Fyctia
Ce putain de stage aura ma peau (2)
Après avoir enfilé mon blouson, m'être chaussée et avoir choppé mon sac, je me dirige vers ma porte. La clé à la main, je jette un dernier regard à mon appartement puis quitte ce dernier. Je referme derrière moi, donne un coup d'œil au paillasson en face du mien, toujours aussi abîmé et crade, puis me dirige vers mes escaliers. Je descends les trois étages au pas de course, vérifie l'heure sur mon portable, râle en voyant cette dernière puis accélère. Je manque de rentrer dans la vieille du premier. Je l'esquive et entends aussitôt celle-ci cracher sur les jeunes. Peu importe, je l'ignore. Je n'ai pas le temps de m'engueuler avec elle. Je suis à la bourre. Ce n'est pas mon habitude pourtant car j'aime contrôler le temps autant qu'il m'est possible de faire. J'arrive toujours en avance en cours, bien que je sois loin d'être une lèche cul. Mais cette fois-ci, il semblerait que je fus un peu distraite.
Mon cellulaire vibre. Tout en déverrouillant ce dernier, je m'élance sur le trottoir. Je jette une œillade au message que je viens de recevoir. C'est Peter qui me propose d'aller voir un jeune groupe de métal ce soir au bar où il bosse. C'est un peu notre truc à lui et à moi, d'aller voir des concerts. Notre goût prononcé pour la musique qui déboite et les endroits décalés n'est qu'une passion parmi d'autres que nous partageons ensemble. Je referme ma main sur mon téléphone et accélère. Mon binôme de soirée devra attendre un peu. Je lui répondrai plus tard. Là tout de suite, je ne dois surtout pas rater mon bus. Il passe dans trois minutes, or je suis à cinq minutes de ce dernier, voilà qui explique pourquoi je tape un sprint de bon matin et que je mets mon ami dans les oubliettes. Il est hors de question que je loupe ma ligne 57. Non, hors de question !
Mes séances en salle de sport jouent en ma faveur. J'arrive à l'arrêt trente secondes avant le chauffeur. Tout en essayant de récupérer sans cracher mes poumons sur les gens à côté de moi, je fouille dans mon sac à la recherche de ma carte de bus. Une fois celle-ci attrapée, je décide de me débarrasser de mon écharpe et ouvre la fermeture éclaire principale de mon bien. Mes yeux se posent sur mon trieur et je pense aussitôt à Anderson que je vais malheureusement voir aujourd'hui. Il va encore me faire une remarque et je vais comme toujours devoir me la fermer. Parfois, j'ose imaginer la claque que je lui foutrais si je n'étais pas obligée de me taire. Ça soulage. Malheureusement, c'est éphémère.
Une voix m'appelle. Je relève la tête et remarque que le conducteur du bus s'est penché sur son volant pour me voir et me demande désormais si je monte ou pas. Sans plus attendre, je gravis les petites marches. Un peu plus et j'aurais vraiment été en retard.
Merde alors, ce putain de stage aura ma peau !
0 commentaire