Fyctia
Chapitre 1
Ma foulé est toujours assez soutenue au début de ma course. J'aime que chaque pas m'éloigne peu à peu de ma prison familiale.
Je n'ai jamais osé aller plus loin mais pourquoi s'enfuir? Pour aller où et faire quoi? Je me suis toujours convaincu que ce n'était pas la solution. Alors je me contente d'un footing. Dans ces moments là je me sens invincible, libre et moi-même. J'ai cette impression de respirer sans ressentir ce mal dans ma poitrine. Ce gouffre qui creuse mon abdomen de jour en jour. Qu'elle que soit la météo, je cours pour survivre.
Il doit être sept heures, le soleil se montre. Ou plutôt la lumière, car les nuages sont chargé de pluie et me glace la peau à chaque seconde. Je n'ai pas prit le temps de me préparer dans de bonne condition ce matin. J'étais trop pressé de partir de la maison pour faire s'envoler toutes les images de cette nuit. Encore ces foutus cauchemars!
Car en ce moment, soit je ne dors pas, soit mon sommeil (qui doit me détester) me fait revivre en boucle les dernières heures de mon ancienne vie de "jeune femme avec avenir tout tracé." Le genre de pack bonheur que mes parents m'ont fait croire depuis que je suis toute petite. Celui auxquels ils ont tant cru.
Je cours en pensant à tout ce gâchis chaque matin au levé du soleil depuis des mois. Ca me permet surtout de ne pas craquer. Je refoule une colère tellement forte qu'elle me fait peur. Je n'ai aucune idée de ce qui pourrait arriver si par malheur je ne trouve plus aucun moyen de garder cette tornade qui me ronge de l'intérieur. C'est la première fois que je vie ce genre de situation où la vie s'arrête un beau jour de printemps. Et c'est la première fois que je n'ai plus aucun plan de vie.
Je dois courir depuis un bon moment. Mon corps me supplie d'arrêter mais mon esprit ne veut toujours pas. Je suis trempé et il pleut davantage. Mais aujourd'hui en particulier, je ne souhaite qu'une chose, ne jamais m'arrêter. Ma "situation" effraye mes parents. Ils ne veulent pas affronter la vérité. Celle que je n'ai pas vu venir et que je n'ai pas choisit. Celle dont tout notre entourage à parler pendant des semaines. Celle qui faisait rire. Celle que chaque parent de cette foutu famille redoute le plus tellement ils sont fières et arrogants.
Laquelle? Se faire larguer par son mec! Pour une autre... Tout simplement.
Ces dernières pensées me ramènent devant ma maison, où plutôt celle de mes parents. Le genre de baraque qui dit "regardez comme je réussis parfaitement ma vie". Je secoue la tête en remarquant la sensation d'une nouvelle nausée qui remonte à ma gorge. C'est de pire en pire ce matin. Le moindre détail de cette vie me dégoute. La maison de mes parents qui scintille de propreté, les belles bmw garés dans le beau garage. La tenue de ma mère à 7h30 du matin. Attends, c'est quoi ce bordel?
- Emma! Tu es enfin rentré! Mais pourquoi cours-tu avec un temps pareil? Tu vas finir par avoir une pneumonie avec une telle inconscience! Tu es trempé et frigorifié en plus.
Je n'avais pas remarqué que mon corps tremblait de froid et probablement de fatigue. En même temps, je viens juste d'ouvrir la porte d'entrée. Elle ne me laissera aucun répit dans son état de nervosité.
- Je te rappelle qu'une magnifique salle de sport est à ta disposition dans la dépendance. Personne ne s'en sert jamais et elle m'a coûté une fortune!
Mon père dans toute sa splendeur! Comme à leurs habitudes, ils sont dans le déni total en ce qui me concerne.
- Bon chérie, cesse de rêvasser et va vite prendre une douche. Nous devons partir à 11H15 si nous voulons être les premiers. Je t'ai déposé ta robe sur ton lit. Et s'il te plaît coiffe toi convenablement cette fois-ci!
