Fyctia
Chapitre 18 : Alerte
**import socket
import psutil
def get_active_connections():
connections = psutil.net_connections(kind='inet')
active_ips = set()
for conn in connections:
if conn.status == "ESTABLISHED":
active_ips.add(conn.raddr.ip)
return active_ips
print("Connexions en cours :", get_active_connections())**
Cela faisait une semaine que je codais avec Théo sans relâche, enchaînant les nuits courtes et les cafés à n’en plus finir. J’ajoute une parenthèse au marqueur noir sur la vitre de la douche, remplie de lignes de code qui avaient débordé du tableau blanc. La salle de bain ressemblait à un véritable bunker informatique. Je n’avais pas quitté cette pièce depuis 5h du matin.
La porte s’ouvre dans mon dos, me tirant de ma concentration. Je tourne la tête, m’attendant à voir Noa ou Theo.
Ce n'était pas le cas. Je me fige lorsque c'est un inconnu torse nu qui se tient là. Grand, musclé, cheveux rasés de près. Une cicatrice marque son cou. Nos regards se croisent. Son expression passe de la surprise à une curiosité silencieuse en observant la pièce et les codes affichés partout.
Mon cœur bat à tout rompre. Lentement, ma main glisse vers le tiroir où repose mon arme.
Il entrouvre la bouche, prêt à dire quelque chose, puis s’arrête, détaillant mon travail d’un air intrigué. Je m’apprête à dégainer quand un rire familier éclate derrière lui. Noa passe son bras autour du sien, à moitié habillée, en chemise d’homme trop grande, les jambes nues.
"Oh merde, Eli…"
Son air est un mélange d’amusement et d’embarras.
Mon cerveau est capable d’interpréter des suites complexes de chiffres et d’algorithmes, mais il est totalement incapable de comprendre ce qu’il voit à cet instant.
"Désolée, on ne savait pas que tu serais là… On voulait juste… prendre une douche."
Un plan cul.
"J’ai failli faire un arrêt cardiaque, putain."
Je referme le tiroir et passe une main dans mes cheveux, essayant de calmer mes nerfs.
L’homme balaie la pièce du regard et plisse les yeux.
"Qu’est-ce que c’est que ça ?" demande-t-il d’une voix grave, perplexe devant ce laboratoire improvisé : un laptop ouvert et allumer sur un meuble de salle de bain, une douche aux parois recouvertes de codes, et un tableau blanc sur lequel, en bas à droite, trône un pendu griffonné. Les lettres dessinent G.O.U.V.E.R.N.E.M.E.N.T.. Le bonhomme pendu a l’air effrayant à cause d'un œil manquant.
"Tu peux m’attendre dans la chambre ? J’en ai pour deux minutes, sourit Noa en le poussant gentiment vers la sortie."
L’homme hésite, me jette un dernier regard, puis sort.
Je croise les bras, et Noa comprend qu’elle va avoir des problèmes. Elle referme la porte derrière elle.
"Militaire ? je demande, glaciale.
— Ouaip.
— Canon.
— Je sais ! s’exclame-t-elle avec un sourire satisfait, les yeux pétillants comme si elle revivait sa nuit."
Je me rapproche, furieuse. Elle a de la chance que je ne la balance pas sous l’eau froide pour lui remettre les idées en place. À la place, je me contente d’une pichenette sur le front.
"T’es inconsciente, putain ! Ramener un mec dont tu ignores tout, ici ?! Et s’il était un espion ?! Et s’il nous surveillait ?! Et s’il avait compris ce qu’on faisait ?!"
Elle grogne et s’assoit sur le couvercle des toilettes.
"Déjà, de un, tu n’essaies pas de nous tirer d’affaire, mais de foutre encore plus le bordel.
— Bordel dans lequel tu m’as embarquée, je te rappelle.
Elle lève la main pour m’ordonner le silence.
— J’ai pas fini. De deux, je connais Steve depuis un moment. Je le croise depuis deux ans dans un bar où j’ai mes habitudes. Bien avant que cette enquête ne commence. De trois, tu peux pas suspecter tout le monde d’être un espion.
Si, je peux.
—De quatre… Eli, j’ai besoin de sexe."
Je soupire. Toujours cette façon qu’a Noa de minimiser ses conneries pour les rendre acceptables.
"Bien. Si ça peut t’aider à évacuer le stress, fais ce que tu veux… Mais pour l’amour du ciel, et pour ma tension artérielle, fais ça chez lui.
— Noté."
Je la regarde, hésitante, et finis par lâcher :
"Tu sais, j’ai pas mal d’argent de côté."
Elle arque un sourcil.
"Je sais ? Tu paies presque plus de loyer que moi.
— Noa… Je stresse à chaque fois que tu passes cette foutue porte. Laisse-moi t’engager un garde du corps."
Elle cligne des yeux avant d’éclater de rire.
"T’es sérieuse ?
— Oui !
— Mais tu déconnes, Eli ?! Ça va te coûter une fortune et c’est pas nécessaire.
— Ça l’est. J’ai de l’argent, vraiment beaucoup. Et ça me ferait du bien de savoir que tu es en sécurité. Réfléchis-y."
Elle soupire, roulant des yeux.
"D’accord, j’y réfléchirai."
Midi. Theo m’a convaincue de sortir manger dehors avec lui, sous prétexte que je deviens une recluse. On est attablés à la terrasse d’un café, près de l’université. Certains étudiants me fixent, sûrement à cause du spectacle que j’ai donné la dernière fois. Malgré mes lunettes de soleil et ma capuche, j’ai du mal à passer inaperçue.
"T’as l’air d’une vraie casanière, tu le sais ça ?
— Je te signale que ça fait une semaine que je me sacrifie pour t’accompagner à tes pauses café. Sérieusement, t’as pas d’amis ?
— Tu deviens méchante, se moque-t-il."
Je lève ma tasse et prends une gorgée de café, bien meilleur que celui de l’appart.
"T’as quel âge, d’ailleurs ?
— 22 ans."
Un an de moins que moi. Un an de plus que quand j’ai quitté la fac.
Nos téléphone vibrent sur la table, en même temps.
Mon cœur se fige quand je découvre que ce n’est pas Noa.
C'est l’alerte de sécurité. Quelqu’un est entré dans l’appartement.
Théo relève la tête de son portable, son expression traduisant qu'il l'avait reçus aussi.
Je me lève brusquement, la chaise racle le sol dans un bruit strident. Theo suit mon mouvement sans poser de questions, il voit la panique dans mes yeux.
"Retrouve Noa. Sois sûr qu’elle est en sécurité, dis-je rapidement."
Il ouvre la bouche, mais je suis déjà partie.
Je fonce vers la sortie du café, ignorant le regard des autres clients.
"ELI !"
Une silhouette me barre la route.
Capuche baissée, mains sur mes épaules pour me retenir.
L’adrénaline explose dans mes veines.
Avant que la panique ne me fige, un bruit sourd claque dans l’air.
Le visage de l’inconnu part en arrière sous l’impact d’un coup de poing.
La scène se fige une fraction de seconde. Les conversations s’interrompent, les clients du café se retournent. Je n’ai même pas eu le temps de comprendre ce qu’il se passe que Theo attrape ma main et m’entraîne en courant.
Mon souffle est court. Je jette un regard derrière moi. L’homme se redresse lentement, la joue marquée, la main plaquée contre son visage meurtri.
Mais il ne bouge pas. Son œil dépasse de l’ombre de sa capuche, brillant d’une lueur étrange sous la lumière du soleil.
Une prunelle perçante.
Une couleur qui me glace le sang.
C’était lui.
L’homme de la ruelle.
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