Fyctia
Chapitre 18
La chaleur du poêle me parvient lentement et je frissonne de bien-être.
-Tu vis seul ici ?
Il se déplace à nouveau vers le poêle et ajoute une poudre dans l'eau, qu'il remue lentement avec un bout de bois grossièrement taillé en forme de cuillère. Un délicieux fumet doux et boisé parvient à mes narines.
Il ne répond pas mais ses pensées me parviennent malheureusement très clairement.
Elle va me gonfler avec des questions indiscrètes maintenant !
- Oui. Cela me convient très bien.
Je ne sais plus par quel bout le prendre...
Il lui me tend un bol, puis s'assoit en face de moi sur une caisse, avec le sien.
Il souffle lentement sur le liquide et tient sa soupe de ses deux mains ouvertes, ce qui lui permet de les réchauffer.
Je fais de même et hume le contenu. Ça sent vraiment très bon.
- C'est quoi ?
- Une soupe de ganoderme luisant. On l'appelle aussi reishi.
- Je connais ! Ma mère m'en a parlé. C'est un des champignons les meilleurs pour la santé, non ?
- Il n'y a pas grand chose d'autre de mangeable qui pousse par ici à l'automne, alors j'en cueille un max, je les fait sécher et j'en mange tout l'hiver.
Il se laisse enfin aller à parler un peu !
Je l'encourage à continuer en lui posant une autre question.
- Il n'y a que ça à manger par ici ? On est où précisément d'ailleurs ?
Il écarte un bras et prend un ton un peu théâtral.
- Bienvenue dans la station balnéaire préférée des Catalans du XXIème siècle mademoiselle !
J'en reste bouche bée.
Oups, je crois que je suis gênant, là.
Je ne peux retenir un sourire. Il a un côté attachant le solitaire.
Il replace sa main autour de son bol et reprend d'une voix neutre.
- Aujourd'hui c'est la ville maritime la plus déserte de l'ancienne province de Catalogne en Espagne. Et ça tombe bien j'aime pas les gens.
Ok, sa presque bonne humeur n'aura pas duré longtemps. Je parle plus pour moi-même que pour lui.
- Je pensais bien être en Espagne.
- Parce que vous ne savez même pas où vous allez quand vous vous télétransportez ?
Tu parles d'un pouvoir bidon !
Grrr ! J'aimerais bien ne plus pouvoir lire dans ses pensées parce qu'il m'énerve franchement, là ! Je ne vais pas pouvoir rester stoïque longtemps. Il n'y a pas un bouton of quelque part ?
- Ceux qui sont très expérimentés y arrivent, mais les novices comme moi, non.
Quoi que, je viens d'y arriver aujourd'hui.
- Quand tu vas rentrer chez toi, tu peux très bien te planter et atterrir en Amérique alors ?
Il met le doigt la où ça fait mal...
C'est vrai que je n'ai pas intérêt à me rater. Mme Ciya n'est plus là pour assurer mes arrières. Cela me rappelle que j'ai une mission à accomplir vite ! Je dois le faire parler un maximum pour découvrir pourquoi je suis là.
- Tu manges quoi à part des champignons ?
- Des plantes, du poisson et des fruits de mer. Il m'arrive aussi de troquer des objets ou des vivres avec les Black Mambas, quand je me déplace dans un bidonville près de Barcelone.
Je ne peux m'empêcher de lui poser une question.
- Les Black Mambas ? C'est qui ?
Ils ne savent vraiment rien du monde actuel ces pauvres Indigos !
- Ce sont des magiciens, comme toi, mais vêtus de vert avec une cape noire. Ils ne font pas que du troc. Ils maîtrisent la magie noire.
Christopher ! C'est lui et ses sbires qui doivent se faire appeler ainsi !
- Ces gens n'ont rien à voir avec les Indigos. Ils poursuivent un but à l'opposé du nôtre.
- Eux ils nous aident à survivre, pas vous.
- C'est faux ! Nous accueillons tous les humains qui veulent venir vivre avec nous !
Sauf que personne n'a envie de finir enfermé dans votre secte d'illuminés !
Je suis outrée ! Une secte ! Non mais n'importe quoi ! Il ne comprend rien ce pauvre type !
- Tu crois que ton mode de vie va sauver l'humanité ?
- Je ne dépend de personne et je ne nuis pas à l'environnement. C'est le meilleur mode de vie, non ?
- Quand on est égoïste sûrement !
- Je suis survivaliste, pas nombriliste. J'avais installé une BAD : base autonome durable, avec mon père et on a survécu quelques années grâce à ça. Maintenant c'est le troc avec les Black Mamba qui me permet de tenir. Les hivers sont trop rudes. Rien ne pousse et je dois faire des réserves. Si je pouvais je ferais comme vous les Indigos. Je me barrerai de cette planète !
Mon sang se glace.
J'ai bien entendu ce qu'il vient de dire ?!
4 commentaires
Rose Leucate
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Il y a 6 mois
M.B.Auzil
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Il y a 6 mois
Anthony Dabsal
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Il y a 6 mois
M.B.Auzil
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Il y a 6 mois