Fyctia

Luca

01 Juillet 2024

Un ordre, pas une demande. Ça me plaît.

— Vous auriez pu dire s’il vous plaît, je plaisante en déboutonnant lentement ma chemise. Mais si vous vouliez me voir torse nu, il suffisait de demander.

— Vous avez toujours quelque chose à dire, n’est-ce pas ? réplique-t-elle, tout en préparant ses instruments.

— C’est mon charme naturel, dis-je, en retirant finalement ma chemise pour révéler la plaie à mon abdomen.

Son regard s’attarde une fraction de seconde sur ma peau avant qu’elle ne se penche pour examiner la blessure. Je sens la chaleur de ses mains lorsqu’elle appuie autour de la plaie.

— Vous avez de la chance que la balle n’ait pas touché d’organes vitaux, dit-elle, son ton légèrement plus doux. Mais vous saignez trop.

— J’ai toujours eu un faible pour les jeux risqués, murmuré-je, la regardant droit dans les yeux.

Elle relève la tête, nos regards se croisent, et pendant une seconde, je me demande si elle va me gifler ou me sourire. Peut-être les deux.

— Vous devriez jouer à autre chose, réplique-t-elle finalement. Parce que si vous continuez comme ça, il n’y aura plus rien à recoudre.

Son sérieux me frappe plus que je ne veux l’admettre. Elle se remet au travail, nettoyant la plaie avec une concentration presque féroce. Je grimace, mais je reste silencieux. Elle n’a pas besoin de savoir à quel point ça fait mal.

— Vous devriez prendre soin de vous, ajoute-t-elle soudain, sans lever les yeux.

— Vous vous inquiétez pour moi, docteur ?

— Non, répond-elle rapidement. Mais si vous mouriez, je devrais expliquer pourquoi à la police.

Et franchement, ça ne me tente pas.

Je souris, amusé. Elle est fascinante.

Elysabeth

02 Juillet 2024

Après que les garçons est quitté mon appartement, aux alentours de quatre heures du matin, je n’ai pas réussi à retrouver le sommeil. Des yeux vairons ont comblé mon esprit jusqu’à ce que mon réveil sonne à 6H30. Avec la nuit que je viens de passer, je rêve que d’une chose : rester dans mon lit. L’été New-Yorkais est étouffant, je remercie le propriétaire d’avoir équiper tous les appartements d’une clim. C’est d’un pas lent que je décide enfin à me lever. Un pied dans le salon et des flashs de la soirée d’hier me revienne en tête. Je n’arrête pas de penser à Luca et à sa façon de me regarder. Je sais que c’est un terrain glissant et que je ne devrais même pas être émoustiller, mais c’est plus fort que moi.

Je ne travaille pas aujourd’hui et je remercie le ciel pour cela. Après avoir bu deux cafés bien serrés, je décide d’aller faire un footing. Me changer les idées me fera le plus grand bien. Je lasse ma dernière chaussure, lorsqu’une notification message sonne. Je sors mon téléphone de ma poche et constate que c’est un message de Luca. Quand le destin vous poursuit. Je pars finalement m’installer sur mon canapé.

Luca :

Alors, Docteur Hardford, vous avez survécu à notre visite surprise ?

Un léger sourire se dessine sur mes lèvres malgré moi. Je tape rapidement une réponse.

Moi :

Si vous appelez ça une visite, je dirais que vous avez un sens de l’hospitalité... unique.

Luca :

Avouez que vous avez aimé avoir un peu d’action dans votre vie calme et bien rangée.

Moi :

Si par "action" vous voulez dire nettoyer du sang sur mon tapis à deux heures du matin, alors oui, un vrai rêve.

Luca :

Je savais que vous étiez une femme pleine de ressources.

Je roule des yeux, mais mon sourire s’élargit. Pourquoi ai-je l’impression qu’il arrive toujours à rendre les choses moins sérieuses qu’elles ne le sont ?

Moi :

Et vous ? Comment vont vos "souvenirs de Mexico" ? Vous avez suivi mes consignes ?

Luca :

À la lettre.

Moi :

Vraiment ?

Luca :

Bon… peut-être pas à la lettre. Disons que j’ai fait ce qui me semblait raisonnable.

Moi :

Luca, je vous ai donné ces consignes pour une raison. Si vous continuez à faire à votre manière, je devrai recoudre vos blessures une deuxième fois.

Luca :

Vous me verriez donc encore. Avouez que ça ne vous déplairait pas.

Bien sûr que ça ne me déplairait pas. Qui ne flancherais pas, pour un regard comme le sien ? Il est vrai que j’ai très envie de le revoir. Mais pas dans des conditions comme celles d’hier soir. Non mais qu’est-ce que je raconte ? Est-ce que je me vois sortir avec ce type, dans la rue, main dans la main ? Certainement pas !

Moi :

Vous avez une idée très étrange de ce que j’apprécie.

Luca :

Je sais ce que j’ai vu cette nuit-là. Vous étiez inquiète.

Moi :

Pour mes meubles, oui.

Luca :

Arrêtez, Docteur. Vous vous souciez de moi, même un peu. Sinon, pourquoi répondre à mes messages ?

Je reste figée un instant, le regard rivé sur l’écran. Son assurance est agaçante, mais il n’a pas complètement tort. Je finis par taper une réponse rapide, espérant clore la conversation.

Moi :

Parce que je suis médecin. Et parce que je n’ai pas envie d’avoir un patient mort sur la conscience.

Luca :

Rassurant. Mais si ça peut vous rassurer, je suis encore debout. Vous êtes une excellente médecin, après tout.

Un frisson parcourt ma colonne vertébrale en lisant ses mots. Je ne sais pas s’il me complimente ou s’il me teste, mais je décide de rester sur la défensive.

Moi :

Essayez de le rester. Et la prochaine fois que vous avez une idée brillante qui inclut de débarquer chez moi à une heure indécente, réfléchissez-y à deux fois.

Luca :

Promis. Mais je ne vous garantis rien si l’occasion se présente à nouveau.

Moi :

Luca...

Luca :

Bonne journée, Docteur. Essayez de ne pas trop penser à moi.

Aarrgghh, il m’énerve. C’est sûre que je vais penser à lui, à ses yeux, son sourire et son corps de dieu. Corps que j’ai déjà pu observer de très près. Et ma bave a failli atterrir sur ses abdominaux. La honte. C’est avec le cœur partagé et l’esprit embrouillé, que je décide d’aller faire mon footing.