Fyctia

Ma mère apporte le gâteau d’anniversaire sous l’œil émerveillé de ma nièce tandis que mon beau-frère nous sert un verre.

Lily souffle avec brio les cinq bougies qui ornent son gâteau et trépigne d’impatiente d’ouvrir ses cadeaux.

Aaron a à peine le temps de lui donner le feu vert que c’est déjà un carnage de papiers cadeaux. Etant arrivés les derniers nos paquets sont sur le haut de la pile et donc les premiers ouverts.

Elle ne met pas longtemps à déballer le petit coffret et à enfiler le bracelet que je lui ai offert. Elle agite le poignet pour faire tinter les breloques et met le poing en l’air pour que tout le monde le voit.

Lily s’empresse de prendre le paquet suivant qui n’est autre que celui de Joe. Celle-ci se tient à mes côtés et ne perd pas une miette de la réaction de la petite fille, entre appréhension et excitation.

Lily ouvre doucement le papier puis frénétiquement lorsqu’elle comprend de quoi il s’agit et sort triomphante du paquet déchiqueté une robe de princesse couverte de paillettes.

— Maman, ze peux la mettre, dit-elle en sautillant sur place.

— Tu vas peut-être attendre d’ouvrir le reste de tes cadeaux…

— S’te plait, s’te plait….

— Bon d’accord mais on se dépêche, dit-elle en entraînant sa fille dans une chambre pour la changer.

— Je crois que tu ne pouvais pas mieux trouver…dis-je en trinquant avec Joe qui me répond tout sourire.

— Je suis heureuse que ça lui plaise.

Lily revient en un rien de temps vêtue de sa robe de princesse aussi radieuse qu’il est possible de l’être à 5 ans.

Elle enchaîne l’ouverture de ses paquets à une vitesse vertigineuse et se retrouve avec une collection de livres de fées et de princesse, une poupée qui parle, une panoplie de fée, la couronne de la Belle aux Bois Dormant, ainsi que des accessoires de coiffure.

Elle fait le tour de l’assemblée pour distribuer des baisers affublée de l’ensemble de ses cadeaux féeriques. Nous dégustons une part de gâteau qui est un vrai délice, ma mère s’est surpassée.

Les enfants se gavent de bonbons et improvisent une pièce de théâtre, Lily dans le rôle de la « fée princesse » et Kessy dans celui du preux chevalier. Leur brève et combien étonnante prestation fait la joie de leurs parents respectifs et l’objet de nombreuses photos et vidéos. L’après-midi se déroule dans la joie et la bonne humeur bercé par le chahut incessant des enfants.

Après que les parents des petites copines de Lily soient venus les récupérer je donne un coup de main à mon beau-frère pour ranger la table et les jeux d’extérieur. Lorsque je retourne dans le jardin, je vois Joe assise avec les jumelles et Ness. Je m’appuie au chambranle de la porte et les observe un instant. Elles ont l’air de bien s’entendre à les voir rire comme elles le font.

— Elle est charmante !

Je tourne la tête vers mon père qui s’est approché silencieusement de moi. Lui aussi les regarde avec un sourire serein.

— Je sais…dis-je en portant de nouveau mon attention sur Elle.

Sans rien ajouter il me tape sur l’épaule et retourne retrouver ma mère qui s’affaire dans la cuisine. Le temps se rafraichit et les filles décident de rentrer poursuivre leur discussion à l’intérieur. Le salon est juste assez grand pour contenir tout le monde. Les garçons sont montés à l’étage pour jouer aux jeux vidéo laissant seule la princesse du jour qui a installé une petite couverture rose par terre dans le salon pour y mettre quelques jouets.

— Dis Zoe, tu veux bien zouer avec moi ?

— Bien sûr, dit-elle en venant s’installer près d’elle sur le tapis improvisé. Qu’est-ce que tu veux faire ?

— Tu veux bien zouer à la coiffeuse ? Ze coiffe ma poupée et toi tu me coiffes…

Son sourire est si adorable que Joe ne peut y résister. Elle attrape la brosse que la petite fille lui tend et se prête au jeu volontiers.

— Tu as un don avec les enfants, lui dit Jessy.

— Merci, lui répond Joe avec un sourire.

— Tu as des neveux, des nièces ? enchaîne-t-elle.

— Oui deux neveux, 11 et 6 ans.

— Tu as déjà pensé à en avoir à toi ?

Je vois sa main s’arrêter un instant de brosser les cheveux de Lily puis reprendre sa course avant qu’elle ne réponde. Je fusille du regard ma soeur qui ne s’en aperçoit pas.

— Oui, peut être, un jour…

— Tu sais, si je peux me permettre, tu as la trentaine, il ne faut pas trop attendre…

— Jessy !

Tous les yeux sont rivés sur moi. Il faut dire qu’ils n’ont pas l’habitude que je hausse le ton.

— C’est bon, je ne faisais que discuter… bon qui veut un peu de thé ?

Elle se lève pour aller chercher quelques tasses dans la cuisine.

Je me lève à mon tour pour la suivre. Au passage, je m’arrête près de Joe et pose ma main sur son épaule. Elle lève les yeux vers moi et en réponse à mon inquiétude elle murmure « tout va bien » pour que je sois le seul à l’entendre. Elle dépose à son tour sa main sur la mienne dans un geste qui se veut rassurant. J’acquiesce et rejoins ma sœur dans la pièce d’à côté…