Fyctia
Chapitre 3.1
Après notre pause, nos instructeurs ont tenu à nous parler d’une chose importante.
Nous sommes maintenant devant eux, impatient d’entendre leur discours.
— Nous devons discuter d’un aspect sérieux de votre formation : les injections.
Des murmures inquiets de répandent dans le groupe, chacun se demandant ce que cela signifie.
Des injections ? De la drogue ?
— Vous voulez nous droguer ? demande un enfant du groupe.
En observant ce garçon, une profonde tristesse m’envahie : comme peuvent-ils laisser des enfants participer ?
— Ce ne sont pas des drogues, déclare Christophe. Ces injections sont conçues pour que vous développiez des capacités hors normes : invisibilité, force surhumaine et bien d’autres.
Les expressions sur les visages vont de la surprise à la méfiance.
Sont-ils vraiment entrain de dire que nous allons obtenir des super pouvoirs ?
— On va devenir des super-héros ? demande une jeune fille, les yeux écarquillés d'excitation.
Mathilde esquisse un sourire, mais son regard reste sérieux.
— En quelque sorte, répond-elle. Ces injections sont conçues pour améliorer vos capacités physiques et mentales, vous donnant un avantage indéniable pour vos épreuves.
— C’est sans danger ? insiste Jad, sa voix trahissant son inquiétude.
— Nous comprenons vos préoccupations, répond Christophe. Les injections ont été rigoureusement testées pour minimiser les risques. Nous vous assurerons une surveillance médicale étroite tout au long du processus.
Ces explications apaisent quelque peu les craintes du groupe, mais une tension demeure dans l’air.
— Et si nous ne voulons pas les prendre ? demande le roux de tout à l’heure, une lueur de défi dans le regard.
Mathilde hoche la tête, apparemment préparée à cette question.
— Les injections sont obligatoires pour tous les participants, pour assurer une compétition équitable.
Le silence surplombe la salle, chacun absorbant cette information. Les injections sont désormais une réalité incontournable de notre parcours dans le tournoi.
Mathilde et Christophe ont rajouté que ces « pouvoirs » seront spécifiques à nos aptitudes intérieures. Ils se développeront dans les heures suivantes ou bien les jours d’après.
Les entraîneurs nous conduisent dans une salle adjacente, où des lits d’examens sont préparés. Des médecins en combinaison nous accueillent, prêt à nous administrer les injections.
Je me glisse sur le lit d'examen proche de celui de mon coéquipier, mes pensées tourbillonnant dans ma tête. Les médecins s'approchent, portant des seringues remplies d'un liquide mystérieusement vert. Mon cœur bat la chamade, mais je tente de garder mon calme en me rappelant que c'est pour notre formation.
Un docteur s’approche avec une piqûre contenant le sérum.
— Allongez-vous et respirer lentement. Ça ne fera pas mal, c’est comme un vaccin, m’explique-t-il.
J’applique ses conseils, détourne le regard et ferme mes paupières de toutes mes forces, ne voulant pas voir l’immense aiguille transpercer ma peau.
Je ressens un pincement, un légère sensation de brûlure puis c’est fini. J’inspire profondément, sentant le liquide froid se diffuser dans mon corps.
Une fois l’injection terminée, je reste encore quelques secondes allongée suite au recommandation du docteur.
La tension dans la pièce est palpable, chacun se préparant mentalement à ce qui va suivre. Les médecins passent d'un participant à l'autre, administrant les inoculations avec dextérité. La sensation s'estompe rapidement, laissant place à une étrange légèreté dans mon corps.
Pendant que je récupère, je jette un coup d'œil à Jad, qui semble aussi absorbé dans ses pensées. Nos regards se croisent brièvement, et je lui adresse un sourire rassurant, espérant lui transmettre un peu de réconfort.
— Tu vas bien ? Souffle-t-il.
— Je crois que ça va et toi ?
Il hausse les épaules.
— Je ne vois pas vraiment de changement. Et toi bonhomme ? questionne Jad au garçon à ma gauche.
C’est l’enfant que j’ai vu plus tôt. Il n’a pas l’air en point : il est pâle, il tremble de froid mais pourtant transpire abondamment.
Je saute de mon lit pour venir à son aide.
— Qu’est-ce qu’il se passe ? S’inquiète-t-il.
— Rien, je réponds en lui souriant d’une manière qui se veut rassurante, tu veux boire ?
— Oui ! J’ai trop trop soif !
J’aperçois une bouteille d’eau sur le chevet près de son lit. Je lui ouvre, lui donne puis remonte la couverture jusqu’à ses bras. Pendant ce temps, Jad appelle discrètement un docteur pour ne pas l’angoisser davantage.
— Comment tu t’appelles ?
— Roméo et toi ?
— Je m’appelle Ana. Comment tu te sens ?
— Je me sens très faible et j’ai froid. Tu ressembles à ma maman, déclare Roméo en me touchant les cheveux. Tu peux rester avec moi ?
Ses paroles me prennent le coeur et le jettent par terre. Il ne fallait pas être savant pour comprendre qu’il était entrain de rejeter l’injection.
— Bien sûr, je suis sûre que tu avais la meilleure des mamans. Comment elle s’appelle ?
Je décide de lui faire la conversation pour qu’il ne cède pas à la panique le temps que les docteurs arrivent, espérant qu’ils ne mettent pas une éternité non plus.
— Elle s’appelle Alice Cavaneau. On habite à la frontière de Xera, j’espère pouvoir lui faire coucou à la fin du tournoi, m’avoue-t-il en rigolant.
Son rire ne dure pas et mon sourire s’efface immédiatement, la tension dans la pièce monte d'un cran alors que Roméo commence à convulser violemment. La panique s'empare de moi alors que je me précipite vers son petit corps, cherchant désespérément à l'aider. Les médecins accourent, et une atmosphère de chaos s'installe dans la salle d'examen. Roméo est rapidement entouré par une équipe médicale qui tente de stabiliser son état, mais la gravité de la situation est palpable.
— Préparez un antidote rapidement ! ordonne un des médecins, la voix empreinte d'urgence. Vous, ne restez pas là, rejoignez les autres participants !
Je quitte la scène, impuissante, observant avec terreur les efforts des médecins pour le sauver. Une boule d'angoisse se forme dans ma gorge alors que je réalise l'ampleur de la situation. Les injections, loin d'être une bénédiction, semblent maintenant être une malédiction.
Jad me prend dans les bras, m’obligeant à détourner le regard tandis que je fonds en larmes. Un enfant n’ayant même pas atteint ses 10 ans qui risque de mourir à cause d’un jeu stupide ! Dans quel monde vit-on ?!
Alors que les minutes semblent s'étirer à l'infini, les médecins continuent leur travail acharné. Mon cœur bat la chamade, et une vague de culpabilité m'envahit. Avons-nous tous fait une erreur en acceptant ces injections ?
Dans cet instant de crise, les illusions de grandeur et les promesses de pouvoir s'évanouissent, laissant place à une réalité brutale et terrifiante. Nous sommes des cobayes, des pions dans un jeu cruel où la victoire peut coûter bien plus que ce que nous avions imaginé.
Et alors que ce drame nous atteint tous, Roméo rend son dernier souffle.
2 commentaires
M.B.Auzil
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Il y a 6 mois
Manon Graulier
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Il y a 6 mois