emilia.d SCRIPTED LOVE C H A P I T R E | 1 |

C H A P I T R E | 1 |

Note pour un auteur : Ta meilleure source d’inspiration, ce sont les autres.

— Tu veux savoir ce que je pense vraiment ? me dit Liam en me tendant mon Sex on the Beach.


J’observe toujours les dégradés de rose et d’orange avec la même admiration. Liam, mon meilleur ami, est mixologiste au Alchemist, le bar le plus coté de Covent Garden. Pour s’y asseoir, il faut être riche ou célèbre. Si je ne trouve pas vite de l’inspiration, je ne serai ni l’un ni l’autre.


— Vas-y.


Je tâte les glaçons avec ma paille.


— Tu dois mettre plus de cul dans tes romans… C’est bien beau, l’amour sincère, mais ce n’est plus ce que les gens recherchent. T’as vu comment se vend la Dark Romance ? Même les livres de Fantasy s’y mettent. Tu t’es faite remarquer, maintenant tu dois creuser ton trou, Emy. Fais un effort.


Mon voisin se retourne, déconcerté. Liam est obligé de crier pour se faire entendre pendant qu’il secoue son shaker.


— Par pitié ! Tu ne sais même pas de quoi tu parles. On n’écrit pas un livre pour le vendre. C’est plus profond que ça.


— Oh, je t’assure que les livres d’aujourd’hui ne manquent pas de profondeur !


— Tu sais bien que je suis incapable d’écrire ce genre de scènes.


— C’est pas parce que tu n’as jamais rien fait que tu ne peux pas inventer. C’est ton métier.


— Mais j’ai une famille ! Ma grand-mère lit mes romans.


— Je suis sûre que ta grand-mère garde un exemplaire de Cinquante Nuances de Grey sur sa table de chevet. Tu as fouillé dans son grenier ? Il y a sûrement des Sandra Brown qui trainent.


Je soupire et pose mon regard sur les bouteilles illuminées dans son dos. Un miroir tapisse le fond de l’étagère et renvoie une lumière douceâtre.


— Écoute, dans notre société, un homme qui écrit des scènes érotiques est considéré comme un génie sensible. Moi, si je fais ça, je vais passer de « Jane Austen des temps modernes » à la névrosée excitée du clavier. Les médias vont m’assassiner.


— Tu sais bien que c’est faux, Emy. Plus personne ne pense comme ça de nos jours. Il n’y a aucun mal à parler de sexe. Savoir le faire, c’est une forme de génie à part entière.


— Tu es trop optimiste.


— Quand même, je n’arrive pas à croire que tu sois encore vierge. Qu’est-ce que tu faisais pendant que les autres jouaient à la bouteille, ou à “sept minutes au paradis” ?


— Je n’allais pas en soirée, soupiré-je, pensive. Je travaillais sur mes premiers romans.


— Ouais, donc plutôt que de vivre tes fantasmes, tu préférais les écrire.


— Tu vois ! Toi aussi tu me prends pour une névrosée !


— Écoute, t’es une femme audacieuse, Emy. Là, je ne te reconnais pas. Écris avec le cœur, comme avant. Pour ça, il va falloir passer au-dessus de ta plus grande peur : rencontrer quelqu’un. Merde, t’es belle avec tes longs cheveux châtains ondulés et tes yeux verts. Je t’appelais pas Emilia Clarke pour me foutre de toi, à la fac.


— J’ai pas le temps d’avoir un mec. Il me pomperait mon énergie. Je ne peux pas me permettre d’occuper mes pensées avec un vrai humain, j’ai besoin d’avoir l’esprit clair pour écrire.


— Fais ce que tu veux, conclut-il en prenant une nouvelle commande. Tu vas vite t’apercevoir que j’ai raison.


D’habitude, j’attends la fin du service de Liam et nous continuons la nuit en boîte. Ce soir, je suis de trop mauvaise humeur. Je décide de partir vers une heure du matin. J’enfonce mes écouteurs dans mes oreilles pour attendre l’arrivée de mon taxi. La bruine caresse mes joues, elle est en train de friser mes cheveux. J’essaie de trouver ça poétique, mais je n’y arrive pas.


Mon regard se perd sur le bitume mouillé. Quelqu’un ouvre la porte du bar dans mon dos, la chaleur du lieu chatouille mes collants. Des rires percent au travers de mes écouteurs. J’imagine ma protagoniste marcher dans cette rue. Comment se sentirait-elle ? Non, je n’y arrive pas. Quelque chose est bloqué à l’intérieur de moi.


Une buée alcoolisée se colle contre ma nuque. Quelqu’un pose une main sur mon épaule.


— Le ski ne vous démange pas ? entends-je.


Je retire mes écouteurs et me retourne, effrayée.


— La pluie ne vous dérange pas ? répète-t-il.


Il a l’air d’un ourson blond, dodu et barbu. Son rire, gras des cocktails qu’il a bus, me fait frissonner.


— La pluie, la puyy, bafouille-t-il.


