Fyctia
Chapitre 3 - Livia
Livia.
Flashback.
Février 2017, 21h40. Première trahison.
Julien est mon petit copain. Enfin, c’est un grand mot, ça ne fait que quelques semaines qu’on s’est rencontrés. Je l’aime bien. Je le vois souvent au parc, derrière chez moi, avec ma sœur. Il est tard et il fait noir. Je suis assise sur un banc et ma sœur ainsi que Julien s’amusent à se cacher. Ils s’entendent bien et ça me réjouit, car c’est important pour moi que ma famille accepte mon petit ami. Je trouve même que ces derniers temps, ils sont un peu trop proches et que je suis un peu à l’écart, mais bon, c’est ma sœur, elle ne me piquerait jamais mon mec, si ?
Ils jouent ensemble et moi, je suis assise sur le banc. Ça fait plusieurs soirs que ça se passe comme ça. Sauf que, ce soir, ce que j’entends ne me plaît pas vraiment. Il fait vraiment très noir, alors je ne vois rien du tout, mais j’entends. Ils sont à peine à quelques mètres de moi. J’entends un bruit de bisou ? Je dois probablement me faire des idées ? Sauf que j’en entends un second et là les doutes tombent.
— Bon, qu’est-ce que vous faites au juste ? je finis par demander.
— Rien, Julien est caché, je ne le trouve pas.
Un troisième bruit de bisou, se fichent-ils ouvertement de moi ?
— Bon, on rentre ? Il commence à faire froid…
J’entends des chuchotements, bien trop faibles, si bien que je ne les entends pas.
— Allô ? Je vous parle, là !
— Oui, oui, on arrive, finit par dire Julien.
Sur le retour, ils sont à deux, devant, en train de parler et moi, je reste seule, derrière, à être envahie de doutes.
Qu’est-ce qui se passe au juste ?
— Julien ? Tu peux me prêter ton pull ? J’ai vraiment trop froid.
— On est bientôt arrivé, Livia, dit-il, en venant enfin à côté de moi.
Il n’a plus son pull…
Arrivé devant chez moi, il fait la bise à ma sœur et il me fait un bisou sur la joue.
— On se refait ça demain ?
— Euh, oui on ve-
Je n’ai même pas le temps de finir ma phrase que ma sœur me devance.
— Oui, carrément !
En rentrant, je remarque que le pull de Julien est juste sur le dos de ma sœur.
— Roxanne ?
— Oui, ma petite sœur chérie ?
— Pourquoi est-ce que tu as son pull ?
— Oh, euh, j’ai juste oublié de lui rendre.
— C’est mon petit ami, tu sais ?
— Livia, tu n’es pas sérieuse ? Tu doutes de ta propre sœur ou je rêve ? Je sais que c’est ton petit ami, tu devrais être contente qu’on s’entende bien. J’ai eu un coup de froid, alors il m’a prêté son pull, c’est tout. Tiens, prends-le, elle me tend le pull que je prends.
— Merci, mais tu me le dirais s’il y avait quelque chose ?
— Bien sûr, petite sœur.
Nous allons donc nous coucher dans notre lit superposé. Moi en haut, elle en bas. Mais quelque chose me tracasse. Il faut que je sache, je n’ai pas pu inventer les bruits que j’ai entendus, si ? Est-ce que je suis devenue folle ? Je tourne en rond sous mes couvertures, impossible de m’endormir, alors je descends de mon lit pour aller boire un verre d’eau et en prenant bien soin de vérifier que ma sœur se soit bien endormie. Je vois son téléphone posé à côté d’elle. Je ne peux pas faire ça. C’est ma sœur, il faut que je lui fasse confiance. Je remonte dans mon lit.
Les heures passent et je n’arrive toujours pas à dormir, c’est plus fort que moi. Je descends une seconde fois de mon lit. Ma sœur dort profondément. Son téléphone est juste là. Et je craque. Je fouille. Enfin, non, je m’informe juste, pensé-je en essayant de me rassurer. Je souhaite juste lire les messages qu’ils s’envoient. Simple vérification. J’en ai bien le droit, c’est légitime après ces doutes, non ? Je tape alors « Julien » dans la barre de recherche des messages.
Non… Je rêve là ???
De Julien :
Je t’aime Roxanne…
De Roxanne :
On ne peut pas… tu es le petit ami de ma sœur.
De Julien :
Mais on pourrait lui dire ? Je suis amoureux de toi, pas d’elle.
De Roxanne :
NON, ne lui dit rien surtout.
S’en est trop pour moi ; alors j’éteins le téléphone en prenant soin de quitter la page. Je monte enfin me coucher. Je tarde à m’assoupir, assaillie de doutes qui m’empêchent de dormir.
Le lendemain, je me réveille, ma sœur n’est plus là. Elle est sûrement déjà réveillée. Je regarde mon téléphone et je vois que j’ai reçu un message de Julien. Je ne sais pas quoi faire…
De Julien :
Coucou ça va ?
Je décide de répondre tout de même, juste pour voir ce qu’il compte me dire.
De Livia :
Oui et toi ?
De Julien :
Oui tu fais quoi ?
De Livia :
Rien
De Julien :
tu fais la gueule ou quoi ?
Je n’en reviens pas, comment ose-t-il me dire ça ? Comme si ma sœur lisait dans mes pensées, elle vient me voir.
— Pourquoi est-ce que tu pleures ?
Quoi ? Je ne m’étais même pas rendu compte que je pleurais. Ça ne fait pas longtemps que je le connais, ça ne devrait pas m’atteindre. Encore une fois, mon amour propre en prend un coup. Ma confiance en prend un coup. Mon coeur en prend un coup. Mais je ne sais même pas si je pleure pour la trahison de Julien ou celle de ma sœur…
— Je ne pleure pas. Laisse-moi.
— Écoutes, Livia… Il faut que je te dise quelque chose-
— Ne dis rien, je sais, lui dis-je en la coupant.
— Comment ça ?
— Je suis désolée, mais j’ai fouillé dans ton téléphone, j’ai vu les messages.
— Je suis désolée, Livia… J’allais te le dire, mais je ne savais pas comment ; c’était une situation délicate pour moi. Mais bon, tu t’en fiches, non ? C’est un vieux mec, il me dégoûte, on ne devrait plus penser à lui.
Un vieux mec qui te dégoûte, mais que tu embrasses la veille et lui emprunte ses pulls… Je ne le dis pas à voix haute, je garde cette pensée pour moi. Comme tellement d'autres pensées que je n’ai jamais réussi à dire.
— Tu as raison. Je devrais quand même aller lui parler.
— Je viens avec toi, si tu veux ?
— Non, merci, lâché-je d’un ton sec, je vais y aller seule, ça ira.
— Tu es sûre ?
— S’il te plaît, Roxanne… Laisse-moi.
Là, son regard change et je sais qu’elle va me briser le cœur.
— Arrête de me faire la gueule, ce n’est pas comme si c’était ma faute ! je n’y peux rien, si ton mec me préfère, peut-être devrais-tu te poser des questions. Et puis d’abord, tu n’as pas à fouiller dans mon téléphone ! et elle sort de la chambre, en claquant la porte.
Inévitablement, je fonds en larmes dès qu’elle quitte la pièce.
C’est à ce moment-là que je me demande vraiment si ma sœur m'aime.
C’est à ce moment-là que je verrouille mon cœur.
9 commentaires
ZELI
-
Il y a 4 mois
Cassy J
-
Il y a 4 mois
lea.morel
-
Il y a 4 mois
lorrely
-
Il y a 4 mois
Chloe Miller
-
Il y a 4 mois