Yappae Sang Embrasé Chapitre 10 - Caelia

Chapitre 10 - Caelia

Altaïr me fusilla du regard et ma dague s'enfonça un petit peu plus. En affrontant son regard, ma voix gronda.


— Izak...Fais attention à tes prochaines actions, je tiens ton maître entre mes griffes. Lâche ton arme, et toi relève les yeux. Le menaçai-je agacée.


— Ce n’était pas très intelligent de sauter dans un bain... L’eau moule encore plus ta tenue.


Un sourire arrogant ourla ses lèvres. Izak se jeta en avant et trancha des flèches. Une me frôla et Altaïr m’attira dans une puissante étreinte. Je mordis son épaule qui était aussi dure que de la pierre, et il me pressa un peu plus dans un souffle. Son corps bouillonnait.


—Tu es vraiment sauvage... murmura Altaïr.


— Lâche-moi !


— Non, sinon tu risquerais de laisser une vilaine cicatrice sur mon beau visage, tu m’as déjà marqué, mon petit poussin.


Ma main glissa vers son bas-ventre.


— Ce serait dommage que tu ne puisses pas avoir de descendance...


Un moment de réflexion apparut sur son visage et je lui décochai un crochet dans les côtes, il hoqueta et je me relevai la dague à la main, je bloquai la lame d’Izak in extremis. Ses yeux émeraude étincelaient d’une folie pure. C’était la manière dont il devait avoir regardé Silas. Il dévoila ses canines dans un mouvement agressif. Un vrai ballet débuta. Altaïr prenait un malin plaisir à nous épier en jetant de temps en temps son attention face à la fenêtre criblée de flèche brumeuse.


J’esquivai et attaquai. Je savais qu’Izak avait poursuivi mon frère. Les souvenirs de cette nuit remontaient. Un torrent, que dis-je, un déluge d’émotions et d’images grandissait avec ma rage. Je me revoyais voler au-dessus du territoire des Dark Night, lorsqu'un filet surgit de la canopée et me captura. J’avais tenté d’incendier la toile. Impossible. J’avais chuté. Le noir m’avait accueilli. Les souvenirs étaient flous. Une douleur à la tête criarde, ma vision était tachetée. Et Silas me secouait. Il s’époumonait à me ramener à la raison.


Il m’avait forcé à me remettre sur pied, constant que je n’étais pas dans un état lucide, il m’avait jeté sur son épaule et ses pieds foulèrent avec rapidité le sol. Il semblait affolé. Des ombres dansantes se projetaient contre les arbres et sur le tapis blanc. J’avais tenté d’ouvrir la bouche pour prévenir Silas, mais les mots ne sortaient pas. Ils étaient coincés. Un violent choc m’avait propulsé au loin et Izak était apparu avec un sourire sordide.


Mon pied frappa sa taille et je lui tailladai le torse, il recula, troublé. Ce sale monstre avait pourchassé mon frère. Je pivotai habilement sur mes pieds et lui enfonçai ma dague entre deux côtes. Eux qui affectionnaient tant le sang, j’espérais qu’il s’y noierait dedans. Il ne fallut pas longtemps avant que son épée ne se dérobe de sa prise et que le sang s’imprègne dans l’eau. Le coup d’après fut intercepté par Altaïr.


J’enchainai avant qu’il ne l’ouvre. Je lui portai un coup dans le genou et il plia avec un grognement. Il invoqua son épée de sang. Les sangs royaux de San Emie pouvaient manipuler leur sang à l’infini.


— Maître, vous n’avez pas à-


— Tais-toi et va te soigner. Ce n’est pas cet oiseau de malheur qui va dicter ses règles. Tu vas le regretter petite peste.