Dans son dos, un homme surgit de l’intérieur du bar. Il est vêtu d’un col roulé bleu marine qui met en valeur sa large carrure. Il réajuste sa veste de costume et attrape les épaules de l’ivrogne pour l’empêcher de tomber.


— Terence, Terence, concentre-toi.


Je m’éloigne conscieusement.


— Tu fais peur aux jeunes femmes.


Son regard descend sur ma silhouette. Il n’a pas honte de me détailler.


— C’est mon patron, je suis navré. (Pourtant, il n’en a pas l’air. Il se retient de rire.) Il ne vous a pas embêtée, j’espère ?


— On va où ensuite, Darren ? l’ignore Terence, d’une voix rendue aiguë par l’alcool.


— Dans cet état, chez ta femme. Putain, tu as une réunion demain matin. Qu’est-ce que je vais dire à nos clients ?


— Dis-leur que je démissionne. Plus rien à foutre de Hill & Morris.


C’est la plus grande agence de communication de tout le Royaume-Uni. Même moi, qui suis perdue dans mes livres, je le sais.


Je suis soudain bousculée par l’ivrogne. Mes pieds rencontrent une flaque d’eau, mes collants sont éclaboussés. La main de Darren cache son sourire. Un sourire ravageur. Mais surtout, un sourire qui se moque de moi. Je croise les bras, mes sourcils s’affaissent. Je veux rentrer chez moi.


Il continue de m’observer de ses yeux bruns, sans s’excuser cette fois. Mes jambes me picotent. En vérité, elles tremblent. Je crois que c’est l’alcool qui me fait cet effet. Ou alors, c’est l’eau. En tout cas, je meurs de froid. Mon taxi arrive à cet instant et je plante cet imbécile sur le trottoir.


Arrivée chez moi, je retire mes chaussures trempées. Une paire de Prada. Celle que je me suis achetée quand Only Want You a atteint sa vingtième semaine dans la liste du New York Times Bestseller.


Je fais bouillir l’eau de mon thé tout en me maudissant de n’avoir pipé mot devant ce crétin et j’ouvre mon ordinateur. Ce soir, je sais quoi écrire.


Ou plutôt, sur qui écrire.


  • NDA : Dis-moi en commentaire quels sont les livres que ta grand-mère garde sur sa table de chevet 😉
  • Pour pouvoir lire la suite, n'oublie pas de liker et partager ce chapitre. Les deux sont importants. J'ai hâte de lire ton avis en commentaire !


Tu as aimé ce chapitre ?

17

17 commentaires

iris monroe

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Il y a 3 ans

Un coucou pour que ta création puisse vivre sur le site. N'hésite pas à venir voir mes histoires quand tu en auras le temps. Merci. Bonne inspiration à toi!

SB13

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Il y a 3 ans

J'aime beaucoup le début ! J'espère vraiment lire la suite 💖

EllenKasefni

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Il y a 3 ans

Super début !! J’adore ! N’hésite pas à aller voir mon histoire pour me donner ton avis ^^

Julie Galley

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Il y a 3 ans

Ah mince les derniers commentaires datent… j’espère que cette histoire n’a pas été abandonnée. Je suis curieuse de lire la suite !!

Azalée Fray

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Il y a 3 ans

Je n’ai lu que deux chapitres (enfin un prologue et un chapitre) mais je peux déjà dire que j’aime beaucoup l’atmosphère que tu crées autour de ton histoire. Je me retrouve beaucoup dans Émilia en tant que passionnée d’écriture et c’est vraiment un bon point positif car grâce à ça, on arrive plus à s’accrocher et entrer dans l’histoire. On arrive à plonger facilement en tissant déjà un lien avec les personnages. En effet, il faut vivre pour écrire, goûter pour raconter et j’ai trop hâte de lire le déroulement de cet intrigue. Cette première rencontre est vraiment cool. On sent déjà comme une sorte de tension, intérêt entre les deux même si c’est très court. Je te conseillerai juste de développer un peu plus ce que ressent Émilia en voyant l’homme en face d’elle car c’est vrai qu’elle nous le décrit et affirme à la fin du chapitre qu’elle est intriguée mais cependant, au moment de l’action en elle-même, on ne sait pas trop ce qu’elle en pense. Pourquoi est-ce qu’elle compte écrire sur lui ? Comment elle se sent devant un homme qui semble lui porter intérêt - elle qui n’a jamais eu de relation ? Quoiqu’il en soit, je trépigne d’impatience pour savoir la suite !

Lily May Cardinal

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Il y a 3 ans

On va avoir le droit à un nouveau chapitre bientôt? Je l'attends avec impatience!!

Kathleenm

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Il y a 3 ans

Elle a raison pour pouvoir écrire il faut vivre des choses. Si on reste chez soi enfermé on n’a plus d’inspiration à un moment Hâte de lire la suite

Lili Adams

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Il y a 3 ans

Petit coup de pouce pour avoir la suite ;)

Leonie_das26

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Il y a 3 ans

J'aime beaucoup le début de ton histoire! Hâte de lire la suite! :)

emilia.d

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Il y a 3 ans

Merci beaucoup ! J’espère que la suite te plaira :)
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