Fyctia
Chapitre 3 (2/2)
Comme à chacune de nos virées dans les boutiques d’antiquité, je ne sens plus mes pieds tellement nous avons piétiné dans les différentes allées.
Évidemment, parmi les nombreux achats d’Emie, il ne figure pas la moindre table. Ce qui n’est pas plus mal. La connaissant, elle serait tombée sous le charme de la plus lourde et la moins pratique à transporter. Car c’est là mon utilité : l’aider à transporter son bric-à-brac, passer du temps entre sœurs n’arrivant qu’en seconde position. Les joies d’être l’ainée ou alors de quelle manière joindre l’utile à l’agréable selon ma frangine !
Pour nous reposer, nous nous installons dans un café non loin de la dernière boutique visitée. Mon instant favori dans nos virées. Un délicieux muffin chocolat blanc framboise accompagné d’un thé à la cannelle, il n’y a rien de mieux.
— Quel est le souci ? me demande ma sœur.
— Rien de particulier.
— N’oublie pas que nous sommes frangines, je te connais bien et il y a un sujet qui te préoccupe.
— Ce n’est rien d’important, juste un dossier au boulot.
— Et ? insiste Emie.
J’hésite, je ne suis jamais vraiment entrée dans les détails de ce qui s’était passé avec Max les rares fois où nous avons abordé le sujet. Je me sens toujours aussi stupide et n’ai pas envie de partager avec elle ce moment particulièrement humiliant. Après tout, je suis la grande sœur, je devrais montrer l’exemple en ne me montrant pas naïve à ce point.
D’un autre côté, tant qu’elle sera convaincue que je suis soucieuse, elle ne lâchera pas l’affaire, donc autant me lancer.
— Je suppose que tu te souviens de l’application de rencontre que tu avais installée sur mon téléphone.
Son visage affiche un air coupable alors que rien dans cette histoire n’est sa faute. Tout ce qu’elle voulait c’était m’aider. Jamais je ne pourrais la rendre responsable de ce désastre.
— LifePartners ? Celle par laquelle tu as rencontré Max ? Ne me dis pas que tu as eu d’autres problèmes avec.
À ce souvenir, je grimace.
— Rassure-toi, je l’ai désinstallée.
Son regard se fait curieux.
— Il se trouve que je dois réaliser une étude statistique pour eux.
Emie me fixe comme si l’inversion ne parvenait pas à monter jusqu’à son cerveau.
— Est-ce que tu comptes accepter ? finit-elle par me demander.
— Je n’ai pas le choix. S’ils sont satisfaits de notre travail, cela pourrait s’avérer un gros coup de publicité. Par conséquent, mon supérieur refusera catégoriquement de confier le dossier à un autre employé. Je suis celle qui a le plus d’ancienneté et d’expérience sur ce genre de cas.
— Merde, se contente-t-elle de commenter.
— Comme tu dis !
Nous restons silencieuses un moment, perdues dans nos pensées respectives.
Voyant notre mine soudain sombre, le serveur se rapproche de nous :
— Est-ce que tout va bien, mesdames ? nous demandent-ils en regardant mon muffin à moitié mangé.
— Oui, merci, je réplique tout en reprenant la dégustation de mon gâteau.
Emie en profite pour relancer la discussion.
— Est-ce que tu as eu des nouvelles depuis ?
— De qui ?
Elle se mordille la lèvre, hésitante.
— Max.
— Pas depuis plusieurs mois. Heureusement, il a fini par se lasser.
Je vois bien qu’Emie a envie de poursuivre sur ce sujet. Aucune idée ne me vient pour détourner la conversation. Je redoute les questions qu’elle pourrait me poser.
— Tu ne m’as jamais vraiment raconté ce qu’il s’était passé. Tout avait l’air d’aller pour le mieux entre vous. En fait, je t’avais rarement vue aussi heureuse et puis tout d’un coup, tout était terminé.
Nous y sommes. Voilà exactement la discussion que je voulais éviter.
Tandis que j’essaie de trouver ce que je vais lui répondre, je me rends compte que je ne suis pas prête à en parler, en tout cas je n’en éprouve pas l’envie. Cela revient à remuer le couteau dans la plaie.
— Il n’y a pas grand-chose à dire, je tente de noyer le poisson. Il s’est avéré que finalement notre relation ne fonctionnait pas.
— Vraiment ? Ce n’est pas l’impression que tu donnais quand nous en parlions à l’époque.
Et pour cause, je pensais bêtement vivre un rêve éveillé, aucune ombre au tableau et l’espoir d’un avenir. Évidemment, je me doutais qu’avec le temps ça se gâterait un peu, mais je n’imaginais pas que notre histoire entière reposait sur un mensonge. Je sais bien qu’au début, c’est toujours relativement idyllique, mais j’avais le sentiment que nous avions une base solide et que, une fois cette phase dépassée, nous pourrions être un moment heureux ensemble et avancer main dans la main quelque temps. Quelle idiote je faisais !
— Pour faire simple, il s’est avéré que nous n’étions pas sur la même longueur d’onde, que nous ne voulions pas le même genre de relation.
Indéniablement, Emie veut en savoir plus. Néanmoins, devant mon refus manifeste d’entrer dans les détails, elle bat en retraite.
— Peut-être que ce dossier se traitera vite, m’encourage-t-elle.
De ce que j’ai parcouru vite fait du contrat, la probabilité que je puisse l’expédier rapidement est mince.
— On verra bien. Ce n’est pas comme si toi ou moi pouvions remédier à la situation.
— Peut-être que ça t’aidera à tirer un trait définitif sur Max.
Sa remarque me surprend. Qu’est-ce qui lui fait penser que ce n’est pas le cas ? Mon ton ? Mes réponses courtes ?
1 commentaire
alexia340
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Il y a 5 ans