Nina Leroy Auteure S'en tenir à nos rôles 🌘 Chapitre 11 - Olivia [2/2]

Chapitre 11 - Olivia [2/2]

Malo et Gabriel sont deux personnages haut en couleur. Extravertis, tactiles, sociables, ils ont un répondant inégalé et une facilité remarquable à s’intégrer. Évidemment, le sujet de la moto revient souvent sur le tapis, mais ils s’intéressent aussi beaucoup aux gens autour d’eux.


— Alors alors l’américaine, qu’est-ce que tu peux nous raconter de beau qui vient de l’autre continent ? sort Gabriel.


— Que tu devrais te trouver un autre prénom si jamais tu veux y aller aussi.


— Et pourquoi ça ? répond-il, intrigué.


— C’est fou comme les prénoms français sont un calvaire à prononcer pour eux. Autant te dire que Gabriel ils n’y parviennent pas, déjà qu’ils n’arrivent pas vraiment à prononcer nos R. Le mien est pourtant pas compliqué, ça n’empêche que je l’ai raccourci en Oli, sinon à chaque nouvelle rencontre je mettais plus de cinq minutes à essayer de leur apprendre la prononciation, pour que ça se solde par un échec.


— Tu parles d’une puissance mondiale, se marre Malo. Et c’est vrai que ce sont des brêles en géographie ?


— Carrément ! Pour la majorité d’entre eux Paris est un pays, ou alors la France se résume à Paris, genre on n’aurait pas d’autres régions. J’ai bien rigolé quand je disais que je venais de la campagne. Bon, ils connaissent le vin français, du coup je leur expliquais que j’habitais la région des vignes, c’est un peu synthétisé mais je n’avais pas envie de donner des cours à chaque personne que je rencontrais.


— Tu as réussi à te lier rapidement d’amitié là-bas ? s’intéresse Marie, la femme de Liam.


— À vrai dire, ce n’est pas très compliqué de rencontrer du monde quand tu es une française aux États-Unis. Notre langue pour eux c’est genre, de la poésie. Tu peux dire n’importe quoi qu’ils trouvent ça magnifique, et puis, je ne dirais pas que tu es un phénomène de foire, mais tu es vite repérée et on te présente comme « la française ». C’était déroutant au début, puis après on s’y habitue.


— Ça doit être un putain d’avantages pour la drague ça ! s’esclaffe Malo.


Tandis que Emmy rebondit aussitôt en expliquant qu’elle pense la même chose, et que les deux énergumènes se tapent dans la main, le corps de Joseph se contracte sous le mien. Il se redresse gauchement sur la chaise, me maintenant solidement sur ses cuisses mais je sens bien que le sujet ne lui plait pas franchement.


— Regardez-moi le grand frère qui refait surface, le taquine Liam qui distingue sa gêne.


— C’est pas mon…


— C’est pas ma…


Nos réponses en chœur meurent sur nos lèvres au même moment. Rien ne sert de se justifier encore une fois. Au lieu de ça, j’attrape ma bière dans laquelle je bois une gorgée et je pose une paume sur la jambe de Jo’ et la presse doucement.

D’extérieur, les gens pensent que je maintiens ma position alors qu’entre nous, il doit comprendre que c’est pour lui assurer que tout va bien.


— À vrai dire oui et non. C’est intéressant, si tu veux te faire sauter par tous les mecs du coin qui n’en n’ont pas grand-chose à faire de toi au fond.


Janelle avale sa boisson de travers et éclate de rire, stupéfaite par ma réponse. Derrière moi, je perçois un son de gorge rauque, Jo’ tente de dissimuler sa réaction, avec le bruit de la soirée, seule moi ai dû l’entendre. Sa main libre se balade discrètement à la frontière entre ma cuisse et ma fesse, et je ne suis pas sûre que ce geste soit anodin. Des frissons me surprennent et mon entre jambe se serre tellement que je pourrais croire y sentir mon pouls pulser.


On passe le reste de la discussion à parler des différences culturelles, des anecdotes, des préjugés, tout y passe. Pendant ce temps, Jo’ se la joue naturel et décontracté, mais je suis certaine que chaque geste est réfléchi et maîtrisé. Comme lorsqu’il se penche pour attraper une autre bière et que sa main glisse sur l’intérieur de ma cuisse, ou bien qu’il me tend la bouteille pour que je lui décapsule, avec un regard flamboyant et pénétrant. J’ai l’impression que mon sang chauffe, je commence à bouillir, et la frustration mélangée à l’envie m’accapare et m’écrase dans un étau.


— Petite clope ? demande Marcus.


La moitié du groupe sort par la baie vitrée, y compris Joseph. Il m’attrape par les hanches et me soulève avant de me laisser sa place assise. Machinalement, je pose mes mains sur les siennes, et plonge mes yeux dans les siens pour sonder son état d’esprit. Mais Jo’ est habitué à fermer son esprit aux autres, il a toujours agi ainsi.


— J’ai besoin de prendre l’air Moon, me souffle-t-il à l’oreille.


L’air chaud de sa respiration me caresse la peau, son ton presque plaintif le trahi. À lui aussi ça lui demande un certain self control pour donner le change. Sauf qu’on sait tous les deux que nous comporter autrement attirerait encore plus les regards, parce que notre entourage proche nous connaît ainsi.


On reste à discuter dans le salon avec Malo, Gabriel et Janelle, cette dernière s’entend à merveille avec les garçons, ils rebondissent les uns les autres aux différentes blagues et j’apprécie ce moment où il n’est question que de rires. Je tape d’ailleurs un des plus gros fou rire depuis mon retour en France, et c’est comme si un poids me quittait. Il y aura bien un jour où ça ira mal, où je ne pourrais pas éviter l’inévitable, mais ce soir je vais bien. Je vais plus que bien.


À peine distraite par la discussion et la musique qui tourne en fond depuis le début de la soirée, j’observe le reste de nos amis rentrer dans le salon quand un détail m’intrigue. Emmy et Joseph sont les derniers et échangent des messes basses virulentes si j’en crois leur gestuel, on dirait presque qu’il se disputent. Quand Jo’ s’aperçoit que je le remarque, il m’adresse un clin d’œil et un sourire enjôleur avant de prendre la direction des toilettes. Malheureusement, ça n’enlève en rien cette intuition étrange et malaisante d’avoir l’impression qu’il y a anguille sous roche.


— Hey ! On se ferait pas un je n’ai jamais, à l’ancienne ? lance Janelle.


— Ça c’est une idée de génie, se réjouit Gabriel.


Les plus sages de la soirée comme Marcus ou Anaïs ne s’enthousiasment pas plus que ça, néanmoins, la bonne humeur contagieuse du trio infernal qui ouvre déjà plusieurs bouteilles de bières motive les troupes.


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22 commentaires

Noémie H.

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Il y a 9 mois

Hâte de lire la suite 🙂

Nina Leroy Auteure

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Il y a 9 mois

Merci pour ton soutien 🥰

Diane Of Seas

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Il y a 9 mois

💚

Gwenaële Le Moignic

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Il y a 9 mois

;-) Belle journée et à très vite !!!
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