Fyctia
34 - Avouer ses péchés
— Aaaaaaaaaaaah !
Il manque de tomber du rocher, mais je le retiens in extremis.
— Qu’est-ce que tu fais ?
— Je te sauve de l’insolation.
Il jette un regard hagard autour de nous. Puis il semble se souvenir que nous sommes toujours sur une île déserte.
— Je sais pas si je dois te remercier ou te pousser à l’eau.
Je ris et après un temps d’hésitation, il finit par rire avec moi.
— C’est toujours comme ça, les sorties plongée ?
Je hausse les épaules.
— Non d’habitude on se fait aussi courser par des requins.
Il lève les yeux au ciel avant de piquer une tête. Comme moi plus tôt, il n’ose pas s’éloigner du rocher. Depuis que nous y sommes, je suis presque sûre que quelques bateaux nous ont vu. L’îlot de la Gabinière est une réserve naturelle. À part pour les naufragés que nous sommes, on n’est pas censés y mettre les pieds. Mais personne ne s’est approché. Soit ils s’en fichent, soit ils ont pensé que nous étions juste en train de nous amuser. C’est vrai qu’on s’éclate comme des fous.
— J’ai soif ! râle Anthony en remontant.
— J’ai faim.
— Ça, c’est ta faute ! Tu aurais dû manger avec nous au lieu de te jeter sur tes recherches.
— Je suis là pour le travail !
— Ça, on est au courant ! Tu ne fais qu’angoisser là-dessus !
— Désolée de me soucier de mon avenir, pas comme d’autres qui ont une place assurée !
Oups, j’ai remis les pieds dans le plat. Je ne m’en rends compte qu’à l’instant où les mots franchissent mes lèvres et où je le vois blanchir à nouveau. Vraiment, il devrait se faire tester, c’est bizarre de changer de couleur à chaque émotion désagréable.
— Oui, pardon, je sais, je ne devrais pas te saouler avec l’entreprise de ton père.
Je n’aime pas m’excuser mais bon, ça fait plusieurs fois que je lui prends la tête là-dessus, je me sens un peu coupable.
Pour cacher mon embarras, je me tourne vers la mer et m’étends sur mon rocher.
— Je vais faire une sieste, réveille moi si Anaïs vient nous sauver.
Voilà qui devrait couper court à toute dispute, explication ou reproches d’évènements qui se sont passés huit ans plus tôt.
Je n’arrive pas à trouver le calme toutefois. Peut-être est-ce à cause de la dureté de la roche sous mes côtes, ou du bruit des vagues dans mes oreilles, toujours est-il qu’il m’est impossible de cesser de cogiter.
Anthony reste silencieux, dans mon dos. Peut-être qu’il s’est rendormis, lui. Un raclement de gorge m’apprend que ce n’est pas le cas.
— J’ai démissionné, finit-il par chuchoter. J’ai démissionné de l’entreprise.
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Koryn Bay
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Il y a 2 ans
Aurora Auremma
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iris monroe
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R.T. Manon
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Il y a 2 ans