Fyctia

Silva, terre protecteur des végétations

La forêt était calme. On entendait à peine les animaux. Près d’un grand fagus, une biche fit un bond pour s’arrêter paître. Sur le grand arbre, il y avait une jeune femme. Elle avait une longue chevelure volumineuse rousse. Elle était vêtue d’une tunique blanche. Dans son dos, il y avait le carquois et dans ses mains son arc. La jeune femme prit une flèche et visa sa cible. Raté ! La biche s’était enfuie. Rapidement, elle descendit de l’arbre pour se mettre à sa poursuite. Après quelques mètres de course, la rousse s’arrêta. Un genou à terre et un regard fixe, elle lâcha sa prise sur sa proie. Mais la biche sauta le tronc d’arbre à temps. La flèche s’était logée dans le tronc. La course reprit. Le vent fouettait sa peau de porcelaine. Elle s’arrêta de nouveau. La biche n’étant plus en vue, elle utilisa son ouïe pour l’entendre. Au milieu des sons, elle entendit des bonds dans l’eau. Un rictus apparut sur ses lèvres pulpeuses. Il n’y avait plus tant de distance entre sa proie et elle. Sa joie fut de courte durée. Elle ne vit pas la ronce et trébucha. Râlant contre celle-ci, elle reprit sa course. Quelques minutes plus tard, elle ralentit. La flèche sur le repose-flèche, la jeune femme marchait en faisant un 360°. Sur sa droite surgit un bruit. Alors sans hésitation, elle tira. Satisfaite, elle alla sur les lieux du crime. Cependant, elle fut surprise d’y trouver autre chose que sa proie : parmi les herbes d’une certaine hauteur se trouvait sur un chêne un homme vêtu de blanc et tenant aussi un arc. Il avait des cheveux d’ébène et un regard de braise. C’est près de son cœur que s’était logée la flèche de la jeune femme.Le jeune homme se détacha de l’arbre subjugué par la beauté de la demoiselle. Il ne ressentait pas la douleur. Tout son être s’était réveillé d’un long sommeil. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait. Ses yeux ne pouvaient quitter les siens qui avaient deux teintes : une iris bleue à droite et jaune à gauche. Ses pieds se rapprochèrent de la rousse sans même qu’il s’en rend compte. La rousse se mit aussi à avancer vers lui. Ils rejoignirent le point central entre les herbes.

-Je n'aurais jamais pensé que cupidon était une femme ; murmura le jeune homme.

La jeune femme roula des yeux. Lentement, elle agrippa la flèche pour l'arracher. Avant de terminer son acte, le jeune homme la stoppa.

-Pourquoi souhaitez-vous la retirer ? demanda-t-il ses doigts autour de son poignet.

La rouquine fronça les sourcils et retira sa main. Au final, elle agrippa son col et remit ses doigts autour de la flèche. Le jeune homme respira un grand coup toujours en la fixant. D'un coup sec, la flèche fut éjectée de son corps. Evidemment, il lâcha un cri sec en une fois la mâchoire tremblante.

-Vous êtes... ; commença le jeune homme.

Il s'écroula sur la rouquine. Tant bien que mal, elle essaya de porter son poids. Ils se retrouvèrent à genoux.

-Qui êtes-vous étranger ? Murmura la rouquine.

Des bruits de pas sonnaient de la direction de l'homme et une foule d'hommes s’y joignirent.

-Invivia ? interrogea un homme d'une soixantaine d’année. Qu'as-tu fait mon enfant ?

- Rien de grave baba, je le jure ! répliqua la rouquine.

Une demi-heure plus tard, Invivia était assise sur un canapé attendant baba. Elle s’interrogeait sur l’étranger de la forêt. Il avait gâché sa chasse enfin surtout son jeu. La rouquine ne tuait que les prédateurs. Elle voulait simplement jouer avec la biche. Elle ne manquait pas sa cible pour rien. C'était la plus grande archère du royaume de Silva. Elle n'attendit pas longtemps avant que baba ne rentre dans son bureau. Le sexagénaire ferma la porte en soufflant.

-C’est une bonne chose que la plaie ne soit pas profonde mon enfant ! Si tel avait été le cas, une guerre aurait éclaté ; dit-il en s'asseyant en face d'elle.

-Une guerre ? Qui est-il père ?

-C'est le roi d'Epnuos, Skylarus !

-Je vois. C'est donc lui le fameux roi tant aimé par les clans ! De toute façon, Esméralda va le guérir !

Invivia se leva pour se diriger vers la petite bibliothèque en bois. Il y avait tant de livres anciens qui sentait le vieux. Un vrai réconfort pour la princesse ! Elle avait toujours aimée cette odeur de livre. C'était cela qui l'avait poussé à aimer la lecture.

-Il ne veut pas se faire soigner par Esméralda. Il préfère guérir naturellement, soupira le roi de Silva, Solanski.

Etonnée, elle se retourna vers son père.

"Qui refuserait de guérir à la minute ? Les dieux ne les avaient pas offerts ses dons pour au final souffrir comme les mortels "pensa Invivia.

Elle trouvait ce roi très étrange. Dans la forêt, elle n'avait pas beaucoup apprécié sa façon de la regarder. On aurait dit qu'elle était un diamant ou la plus belle créature qu'il lui était donné de voir. Cela l'avait donné des frissons. En plus, la première phrase qui sortit de sa bouche l'avait encore plus laissé perplexe. Cupidon ? Non mais oh ! Il avait perdu la tête.

-Il est étrange ce roi baba ! répliqua la rousse en feuilletant un livre.

- Tu lui dois des excuses mon enfant. C'est un invité très important !

-Je compte bien le faire, mon baba adoré !

Invivia embrassa le crâne du roi et s'en alla. Elle voulait parler à Skylarus le plus vite possible afin de retourner vaguer à ses occupations. Mais surtout, une question persistait dans sa tête. La princesse n'était pas très patiente. Les réponses à ses questions devaient rapidement avoir une réponse, faute de quoi elle perdait la tête.

-Rebonjour Don, où se trouve notre invité ?

Don, fidèle garde du clan enleva son masque de sérieux pour sourire à sa belle. Il avait toujours eu un petit crush pour sa vieille amie. Il avait grandi dans le palais. Son père était le jardinier et sa mère l'une des cuisinières. Don et la princesse avait été élevé ensemble.

-Oh que ma journée est belle ! Deux fois en deux heures, je peux mourir en paix ; dramatisa le jeune homme.

-Tu n’as pas intérêt Don ! Menaça Invivia. Tu mourras le jour de ma mort. On est né le même jour donc on mourra aussi le même jour.

Ils rigolèrent quelques secondes. De loin, on aurait dit un frère et une sœur.

-Il se trouve dans l'aile ouest première chambre. Pourquoi tiens-tu à le rencontrer ? Es-tu aussi tombé sous son charme ? Taquina Don, un sourire coquin aux lèvres.

Invivia leva les yeux au ciel. Un coup dans son épaule et elle partit rejoindre Skylarus. Arrivé devant la chambre, elle constata qu'il n'avait pas de garde. Il n'était pas comme les autres. Elle s'apprêta à frapper quand la porte s'ouvrit sur le Roi. Un silence s'en suivit où ils se dévisagèrent. Skylarus sourit légèrement.

-Ma douce cupidon, que me vaut cette honneur ?

Invivia secoua sa tête, un début de rictus aux lèvres.

-Vous demandez si vous avez trouvé votre âme sœur ! Histoire que je sache si j'ai bien fait mon travail ; rentra-t-elle dans son jeu.

-Evidement que vous le faites bien cupidon ! Je suis tombé amoureux de vous !!