Je fondis sur lui avec toute ma force, il ne bougea pas d’un centimètre et riposta sans problème. Nos lames s’entrechoquaient et brisaient la tranquillité du Palais. Ses yeux me foudroyaient et se noircissaient. Altaïr était un adversaire de taille. Et cela m’agaçait. Encore quelques secondes auparavant, il ressemblait à un animal blessé et là il se tenait fièrement sur ses appuis. Mes cheveux s’enflammèrent et se mirent à flotter. Une lumière étincela dans ma gorge et je crachai un flot de flammes. Altaïr créa un bouclier à base du sang d’Izak et je m’élançai sur lui en brisant son mur. Mes griffes tentèrent de déchiqueter sa gorge mais il me repoussa d’un mouvement de main. Des cristaux de sang s’enfoncèrent dans mon corps et transpercèrent certains organes. Ce fut à mon tour de vomir ce liquide rougeâtre.


Altaïr fit tournoyer son épée pourpre et la pointe trouva mon menton.


— Si tu me supplies, j’accepte de te laisser un brin de liberté, une fois en cage, petit poussin.


J’agrippai la lame tranchante et lui offris un sourire teinté de rouge. Sa poigne faiblit et il tangua en plaquant sa main sur son torse.


— Si tu me supplies, j’accepte de te retirer cette malédiction, sale sangsue.


Avant qu’il ne puisse répliquer, la porte s’ouvrit dévoilant la Reine et mon oncle. Celui-ci se rua à mes côtés et me souleva dans ses bras.


— Caelia, Altaïr. Gronda la Reine Anaxarete. Je vous attends dans la salle du trône au premier rayon de soleil.


Altaïr et Izak s’agenouillèrent et je hochai la tête contre l’épaule de mon oncle.


***


— Mais qu’est-ce qui t’as pris ? Enfin, Caelia ! Dès le premier jour, tu tentes de trucider l’héritier des San Emie !!! Tu aurais pu attendre de noyer le poisson !


Je grinçai lorsque Ainz appliqua une compresse sur une énième blessure. Ainz était un garde haut gradé de Alpha Nemi, un dragon d’or. L’un des plus rares types de dragon. Ils étaient facilement reconnaissables à leur chevelure dorée et leurs yeux de la même teinte que le soleil ardent.


— Quelques minutes... et il était mort.


— Et toi aussi ! Caelia ! Tonitrua Axion. Je ne veux pas te perdre aussi...


— Axion, je posai ma main sur son avant-bras, je suis un phénix. De feu de surcroit. Nous renaissons toujours de nos cendres, je ne vais pas mourir de si peu. Nous le savons. Nous sommes plus endurables que les autres phénix.


— Caelia, mon ange, il faut parfois abandonner. La vengeance ne mène à rien. Seulement la création d’une nouvelle rancœur.


— C’est la seule chose que j’ai... Il-il doit payer. Je-je ne peux pas laisser la mémoire de Silas se terminer de cette manière, j’aurais préféré mourir à sa place à-


Un bruit aigu résonna et Ainz écarquilla des cils, ma joue devenait rouge et picotait. Mon regard était niché au sol, je n’osais pas affronter le regard d’Axion.


— Ne t’avise plus jamais de prononcer ces paroles. Tu m’entends Caelia ! (Il saisit mes épaules et me secoua). Tu m’entends ! Rien n’est de ta faute. Même sans ta présence, Silas serait mort. Il s’agissait d’un piège.


— Et j’ai été la proie originelle ! Explosai-je. C’est moi qu’on voulait tuer... C’est moi.


Les larmes que je retenais se mirent à dévaler. Je m’en voulais tellement. Si Silas ne m’avait pas protégé, il serait en vie. Il aurait pu devenir le prochain chef, il aurait été un chef parfait. A l’écoute de tous, fort et vaillant. A la place, il avait troqué sa vie contre sa sœur fougueuse. Celle qui jadis créait des problèmes. Mes mains enfouirent mon visage, je ne voulais pas être vue dans un moment de faiblesse. Les bras de mon oncle m’entourèrent et me bercèrent alors que la main de Ainz tapotait ma tête. Cela me fit sourire, car les dragons n’étaient pas très démonstratifs de leur émotion.

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6 commentaires

Ria Victory

-

Il y a un an

C’est vraiment chouette de la voir lâcher un peu toute cette colère cache une énorme culpabilité et beaucoup de tristesse, le chapitre était exaltant merci pour cette histoire passionnante 🙏

Yappae

-

Il y a un an

Merci :D
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