Fyctia
Chapitre 36 - Part 2
Mon pote coupe le contact et me rejoint. Ses lèvres s’étirent et je cogne dans le poing qu’il me tend.
— T’es un putain de magicien.
— Les nanas disent ça de moi aussi au pieu.
— En attendant, dans ton plumard, il n’y en a plus qu’une.
— Et crois-moi, elle ne se plaint pas de mes petits tours.
Il ricane et je me fige en entendant la porte qui s’ouvre dans mon dos.
— On a entendu le moteur, vous avez réussi ?
Je me tourne vers ma diablesse tandis que Mia apparaît derrière elle un panier à bout de bras.
— Ton mec était justement en train de se venter de ses tours de magie.
Je lâche un rire nerveux et lui fous un coup de coude dans les côtes. Il en a d’autres des conneries comme ça à sortir ?
Ellyn nous observe, sceptique. Elle doit nous trouver louches. Je suis là, à ne plus savoir quoi dire, alors que d’habitude, l’ouvrir n’est jamais un problème et lui, se bidonne comme le couillon qu’il est.
— Il est doué, confirme-t-elle.
Un instant, je me demande à quoi elle fait allusion. Elle n’a pas pu deviner qu'on évoquait mes prouesses sous la couette. Non, elle parle sûrement de la caisse.
Pitt repart de plus bel dans un fou rire et je soupire.
— Les vapeurs de pots d’échappement lui sont montés à la tête.
Le summum de la connerie. Je pouvais pas faire mieux.
— On y va ? intervient Mia.
Souvent, cette fille me sauve les miches sans le savoir. Je sais pas où elle veut qu’on aille, mais si je peux échapper à ce moment, ça me va.
Son copain lui prend le panier des mains et je soupire intérieurement. Il va enfin arrêter son délire.
— Où on va ? demande-t-il.
— Au lac, on a préparé un pique-nique.
Je sais pas de quoi ils parlent. Tout ce que je retiens, c'est que dans ce truc, il y a de la bouffe. Et où la bouffe va, je vais.
Emballé, mon colloc’ dépose le panier dans le coffre, pendant que je reluque Ellyn du coin de l’œil. Penchée sur la banquette pour déposer la couverture, elle offre à ma vue son joli petit cul. Perdu dans mes pensées à m’imaginer tout ce que je pourrais lui faire à l’arrière de cette caisse, je remarque au dernier moment les clés de la Dodge que mon pote me lance et les rattrape de justesse.
Je glisse un regard surpris sur lui.
— À toi l’honneur.
Il est sérieux ? C’est pas une blague ?
J’observe la bagnole et savoir que je vais tenir entre mes mains le volant de ce bijou, taquiner l’accélérateur me colle des frissons. Ma diablesse me rejoint, colle un bisou sur ma joue et me sourit. Comme si elle devinait à quel point ça me rend heureux, son regard est attendri.
— En route champion.
Pendant une fraction de seconde, je me demande d’où sort ce nouveau surnom. Ça me plait. Je prends tous les petits noms qu’elle voudra bien me donner.
Je lui vole un baiser et en un claquement de doigts, je redeviens ce gosse. Celui de la petite supérette du coin que chaque page de la revue automobile faisait rêver. Sur le siège conducteur, mes doigts s’enroulent autour du volant et j’inspire l’odeur du vieux cuir. Le tour de clé que je donne fait rugir le moteur et ça me file la chair de poule. Doucement, j'avance sur l’allée pour rejoindre la route et une fois sur le bitume, enfonce la pédale d’accélérateur. Le monstre réagit au quart.
Un sourire en coin, je capte le regard de Pitt dans le rétroviseur et le remercie silencieusement. Il sait. Il n’a plus aucun doute sur ce que ça représente pour moi. L’instant qui suit Mia fond sur ses lèvres et le contact est rompu.
