Fyctia
Retrouvailles 3
Je chuchote en espérant qu'il sera la seul à m'entendre.
— Bastien ? Je t'ouvre mais rien qu'à toi ! Tu entres tout seul !
— D'accord.
Je perçois une pointe de moquerie et d'amusement rien que dans un seul de ses mots.
Comme convenu, je déverrouille la porte et l'entrouvre juste assez pour laisser passer Bastien. Je le tire par la manche de sa veste et referme aussitôt la porte à double-tour. Dans ce petit laps de temps, j'ai le temps d'apercevoir la foule curieuse qui s'est amassée devant la porte.
— Je suis désolée ! J'ai gâché ton expo ! Et je t'ai foutu la honte ! Je suis trop désolée !
— Tu l'as déjà dit.
Je le dévisage. Il a l'air plus attendri qu'en colère. Je suis rassurée.
Il prend connaissance de la pièce et de mes chaussures et boucles d'oreilles éparpillées aux quatre coins de celle-ci.
— Qu'est-ce qui s'est passé, ici ? Tu t'es battue avec un rat ou quoi ?
— Un rat ? Me dis pas qu'il y a des rats ici, en plus !
Cette fois, il n'arrive plus à contenir son rire et se moque ouvertement de moi. Puis, il s'approche. Très près. Je déglutis. J'attends. Il pose ses bras sur mes épaules comme pour me protéger.
— Non, je ne crois pas, t'en fais pas.
— D'accord.
Je me détends sous le contact de ses mains. Je résiste à l'envie de me blottir contre son torse. Nos bassins se touchent presque.
Il murmure à mon oreille :
— Je t'ai dit pourquoi je t'avais invitée. Et toi, alors ? Pourquoi tu es venue ?
J'essaie de fuir son regard mais il me contemple avec tellement d'attente que c'est impossible. Je cherche mes mots. Je résiste à l'envie de me dérobée avec une boutade : pour le champagne et les toasts. Non, cette fois, je me dois d'être sincère. Aussi sincère et direct que son regard sur moi à cet instant.
— Pour voir si on pouvait se redonner une deuxième chance, toi et moi...
Ses mains descendent de mes épaules à ma taille. Une douce chaleur se diffuse entre nous.
— Et alors ? susurre-t-il à quelques millimètres de mes lèvres.
Je n'ai pas envie de rompre le charme mais je poursuis dans la sincérité :
— Alors je ne sais pas... Je ne suis pas sûre de pouvoir supporter tout ça... Les soirées mondaines... Les gens qui t'accaparent... Moi qui t'attends...
Il sourcille mais m'écoute attentivement. Il hoche plusieurs fois la tête avant de déclarer solennellement :
— Je ne te laisserai plus toute seule. Jamais. Promis.
Je crois que c'est tout ce que j'avais besoin d'entendre. C'est bête, mais ces seuls mots réussissent à dissiper tous mes doutes. Je lui offre mon plus beau sourire. Il devine mes pensées.
— On pourrait s'embrasser là, maintenant...
— On pourrait..., je confirme, déjà prête à accueillir son baiser.
— Mais une fois qu'on aura commencé, je n'aurais plus envie de m'arrêter... Or, il va bien falloir qu'on sorte de cette pièce un jour...
Je fais la moue comme une gamine frustrée.
— Tu préfères qu'on reste avec les rats ?
Je secoue la tête.
— Tu proposes quoi ? je demande en remettant mes escarpins.
— Chez toi. C'est plus près.
J'acquiesce. Il me donne la main.
— Prête ?
Nouvel acquiescement de ma part.
Nous passons la porte et je suis étonnée de constater que beaucoup de gens sont restés devant la salle attendant qu'on en sorte. Des rires et des sifflets fusent. Il y en a même qui applaudissent. Je pique un fard. Bastien, lui, est hilare. Il tient toujours fermement ma main dans la sienne et ne semble pas près de la lâcher. Ça me réconforte. Main dans la main avec lui, je me sens prête à traverser la foule. C'est ce que nous faisons et nous avons presque atteint la sortie lorsque miss robe à sequins accoure vers nous et tente de retenir le photographe.
— Bastien ? Mais où tu vas comme ça ? Tu ne peux pas partir ! J'ai encore plein de monde à te présenter !
— Désolé, je dois y aller.
— Quoi ? Mais qu'est ce qui se passe ?
Bastien me regarde intensément et répond avant de m'embarquer dans sa fuite :
— Une urgence.
1 commentaire
PIERRE SCHOTT
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Il y a 5 ans