Fyctia
Chapitre 5 Léria 1/2
Je suis encore somnolente, mon corps se réveillant plus vite que mon esprit assoupi. Hier je suis tombée si vite dans les bras de Morphée que c'est à peine si j'ai pris le temps de me glisser sous les draps. De la porte-fenêtre entrouverte me parvient le chant d'oiseaux. Autant dire qu'ils sont toutes une fanfare.
La caresse des premiers rayons me sort de ma torpeur. Il est encore tôt, ça se sent dans l'air, mais je devine également que plus bas, le cœur de la maison commence déjà à s'activer.
C'est donc pour cela que je quitte ce cocon douillet. Car ma première mission ne peut attendre : il est temps que je fasse connaissance en bonne et due forme avec tout mon arbre généalogique, et il faut dire que certaines branches ont poussé durant la nuit...
Habillée, cheveux tressés et avec une bien meilleure mine que la veille, je me dirige vers les cuisines. Luisa accapare déjà les fourneaux. Profitant de la saluée pour lui proposer mon aide, celle-ci accepte volontiers que je porte les derniers mets du petit déjeuner à table, ce que je m'empresse de faire.
Je découvre une terrasse surmontée d'une luxuriante pergola que la végétation a envahit. Là, le fer forgé côtoie le bois autant que les feuilles. Un choix multiple de saveurs, autant salées que sucrées est déjà installé sur l'imposante table. J'aperçois Rafael qui me fait de grands signes de la main.
- Léria ! Je ne m'attendais pas à te voir levé si tôt ! T'es plutôt du matin ? demande-t-il.
- Bonjour Rafael ! Il faut croire que oui ! Mais c'est plutôt moi qui suis étonnée de voir autant de monde levé à cette heure-ci !
En effet, il n'y a pas seulement Rafael mais également Chris et sa compagne qu'il me présente, elle a l'air très douce malgré la franchise qui habite son regard et répond au nom de Jade. Honnêtement ? Il n'est peut-être pas encore 7h du matin, mais ma tante est ravissante.
- Ooh je t'en prie, appelle-moi Raf enfin ! Supplie ce dernier.
- Comment pourrais-je refuser cher cousin ? Dis-je en accordant une saveur nouvelle à ces mots.
Je m'offre un véritable festin pour ce petit déjeuner, et fais au mieux pour prendre part à la conversation que Luisa alimente allégrement. Elle est une vraie flamme !
Rafael fait de son mieux pour tout m'expliquer, m'inclure au maximum en énonçant les informations nécessaires afin que je ne perde pas trop le fil. Pour tout ça, je le remercie. Car mine de rien il m'apporte beaucoup, et son effort pour que je me sente incluse est authentique. Il me met du baume au cœur.
- Là, m'explique Raf en pointant du doigt la courbe de la colline en contrebas, c'est les terres familiales. Chris y cultive de nombreux agrumes, c'est ça tous les arbres que tu vois.
Je reste abasourdie face à l'ampleur de ces champs fruitiers qui se marient si bien dans ce décor. C'est un véritable verger sauvage que j'aperçois.
- L'été je l'aide dans les récoltes, c'est là que les demandes sont les plus fortes. Raison pour laquelle je suis levé à cette heure parce que, ne te fis pas aux apparences ma chère je suis un oiseau de nuit moi ! Ou une chauve-souris, si on veut. MAIS CERTAINEMENT PAS L'UNE DE CES FOUTUES TOURTERELLES QUI BRAILLE TOUT LE TEMPS.
Sa remarque me vaut un rire franc que je ne cherche pas à dissimuler.
- On peut pas dire qu'elles soient silencieuses, ça, c'est sûr ! Je lui réponds.
Chris, est-ce que tu as besoin d'encore un peu d'aide dans les champs ? Questionné-je mon oncle. Je n'ai peut-être jamais fait de cueillette mais j'apprends vite.
- Tu es sûr ? Me demande-t-il. C'est assez éprouvant mine de rien et je voudrais pas que tu finisses en kit à cause de moi...
- Au pire des cas, je pourrais toujours porter les palettes ou ce genre de chose. Et puis, je me vois mal ne pas vous aider dans vos tâches alors que vous m'hébergez si gentiment. On ne peut pas dire que j'ai grand-chose d'autre à vous apporter.
- Ah ! Basta ma fille ! Tu n'as pas besoin de payer ton pain ! Mais, c'est vrai que tu manques de mains mon fils... Répond Luisa.
- Alors ?
- Alors pourquoi pas essayer, conclut Christophe. On attend Antone qui ne devrait plus tarder et on décolle dans quinze minutes les jeunes, soyez prêts !
***
Je pense que cette vieille Ford et moi, nous allons nouer une magnifique relation. C'est elle qui nous conduit jusqu'au vergers sur une route plus que délabrée qui aurait de quoi me donner le mal de mer. Antone assis à l'avant opère une performance parfaite, l'imitation du jour ? Un mur de toute évidence. Ou peut-être un crapaud ? Le doute est permis avec la grimace qu'il affiche depuis que je suis dans le véhicule.
De mon côté je squatte la banquette arrière en compagnie de Raf. J'ai l'impression de déjà tout connaître sur sa vie, c'est fou ce qu'il est bavard ! C'est un étudiant en journalisme et radio à Corte, seule université située au Nord de l'île. Il redescend à chaque vacance et profite au plus de sa famille. J'apprends par la même occasion qu'Antone assiste Chris à plein temps dans le travail au champ, il semblerait que ce soit lui, la relève.
Quand nous arrivons enfin sur les lieux, j'ai mal aux fesses de ce remue-ménage. Mais quelque chose me dit que je ne suis pas aux bouts de mes peines. La superficie des terres est encore plus imposante une fois qu'on y est. Toute une palette de couleurs jaunes et oranges ponctue de vie le vert des arbres. Des cagettes en bois sont disposées au pied des plantations, je les fixes tandis que j'emmagasine toutes les informations que me fournit Chris pour bien travailler.
Filets, cagettes, bien ranger le tout dans la remorque... Ok, ça devrait aller.
Revissant ma casquette sur mon crâne, et me saisissant de mes lunettes de Soleil, je me prépare donc à apprendre l'art de cueillir les fruits !
***
Midi, le Soleil ne réchauffe plus, il brûle. Il me brûle peut-être même plus que le bois âpre des cagettes que j'entasse dans la Ford. J'ai arrêté de les compter, il y en avait trop. Toutes remplies de mets exquis qui me vantaient leur fraicheur. J'aurais votre peaux fichues clémentines !
Raf m'a tout du long en me soutenu mordicus que les jours suivant, ça irait mieux, que les saisonniers recrutés arriveraient et que dans tous les cas, rien ne m'obligeait à continuer.
Je ne l'ai écouté que d'une oreille : pour rien au monde je ne m'avouerais vaincue. C'est un travail effrayant certes, et je réveille mes muscles plus que mes séances à la salle ne le font, mais c'est si gratifiant de se sentir utile que je ne suis pas prête d'arrêter.
7 commentaires
Laeticia LC
-
Il y a 2 ans
Jill Cara
-
Il y a 2 ans
Caroline Guerini
-
Il y a 2 ans
Rose Foxx
-
Il y a 2 ans
Thanks
-
Il y a 2 ans