Fyctia

Une semaine plus tard, le juge Simonin, un homme d’une soixantaine d’années au regard sévère, présidait l’audience. Il avait examiné les rapports médicaux et sociaux qu’il avait demandés sur l’état de santé et la situation personnelle de l’accusée. Il avait appris qu’elle souffrait de plusieurs blessures, d’une infection pulmonaire et d’un syndrome de stress post-traumatique. Elle avait, selon le rapport, été agressée à plusieurs reprises par les autres détenues, qui la surnommaient la “veuve noire” quand bien même elle n'avait pas été pas mariée avec la victime, et la plupart la haïssaient pour avoir tué Tony Carson. Il avait donc décidé de lui accorder une mesure de clémence, en lui accordant sa mise sous bracelet électronique à domicile, en attendant son procès.

- Madame, dit le juge en s’adressant à la jeune femme, je vais vous placer sous bracelet électronique à domicile, en attendant votre procès. Vous devrez respecter un couvre-feu de 20h à 6h du matin, vous devrez vous présenter régulièrement au commissariat et vous devrez suivre un traitement psychologique. Si vous ne respectez pas ces obligations, vous serez immédiatement réincarcérée. Est-ce que vous avez compris ?

- Oui, votre honneur, répondit la jeune femme d’une voix faible.

Elle baissa les yeux, soulagée et reconnaissante. Elle n’en revenait pas de sa chance. Elle allait enfin pouvoir quitter cette prison infernale, où elle vivait un cauchemar depuis plus d'un mois. Elle allait pouvoir retrouver sa liberté, même si elle était limitée par le bracelet électronique et surtout, elle allait pouvoir préparer sa défense avec son avocat.

- Votre honneur, si vous le permettez, j’aimerai prendre la parole, s’opposa Timothée Koracitz en se levant de sa chaise, tout fébrile.

Timothée Koracitz était le procureur chargé de l’affaire. C’était un homme blond aux yeux bleus, qui portait une robe noire ornée d’une écharpe rouge. Clairement, depuis le début des audiences, il ne portait pas la jeune femme dans son cœur et ne cessait de lui jeter des regards noirs. D'après ce qu'elle avait compris, c’était un ami de Jeremiah, mais aussi son rival. Il aimait les affaires complexes et les duels judiciaires. Il était convaincu de la culpabilité de Samantha Tatum, et il était déterminé à la faire condamner. Donc Samantha ne fut pas vraiment surprise de son intervention. Il allait tout faire pour qu'elle reste en prison.

- Plait-il ?

Le juge Simonin leva les sourcils, surpris par cette interruption.

- Ne serait-il pas plus judicieux de demander son transfert dans un autre établissement ? Ou de la placer en quartier d’isolement ? C’est une affaire de meurtre et …

- Vous voulez me dicter quoi faire, maitre ? Peut-être souhaiteriez vous prendre mon siège et juger cette affaire à ma place, en toute impartialité, bien entendu !

- Non, votre honneur. Pardonnez-moi, je voulais juste soumettre d’autres suggestions pour améliorer les conditions de détention de Madame Tatum sans pour autant lui offrir la possibilité de quitter le pays avant son procès…

- Ma cliente ne se soustraira pas à la justice… intervient Jeremiah pour défendre sa cliente, tout en lançant un regard assassin à Timothée, qui haussa les sourcils ave un air innocent.

- Votre cliente est l’accusée principale d’une affaire de meurtre, on a des analyses ADN positives… elle ne PEUT pas être libérée sous caution, insista Timothée espérant faire changer d’avis le juge.

- Et pourtant, elle le sera ! trancha le juge Simonin. Madame Tatum, ne me faites pas regretter ma décision.

- Non, votre honneur, bien sûr que non.

- Bien, l’audience est donc levée.

Le juge Simonin frappa son marteau sur le pupitre, signifiant la fin de l’audience. Il se leva et quitta la salle, suivi par les greffiers et les gardes. Samantha Tatum fut reconduite dans sa cellule, où elle devait attendre qu’on lui pose le bracelet électronique.

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Quatre jours plus tard, Samantha Tatum était prête à quitter la prison. Elle avait rassemblé ses maigres affaires dans un sac en plastique. Elle portait un jean et un pull, qu’elle avait reçus de son avocat. Elle avait aussi reçu la visite d’un médecin, qui lui avait posé le bracelet électronique à la cheville. Elle devrait le garder en permanence, et ne pas s’éloigner de plus de 100 mètres de son domicile. Elle devrait aussi se présenter tous les jours au commissariat le plus proche, et suivre une thérapie avec un psychologue.

Samantha était nerveuse et excitée à l’idée de retrouver sa liberté, même si elle était limitée. Elle espérait que tout se passerait bien, et qu’elle pourrait prouver son innocence au procès. Avec l’aide de Jeremiah, elle se sentait pousser des ailes car elle savait que si un homme pouvait la sortir de ce guêpier, c’était bien lui !

Elle fut conduite dans le hall d’entrée de la prison, où elle devait signer des papiers et rendre son uniforme. Elle vit alors Jeremiah, vêtu d'un long manteau noir et d'un foulard gris qui l’attendait avec un sourire radieux.

- Bonjour, Samantha. Je suis content de vous voir.

Jeremiah s’avança vers elle et lui tendit la main. Il la salua avec respect, sans la toucher. Il faisait beaucoup d’efforts pour garder une distance professionnelle avec elle.

- Bonjour, Jeremiah. Je suis contente de vous voir aussi.

Samantha lui serra la main. Elle le remercia du regard, sans lui dire. Elle savait qu’il faisait beaucoup pour elle, mais elle ne voulait pas compromettre sa défense en mélangeant les affaires et les sentiments… Pas encore, du moins !

- J’ai apporté quelques affaires pour vous. Des vêtements, des magazines, des produits de toilette… dit-il en lui montrant le sac qu’il avait posé à côté de lui. Vous en aurez besoin chez vous.

- Merci, lui sourit Samantha. C’est très gentil de votre part.

- C’est normal, c’est mon travail. Je suis votre avocat, mais ces prochains mois, je crains fort d’être aussi votre seul ami. Il va falloir vous préparer. Votre cote de popularité n’est pas très élevée à l’extérieur. Les journaux se sont emparés de votre affaire et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas tendres avec vous.

Jeremiah lui sourit d’un air désolé.

Il était sincère, mais il restait prudent aussi.

- Allons-y ! Partons d’ici ! Je vous ramène chez vous !

Il l’invita à le suivre vers la sortie et l’entraîna vers sa voiture.

Elle le suivit sans hésiter, heureuse de partir avec lui, convaincue d'être entre de bonnes mains.