importantes, je dirai que c'est le fait d'aimer sans compter. J'aime tout le monde, du moins j'essaie. J'aime tous ceux qui ont besoin d'amour, j'aime tous ceux qui se sentent seuls, j'aime mes amis, ma famille, mon ex petit-ami malgré le fait qu'il m'ait quitté, j'aime mes anciens professeurs, j'aime les personnes qui m'ont harcelée lorsque j'étais plus jeune, j'aime même hommes qui m'ont agressée sexuellement. C'est idiot, bizarre, peut-être malsain. Mais si ces personnes l'ont fait, je pense que c'est parce qu'il leur manque quelque chose, peut-être de l'amour. Je ne peux plus leur en couloir après autant de temps, cela m'a beaucoup brisée et fragilisée, mais je sais pardonner même là où ça ne devrait pas forcément l'être. Toutes les personnes agressées ne pourraient pas le faire ou le comprendre, mais moi, je suis ainsi, on ne peut rien y faire. Moi, je ne suis pas comme toutes les jeunes femmes de cette planète. Il ne faut pas oublier que chaque humain est unique et que c'est ce qui fait qu'il est très intéressant d'entendre les points de vue des autres.

Enfin, je vais terminer sur cela, j'ai beau avoir des fiertés qui ont l'air sympas, cools ou normales, j'en ai aussi qui sont moins glorieuses et qui ne paraissent même pas comme des fiertés aux yeux d'autrui. Je suis fière d'avoir raté mon brevet, je suis fière d'avoir menti toute ma vie même à des personnes que j'aime, je suis fière d'être grosse, je suis fière d'être pansexuelle, je suis fière d'être la fille d'un tueur en série. Car tout ce qui me désigne par même un lien étroit, fait que je suis ce que je suis et pas une autre personne à un millimètre près. Je ne changerai rien et ce pour rien au monde. Je suis fière d'être moi-même.