Augellino belverde Roller Coaster Question 6 etc..

Question 6 etc..

Je peux difficilement exprimer mon manque total de fierté d’avoir coupé le chapitre précédent sur cette question, mais passons.

Maya répond.


— Mon ex tenait absolument à essayer. Je lui ai dit que je n'accepterais qu'à une condition : que je puisse lui rendre la pareille.

— Oh ! Avec, genre, un gode ceinture ?

— Par exemple.

— Excellent ! approuve Katia.

— Et alors, il a dit oui ? enchaîne Victorien.

— Je ne vous cache pas qu'au début il était complètement réticent, mais... Voyant que je ne changerai pas d’avis...

— Il s'est laissé convaincre ?

— Ça a pris un certain temps. Il a convenu que la réalisation de son rêve valait peut-être le sacrifice de sa fierté, ou je ne sais plus comment il avait fini par le formuler. Bref, il a eu ce qu'il voulait, mais moi, en retour, je l'ai enculé à fond. Et vous savez quoi ? Ça ne m'a pas déplu !

— Trop forte, meuf !

— Et alors, relance Katia dont les yeux font la taille d'une soucoupe – il y a un conte d'Andersen comme ça, avec trois chiens dont l’un a des yeux de la taille d'une soucoupe, le deuxième des roues d’un moulin, et le troisième de la grande tour ronde de Coppenhague. Bref, c’est toute mon enfance, Andersen, et je vous repasse Katia – et alors, c'est resté un one shot ou vous avez récidivé ?

— Il y a eu discussions au sujet d'une récidive, mais... c'est resté un one shot, répond Maya en prenant bien le temps de ménager ses suspenses avec une lenteur insoutenable. En gros, il a estimé qu'il avait donné de sa personne en acceptant mon délire, mais que c'était tout, maintenant il aimerait bien le refaire mais juste lui, un emboîtement mâle-femelle conventionnel, normal, son plaisir à lui.

— Et donc, t'as dit non ?

— Non. Moi, c'est loi du Talion, anus pour anus. Il m'a redemandé plusieurs fois si lui ne pourrait pas, parce que quand même, mais j'ai dit non.


Je regarde Maya avec un mélange d'émotions que j'ai peine à identifier, pendant que Katia interroge les autres copines – dont je me fous royalement des réponses. J'ai l'impression qu'elle est assez fière de son histoire, et honnêtement je l'admire, son aplomb, son culot, tout ça. Et en même temps, merde, j'ai pas envie de savoir, on parle de son derrière quand-même. Elle fait ce qu’elle veut avec, hein, bien sûr, qui suis-je pour...

Oh attendez, une des filles fond en larmes.

Je n'ai pas bien suivi.

C'est celle qui a les cheveux noirs et dont je ne connais toujours pas le prénom.


— Anne-Lise, meuf, qu’est-ce qui se passe ?


Ah, donc c’est Anne-Lise.

De ce que je comprends, elle a répondu « oui, » mais ce oui était un très, très mauvais souvenir, refoulé à une époque où elle était trop jeune pour avoir envie désirer un garçon, encore moins un homme. L’ horreur. Katia s'en veut d'avoir exhibé ce questionnaire, mais elle ne pouvait pas savoir. Maya se précipite vers Anne-Lise pour la couvrir de ses bras. Elle sait ce que c’est, Maya, quand quelqu’un force ton corps à ouvrir un passage. Anne-Lise tremble de partout, hoquette, suffoque, secoue la tête en refusant les mains tendues vers elle, acceptant seulement l’étreinte d’une sœur. On se sent tous absolument misérables devant sa douleur et son injustice.

Au risque de passer pour un sans-cœur, l’ambiance de la soirée en a pris un coup.

Maya lui murmure des mots inaudibles à l’oreille, les sanglots d’Anne-Lise ponctuent le lourd silence.

Et puis, ainsi que l’averse vide son nuage, les larmes cessent de couler et Anne-Lise reprend un peu de couleur – enfin, elle passe de « livide » à « très très pâle. »

Elle renifle avant de faire entendre une toute petite voix :


— Désolée… Merci…

— Désolée de quoi ? réplique Katia d’une voix un peu trop forte, ce dont elle s’aperçoit, mordant sa lèvre avant de reprendre avec plus de douceur : Tu n’es pas responsable de ce qui t’est arrivé.

