Fyctia

Pas le temps de me sentir coupable. J’ai cinq jours pour finir mes analyses. Au rythme d’un site différent par jour, je n’ai vraiment pas le loisir de lambiner. Ils pourront se détendre pendant que je fais mes relevés.

Pour aujourd’hui, il faut que nous ayons rejoint le premier point de mouillage avant la soirée.

Pendant qu’Anaïs prépare la navigation avec Baptiste, Anthony et moi nous chargeons du débarquement du van. Ma meilleure amie n’a pas pu se garer à proximité de la jetée, alors nous devons marcher un moment pour rejoindre le véhicule.

J’ouvre les portes et Anthony fait un bond en arrière.

— Sérieux ? C’est quoi tout ça ?

— Mon équipement.

Heureusement qu’Anaïs a un van, car je ne suis pas sûre que tout rentrerait dans le coffre d’une simple voiture.

— Ça ne va surtout pas rentrer dans le voilier !

Il exagère, le Beau Soleil a assez de compartiments de rangement.

— Je sais que tu dois maintenir ton look de play boy, mais je ne pensais pas que tu avais besoin de tant de place pour tes produits de beauté !

— Ha ha ha ! Tu peux te moquer mais je ne sais déjà pas où je vais mettre toutes les provisions !

Je lève les yeux au ciel. Moi je me demande surtout comment ils vont manger tout ça en une semaine.

Je m’empare de deux sacs contenant mes instruments de mesure, pendant qu’Anthony se charge de deux bouteilles d’oxygène.

— Je ne savais pas que tu faisais de la plongée !

Mes pas se font tout de suite plus légers à l’idée de rejoindre les profondeurs marines. Et c’est enfin un sujet sans risque !

— J’ai même mon diplôme d’instructeur.

— Là-dedans aussi, tu veux être la meilleure ?

— Je ne suis pas la meilleure, loin de là.

— Tu pourras me faire faire un baptême ?

Je l’observe des pieds à la tête. Une plongée avec lui ? Je ne sais pas si j’ai envie de partager ma passion. Il serait capable de tourner ça aussi en dérision.

— Peut-être. Si on arrive à destination.

J’ajoute cette dernière remarque car à peine avons-nous mis un pied à bord que nous entendons Anaïs protester :

— Je t’assure que cette route nous permettra d’arriver plus vite !

Baptiste secoue la tête en tapant à un autre endroit sur la carte avec son stylo.

Je voudrais intervenir mais Anthony me pousse vers le quai.

— Laissons-les régler ça. On n’est pas prêt d’en finir avec le déménagement.

Un coup d’œil à ma montre et je le suis aussi vite que possible sans pour autant courir.

— Il va m’en falloir une aussi, commente Anthony alors que je récupère ma combinaison de plongée et celle d’Anaïs dans le van. Tu crois que je pourrais en louer une avant de partir ? Ils doivent en avoir à la base nautique.

Je soupire. Peut-être qu’il sera plus tolérable si je fais un pas vers lui.

— Il te faut surtout une bouteille et des palmes.

— Je vais aller voir…

Je l’arrête en le retenant par le bras. Le contact envoie de petits frissons le long de ma colonne vertébrale que je fais tout mon possible pour ignorer.

— On a des équipements pour les jeunes qu’on forme au club qui ont dû rester là.

Je lui montre notre stock au fond du véhicule.

— Ça me rassure de savoir qu’en fait on n’aura pas l’intégralité de ce bazar à monter sur le voilier.

— Juste ce qui est là.

Je lui montre mes caisses d’analyses, et le reste du matériel de plongée.

— OK, je retire ce que j’ai dit.

— Tu devrais être content d’avoir un prétexte pour mettre tous ces muscles en action.

Je me mords la lèvre quand je réalise ce que je viens de dire mais c’est trop tard. Le sourire en coin est de retour et en pleine forme.

— Oh mais je serais plus qu’enchanté de te montrer comment marchent mes muscles. Tu voudras peut-être aussi les toucher. On ne se rend pas bien compte de loin…

Mes joues s’embrasent et je m’enfuis presque au pas de course.

— Choisis une combinaison à ta taille, lui crié-je de loin.

— Tu ne viens pas m’aider à l’enfiler ?