Ma mère parle tellement vite que mon cerveau n'arrive pas à composer le puzzle du planning d'aujourd'hui.
- Tu as oublié c'est ça? Formidable, Robert elle a oublié!
Elle crie si fort que chacun de mes muscles se crispent.
Elle lève les yeux au ciel et s'en va de la pièce en agitant les bras. Mon père a de nouveau le nez sur son ordinateur. Et le silence tant redouté reprend ses droits.
Moi? Je suis toujours dans la même position. Debout à assister à cette scène sans avoir l'énergie ni le courage d'ouvrir la bouche pour la faire taire.
Ma mère a ce regard que je n'arrive jamais à déchiffrer. Ca ressemble à un mélange de pitié et d'incompréhension. Mais je crois que ce matin précisément il y a aussi de la honte! Elle a honte parce que l'on faite l'anniversaire de ma grand-mère paternelle.
Voilà, je me souviens maintenant! C'est pour ça qu'ils sont sur leur trente et un et qu'ils sont tant apeuré. Je suis dans l'obligation d'être malheureusement présente à ce déjeuner de démonstration. Depuis que je suis célibataire, ils agissent comme si je sortais de prison. Ils évitent de m'amener avec eux chez leurs amis, quand ils vont au restaurant ou lorsqu'ils partent faire les magasins. Mais je ne peux pas vraiment leurs en vouloir. Ces derniers mois je ne suis qu'une ombre triste et vide de toutes émotions mais pourtant remplie de colère. Une puissance dévastatrice que je ne cesse de contrôler pour eux mais aussi pour moi. Sans vraiment savoir pourquoi.
Tout en me lavant machinalement, j'essaie de penser au déroulement de cette journée. Ma famille au grand complet. J'en ai des frissons malgré l'eau brûlante. Mes tantes, oncles, cousins et cousines. Je ne les voient plus depuis ma descente au enfer. Et je suis certaine qu'ils vont s'en donner à coeur joie!
Ils sont évidement tous en couple et vont forcément étaler leur bonheur toute la journée sans se soucier du mal qu'ils vont me faire. Ceux que j'appréhende le plus sont les nouveaux copains de mes cousines. J'ai apprit il y a peu de temps qu'ils ne sont autres que des amis de mon ex ou plutôt de sa nouvelle copine.
Le plus dure dans cette histoire, c'est de se sentir rejeté alors que je n'y suis pour rien. Je me demande comment d'autres parents se seraient conduit. Est ce qu'ils auraient soutenu leur enfant? Est ce que les autres familles se réconfortent ou se protègent? J'en ai pas la moindre idée. J'ai de plus en plus de mal à croire que notre mode de vie est normal. J'ai plutôt le sentiment de ne pas avoir grandit de façon normal. Mais pourquoi?
Mes joues sont de nouveau remplit de larmes. Il faut que j'arrive à me contrôler sinon je ne vais pas sortir indemne de cette longue journée qui m'attend. Il ne faut pas que j'y pense. Je finis donc de me laver les cheveux et j'entame ma préparation. Séchage et lissage des cheveux. Maquillage soutenue mais pas trop. ( Il faut cacher les cernes).
Puis je retourne dans ma chambre et je découvre la robe.
A ce moment précis, j'hésite entre étouffer ma mère avec ou partair en courant. On ne peut pas faire plus guindé. Un coupe droite qui arrive aux genoux. De larges bretelles pour cacher mes épaules et assez ample pour cacher la moindre forme féminine. Elle est tellement discrète et triste. Ce qui est sûr c
4 commentaires
paul geister
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Il y a 7 ans
Meggy raymondeau
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Il y a 7 ans
By-Dreaming-Of-Love
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Il y a 7 ans
By-Dreaming-Of-Love
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Il y a 7 ans