Fyctia

Je viens de raccrocher le téléphone.

Nous nous sommes mis d’accord avec Dan, mon ami de fac, pour nous retrouver à l’entrée de la boîte de nuit dans une demi heure.

Nous patientons dans le salon que Joe se soit changée.

Jessy ne cesse de me dire tout le bien qu’elle pense de la jeune femme qui occupe mes pensées et mon beau-frère semble lui aussi sous le charme.

En même temps elle a réussi un tour de force avec ma nièce. Sans la sous-estimer, je doutais pourtant qu’elle réussisse à raisonner Ashley.

Si adorable soit-elle, elle est la digne représentante de sa génération : butée, superficielle et en perpétuelle rébellion. Je crois pourtant avoir vu une sorte de respect chez l’adolescente lorsqu’elle s’est adressée à Joe.

Signe que sa magie n’opère pas que sur moi.

Aaron, beaucoup plus détendu maintenant que le conflit armé est désamorcé, me parle de son projet de vacances en France l’été prochain, séjour qu’ils préparent depuis des semaines et dont il a parlé à Joe, qui s’est gentiment prêtée au jeu pendant le repas.

Je regarde ma montre, ça doit bien faire vingt minutes qu’elles sont montées, il ne va pas falloir qu’on tarde.

Un mouvement dans l’escalier nous fait tourner la tête. Ashley descend jusqu’au pied de l’escalier et se tourne vers le haut des marches, un sourire radieux, dans une position digne d’une présentatrice de télé-achat.

— Tindinnn…

La silhouette de Joe s’annonce lentement au fil de sa descente des marches.

Elle a troqué ses baskets avec des escarpins à fines lanières qui mettent en valeur un coup de pieds sensuel.

Elle a conservé son jean brut mais le top qu’elle porte n’a rien à voir avec celui qu’elle avait en arrivant ici. Noir, cintré, col en V plutôt sage, laissant ses épaules dénudées, il met en valeur sa poitrine généreuse et sa taille fine.

Ses cheveux tombent en cascade et je soupçonne ma nièce d’avoir usé de son fer à friser pour obtenir ces mouvements parfaits.

Le maquillage est subtil et rehausse ce regard qui me désarçonne.

Arrivée aux pieds des marches Ashley l’incite à faire un tour complet.

J’en reste sans voix.

Ce haut d’apparence si sage ne l’est pourtant pas.

Dans le dos, le tissu s’écarte légèrement en deux ponts à mi-hauteur, dévoilant dans le mouvement sa chute de reins. Le tissu est fluide et agrémenté de dentelle noire.

Un cocktail sexy et dangereux. Aaron m’assène un coup de coude qui me sort de ma torpeur.

— Respire, mec ! me souffle-t-il sans détourner le regard de Joe d’un air appréciateur.

Je secoue la tête. L’espace d’un instant j’ai senti une once de jalousie en le voyant la dévorer du regard avant de me rappeler qu’il s’agissait, d’Aaron, le mari aimant et fidèle de ma sœur.

Pourtant je m’apprête à affronter ce type de regards toute la soirée et je me renfrogne à cette idée.

Je reporte mon attention sur la charmante jeune femme qui tourmente mon esprit, ses yeux sont rivés sur moi, le regard perdu. Je comprends alors qu’elle se méprend sur ma réaction.

— Je vais me changer, c’est trop, je m’en doutais…

— Non, dis-je en me levant, tu es ravissante, ne change rien.

Elle s’empourpre, et son regard fuit le mien, intimidée. Elle se mordille la lèvre qui s’étire dans un léger sourire. Je détourne le regard de ces lèvres qui m’attirent comme un aimant, je dois garder mon sang froid, la soirée risque de mettre ma patiente à rude épreuve.

Je sens le regard de Jessy qui nous observe l’un l’autre. Je tente un sourire qu’elle me rend, empreint de sérénité. Elle voit en moi comme dans un livre ouvert. Elle a compris. Et je comprends moi aussi toute l’affection que m’inspire la jeune femme qui se tient devant nous.

— Bon, on y va…

Ashley a déjà enfilé son manteau et chaussé des escarpins noirs. Elle tend une veste cintrée à Joe qui la met en remerciant ma sœur et mon beau-frère pour leur accueil.

Je me saisis de la mienne et les précède pour ouvrir la voiture.

J’ouvre la portière à Joe qui me frôle presque pour monter dans la voiture, laissant derrière elle une légère volute de son parfum. Je m’en imprègne avant de prendre ma place derrière le volant, ce qui me vaut les reproches de ma nièce qui s’attendait à ce que je me comporte aussi avec elle en vrai gentleman.