La main que tend Ellyn vers l’autoradio et qui entre dans mon champ de vision me sort de mes pensées. Je la regarde, captivé, pendant qu’elle tourne le bouton afin de trouver une station, faisant grésiller les haut-parleurs. Ses mèches brunes, presque noires, ses billes quasiment de la même couleur, sa peau mate qui semble presque dorée sous les rayons du soleil. Je me sens bien.
Tous les trois représentent pour moi ce que je n’espérais plus trouver un jour. Une part de moi me force encore à me protéger. Ils pourraient bien disparaître. S’évaporer comme si tous ces moments n’avaient jamais existés. Surtout avec ce que je cache. Avec cette vie dans mon sillage qui ressurgira forcément à un moment ou à un autre. Puis, il y a cette autre part de moi, celle qui me dit de profiter, de kiffer parce que justement ça ne durera pas une éternité.
Après une vingtaine de minutes à suivre leurs indications, je m’engage sur un petit chemin qui coupe à travers bois et finis par me garer. Excités, nos amis bondissent hors de la voiture et récupèrent le plaid et le panier, tandis que je coupe le contact.
Ellyn se tourne vers moi et m’observe soucieuse.
— Tout va bien ?
J’acquiesce et lui souris. J’ai juste pas l’habitude. En fait, j’ai jamais fait ça.
— Si je te dis que c'est mon premier pique nique, tu trouves ça bizarre ?
Elle me fixe brièvement, perd son regard sur le lac et secoue la tête.
— Non, avec mes parents, on n'en a jamais fait non plus. Y’a qu’avec Mia. Quand on fait partie de familles riches comme les nôtres, nos vieux ont d’autres préoccupations que d’organiser ces trucs qu’ils trouvent chiant à mourir.
Pour moi, c’est différent. C’est pas parce que je vis dans une famille pétée de tune que j’ai jamais fait ce genre de chose. D’ailleurs, c'est pas comme si j’avais jamais eu de famille tout court. Et entre gang, on est loin de se regrouper pour ce genre de truc. C’est plutôt magouilles et deals en tous genres.
Je me contente d’acquiescer et sors de la voiture. Je peux pas lui balancer ça.
Au loin, Mia et Pitt marchent main dans la main. Ellyn me rejoint, ses doigts s’entrelacent aux miens et une avalanche de frisson me parcourt. Je ne m’y ferai jamais. Ces petits gestes qu’elle a, de plus en plus souvent, m’atteignent bien plus qu’elle ne peut l’imaginer ou que je l’aurais cru moi-même.
Je m’installe sur le plaid, pendant que naturellement, elle s’assoit entre mes jambes et se laisse aller contre mon torse. Je referme mes bras sur elle et soupire d’aise. Ça non plus, j’avais jamais fait.
Comme me le suggère cette part de moi qui n’aspire qu'à autre chose que tout ce que j’ai connu jusque-là, je décide de profiter du moment. Les yeux rivés sur la surface de l’eau, je garde cette fille dont je suis dingue contre moi et tout le reste fout le camp.
— Et si toi et moi on essayait vraiment ?
Je me fige et baisse les yeux sur son visage tandis qu’elle lève les siens sur moi.
J’ai bien entendu ? Elle veut qu’on soit ensemble ?
Mes iris ancrés aux siens, mon cœur cogne comme un fou. Tout un tas de questions se bousculent dans mon esprit. Pourtant, la seule chose que je retiens, c’est que je la trouve magnifique, que je ne peux plus et ne veut plus ignorer ce que je ressens.
Si j'ai toujours eu l’impression d’être un électron libre, aujourd’hui je gravite autour d’elle et il n’y a plus que ça qui compte.
Alors, pour seule réponse, je pose ma main sur sa joue et l’embrasse avec une infinie douceur. Parce que plus que tout, mon esprit me hurle que oui, c’est ce que je veux.
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Cupid0n_
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Il y a 3 ans
Idylyne.B
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Idylyne.B
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Alienor Smythe
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