Fyctia
Chapitre 10 - Joe (3)
Il s’excuse et se rend dans la chambre pour répondre à son mobile.
Je l’entends revenir et continuer sa conversation dans le salon. Je commence à débarrasser la table et l’aperçois le téléphone à l’oreille, devant le bow-window une main posée sur l’encadrement absorbé dans l’observation de la rue qui s’anime.
Cette vision est digne d'un shooting photo. Je profite qu'il soit distrait par sa conversation pour l'observer à la dérobée. Je détaille avec avidité les courbes de sa carrure athlétique, que mes mains, ses traîtresses, ont eu l'audace de frôler. Ce souvenir fugace ravive la chaleur de mes joues. Je m'attarde à présent sur les traits de son visage. Ses lignes fines mais masculines n'ont rien à envier à certaines couvertures de magazine. Et mon dieu, ces yeux. Des yeux qui ne cessent de réveiller des picotements dans tout mon être.
Il tourne alors son visage vers moi et nos regards se croisent.
Prise sur le fait, je tente de faire diversion en ramassant des miettes imaginaires sur le bord de la table et en faisant volte face pour me reprendre. C’est peine perdue car dès que je me retourne et que j’ose un regard vers lui, il ne m’a pas quitté des yeux et m’observe, un sourire satisfait sur le visage.
Je prends ma tasse et finis mon café en regardant à mon tour par la fenêtre de la cuisine, masquant difficilement le sourire qui se dessine sur mon visage.
— Tu admirais l’architecture ?
Sans me retourner vers lui je lève les yeux au ciel mais ne peux me détacher de cette expression idiote qui a envahi mon visage.
— Je ne sais pas si tu avais prévu quelque chose aujourd’hui, reprend-il hésitant, mais si ça te dit j’ai un match ce matin… et comme il fait beau, Jessy, l’une de mes soeurs, propose de faire un pique-nique, m’indique-t-il en désignant son portable alors qu’il reprend sa place sur le tabouret.
Je m’installe de nouveau face à lui, et prends le temps de la réflexion.
— Je n’ai rien de prévu mais je ne voudrais pas m’imposer…tu pratiques quel sport ? dis-je un sourcil levé.
— A ton avis…
Je le toise du regard, pose ma tête dans ma main, mon coude posé sur le bord de la table et fais mine de réfléchir.
— Sport collectif ?
— Mmh, dit-il en imitant ma position et en attendant la suite de ma réflexion.
— En extérieur ?
— Mmh…, en acquiesçant.
— Avec un ballon ?
— Mmh…
— Polo ? dis-je avec un sourire triomphant.
— Non ? fais-je en haussant les épaules et en faignant la déception alors qu’il bouge lentement son visage en signe de négation.
— Bon d’accord alors rugby… et tu dois jouer, voyons, je dirais au poste de demi d’ouverture.
— Bravo… dit-il vraisemblablement impressionné. Qu’est ce qui m’a trahi ?
— C’était un coup de bluff…
— Tu es adepte ?
Ce sourire sur son visage ferait fondre n'importe quel cœur.
— Par obligation, mon père ne manque aucun match des tournois internationaux, du coup j’ai dû en voir quelques uns oui…
— Et ça te dit d’assister à un match amateur… ?
La légèreté de la conversation retombe imperceptiblement. J’avoue que j’apprécie sa compagnie (et c'est un euphémisme) et prolonger les moments que nous passons ensemble me tente mais je suis tiraillée par ma culpabilité.
— Je t’assure que tu vas bien t’amuser…ajoute-t-il pour attirer mon attention. On peut même pimenter l’enjeu du match…
— C'est-à-dire, dorénavant toute ouïe sentant mes joues s'échauffer de nouveau.
— Disons que si on gagne le match, tu restes manger avec nous et on passe le reste de la journée ensemble.
— Et si vous perdez ?
— On ne perdra pas, affirme-t-il en secouant la tête, un sourire radieux illuminant son visage teinté d’assurance.
— Je vais chercher ma voiture le temps que tu te prépares et je repasse te prendre, ajoute-t-il.
Je n'ai pas temps de réagir qu'il se lève avec empressement.
— On doit passer chez moi récupérer mes affaires, dit-il en prenant les tasses et en les déposant dans l’évier sans même attendre mon assentiment.
Il retourne dans la chambre récupérer ses affaires et après quelques minutes me fait un petit signe en me disant « à tout de suite » en passant le pas de la porte d’entrée, me laissant toute hébétée, encore assise sur mon tabouret de cuisine.
Je reste là quelques instants en silence pour me donner le temps de la réflexion.
Et après quelques secondes d’hésitation je m’éjecte de mon siège et me dirige dans ma chambre. Le lit est fait et le plaid est plié sur le rebord, ce qui me décoche un sourire.
Je choisis des vêtements confortables, un jean slim, un débardeur blanc et un pull léger couleur crème puis me glisse sous la douche bienfaitrice pour tenter d'apaiser les sentiments qui se livrent bataille. Entre culpabilité et désir de légèreté.
20 commentaires
Mary Cerize
-
Il y a un an
Jess Swann
-
Il y a 3 ans
KBrusop
-
Il y a 3 ans
ElsaBianchi
-
Il y a 3 ans
ÉmilieC28
-
Il y a 3 ans
Vinciane Leroy
-
Il y a 3 ans
Lili Adams
-
Il y a 3 ans
I.H Mey
-
Il y a 3 ans
KBrusop
-
Il y a 3 ans
Caroline gayant
-
Il y a 3 ans