Fyctia
Chapitre 14
Luca
31 Juillet 2024
Je suis assis sur le rebord de la fenêtre de mon bureau, une cigarette entre les doigts, mais elle se consume sans que je ne la porte aux lèvres. La fumée s’élève en volutes lentes, se mêlant à mes pensées qui tournent en boucle depuis hier soir.
Elysabeth.
Son prénom ne quitte pas mon esprit, comme une obsession que je refuse d’admettre.
La nuit a été longue. Trop longue. Après notre conversation, j’ai essayé de penser à autre chose, de me plonger dans autre chose. J’ai même rejoint Mason et quelques gars pour discuter des affaires en cours, mais tout me ramenait à elle.
À sa voix hésitante au téléphone. À la façon dont elle a retenu son souffle quand j’ai insinué que nous pensions à la même chose. À ce silence chargé qui en disait bien plus que des mots.
J’ai joué avec elle, comme je le fais avec toutes les femmes. J’ai poussé, testé, séduit. Mais cette fois… cette fois, ce n’était pas pareil.
Parce que cette foutue femme me résiste. Pas pour le plaisir du jeu, ni pour attiser mon désir, mais parce qu’elle se bat contre quelque chose de bien plus profond. Et ça me hante.
Je me lève lentement et me passe une main sur le visage.
La vérité, c’est que je ne devrais pas penser à elle comme ça.
Elysabeth est tout ce que je ne suis pas. Droite. Intègre. Sensible. Elle n’a rien à voir avec mon monde, avec la violence, les magouilles et le sang que je traîne derrière moi comme une ombre.
Elle devrait me fuir. Elle essaie de me fuir.
Mais elle ne le fait pas vraiment.
Elle répond toujours à mes appels. Elle s’inquiète. Elle m’a soigné, à plusieurs reprises, malgré le danger que je représente, malgré ce que cela signifie.
Et moi… moi, je ne peux pas détourner les yeux d’elle.
Je soupire et j’écrase ma cigarette dans le cendrier, avant de me laisser tomber dans le fauteuil en cuir derrière mon bureau.
J’ai connu des femmes. Trop de femmes. Des conquêtes sans lendemain, des corps qui se pressaient contre le mien sans jamais me laisser d’empreinte.
Mais Elysabeth… elle est différente.
Elle ne se contente pas de me résister. Elle me défie.
Elle me voit comme personne d’autre ne me voit. Pas seulement comme l’exécuteur des Ghost Riders, pas seulement comme le fils de Douglas Moretti. Elle me regarde et elle voit… Luca.
Et c’est bien ça le problème.
La porte de mon bureau s’ouvre sans prévenir, et Winner Mendez entre comme s’il était chez lui.
Ce qui, techniquement, est presque le cas. Il est mon bras droit, mon meilleur ami depuis toujours, la seule personne en qui j’ai une confiance absolue.
Il me scrute un instant avant d’hausser un sourcil.
- T’as une sale gueule, mec.
- Toi aussi, Winner, je réplique en attrapant mon verre de whisky.
Il s’affale dans le fauteuil en face de moi, les bras croisés sur son torse. Son regard acéré ne me lâche pas, et je sais qu’il voit clair dans mon jeu.
- C’est à cause de cette docteure, pas vrai ?
Je souris légèrement, mais je ne réponds pas. Winner sait déjà la réponse.
- Ça commence à être sérieux, constate-t-il.
- Ça commence à être un putain de problème, ouais.
Il éclate de rire. Un rire franc, presque moqueur.
- Toi, Luca Moretti, incapable de gérer une femme ? Je devrais noter la date, c’est historique.
Je lui lance un regard noir, mais il continue de sourire.
- Elle te plaît vraiment, hein ?
- Ça, c’est évident, dis-je en posant mon verre sur la table.
- Alors c’est quoi le problème ?
Je me lève et me dirige vers la fenêtre, fixant les lumières de Chicago en contrebas.
- Le problème, c’est qu’elle n’a rien à faire dans ma vie.
Winner ne répond pas tout de suite. Il sait quand il doit se taire et me laisser parler.
- Elle est trop bien pour ça, je continue. Trop bien pour moi. Pour ce monde.
- Tu l’as laissée s’approcher, pourtant.
- Et elle, elle ne s’est pas enfuie, répliqué-je, pensif.
Je repense à chaque moment où elle aurait pu me tourner le dos. Chaque fois que j’ai débarqué chez elle en sang. Chaque fois que je lui ai donné une raison de fuir. Elle est toujours là.
Winner soupire et se lève à son tour, s’approchant de moi.
- Écoute, mec. Je sais que t’es pas du genre à croire aux conneries romantiques. Mais si cette fille est encore là, c’est qu’elle sait dans quoi elle met les pieds.
- Peut-être qu’elle se voile la face.
- Peut-être que c’est toi qui te trouves des excuses, rétorque-t-il en croisant les bras.
Son regard est sérieux maintenant. Winner est mon frère d’armes, celui qui a toujours su quand me confronter à mes propres conneries.
- Et ce putain de renouvellement de vœux ? demande-t-il après un silence.
- Quoi, quoi ?
- T’as réussi à la convaincre de venir ?
Je souris légèrement en me remémorant notre conversation téléphonique.
- Elle "va y réfléchir".
Winner ricane.
- C’est du Hardford tout craché.
- Ouais.
Je me tourne vers lui, plus sérieux.
- Si elle vient, ça veut dire qu’elle sait.
Winner arque un sourcil.
- Qu’elle sait quoi ?
- Que ce n’est pas juste un jeu.
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