— Oui, renchérit Estelle, c’est nous qui sommes désolé•e•s pour toi. Si tu as besoin d’en parler…

— Non. (Elle se redresse, aussitôt son regard et son port de tête semblent faits d’acier trempé, comme si de tout son corps elle refusait l’accès de ses pensées à ce souvenir de cauchemar). Non, je n’ai pas envie de laisser ça nous pourrir la soirée. On va danser ou quoi ?

— Tu es sûre que ça va aller ?

— Oui.

— Eh ben let’s go ! tente Victorien. Je vous propose le Feu Cœur.

— C’est pas un bar gay ?

— Si, justement. Comme ça vous pourrez danser sans vous faire emmerder, et on n’a pas besoin de ça, n’est-ce pas ?

— Oh oui, j’adore ! L’ambiance est super marrante, applaudit Katia.

— C’est vrai, je t’ai déjà emmenée avec moi. Ça vous va ? Anne-Lise ?

— Danser sans se préoccuper des mecs autour ? Parfait !

— Attendez, intervient Estelle, on n’a pas fait les cadeaux !

— Ah mais oui ! Alors : les cadeaux, le gâteau, un dernier verre et let’s go.


Branle-bas de circonstance, deux des copines ont préparé un assortiment de délicieux cupcakes. Katia déballe les deux premières saisons de Scrubs en DVD, La Cité des Dames de Christine de Pizan (« Si t'avais envie d'adapter un livre féministe pour le prochain trimestre de mise en scène » lui a glissé Maya), une bouteille de monbazillac, des bonbons et un coussin-peluche en forme de fesses toutes roses.

Puis les filles et vont à la salle-de-bains se refaire une beauté – surtout Anne-Lise qui insiste « maquillez-moi comme une voiture volée, là on dirait que je vais à un enterrement ! »

Victorien se fraie un chemin entre les filles pour se passer une crème anti-cernes sous les yeux puis me rejoint sur le canapé.


— Alors Samy, première fois dans un bar gay ?

— Euh... oui, il me semble.

— Oui ben première fois, sinon tu t'en souviendrais !

— Ouais, j'imagine.

— Et alors, les mecs, non ça ne t'a jamais tenté ?

— Euh... non.

— C'est un petit non, ça.

— Bah... c'est pas une question que je me suis déjà posé, si tu veux.

— Dommage. Avec un boule comme le tien, tu ferais des ravages. Et même, embrasser un mec, ou te faire sucer par un mec, jamais essayé ?

— Non. Peut-être une fois, au jeu de la bouteille, j'ai du me retrouver à smacker un pote à moi, mais...

— Et t'as kiffé ?

— Non, et lui non plus. Mais après les filles nous avaient embrassés aussi, et puis on avait bu...

— Ah ok, donc ça ne compte qu'à moitié.

— Je suppose.

— En tout cas, si ça te tente de te faire sucer par un mec, tu m'en parles, hein ? C'est mieux qu'une fille.

— Comment ça ?

— Logique, vu que nous aussi on a une bite, on sait mieux que les filles comment nous faire plaisir, tu crois pas ?

— Je... Oui, sans doute, mais...

— Allez va, je t'embête pas. Mais il n'y a pas de mal à être curieux, tu sais.


Sur ce, Victorien se lève avant de m'adresser son ultime conseil, sourire aux lèvres :

— Du coup ne bois pas trop, on ne sait jamais qui tu pourrais embrasser !

— Euh... ouais. Question boisson, on va dire que je fais Sam, hein ?


Mais dans quel guet-apens vais-je encore me fourrer, moi...



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21 commentaires

Gottesmann Pascal

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Il y a un mois

L'ambiance est bonne enfant, même si Sami en apprend un peu trop sur Maya, jusqu'à ce que Anne-Lise craque. Elle ne dit rien mais on devine tout. La pauvre. J'espère que la soirée dans le bar gay va lui remonter le moral.

Lucie Feyre

-

Il y a un mois

La pire conversation au monde 🙈

Augellino belverde

-

Il y a un mois

C'est un test : si, à ce moment précis, le/la lecteurice décide de quand même continuer à lire l'histoire, je me suis pas trop mal débrouillé 🙈
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