Augellino belverde Roller Coaster Du Feu Coeur à La Dune -2

Du Feu Coeur à La Dune -2

Tiens, Katia qui rapplique. Elle a combien de verres dans chaque main ? Ah, un seul, mais comme elle est arrivée en tournant sur elle-même, ma vision s’est comme dédoublée. Vingt-quatre ans, ça lui fait. Elle a déjà fait un premier cursus d’anglais avant de bifurquer vers les arts du spectacle, pour ça qu’elle a quelques années de plus.


— Oh, vous savez ce que j’aurais kiffé ? lance-t-elle à la cantonade sur fond de Cindy Lauper. C’est un karaoke ! « Oooh girls just wanna have fun ! »

— Haha c’est pour vous, ça ! lui répond Victorien. Cadeau du DJ pour vous inviter sur la piste !


Et hop, il te l’attrape par la taille et la fait tournoyer à rebrousse-chemin, sans renverser les verres s’il-vous-plaît. Les filles gloussent (j’aime pas ce mot mais n’ai pas trouvé mieux) et se trémoussent. Bon ben, je vais finir mon v… Eeeeet interception de Maya, messieurs-dames ! Maya qui me tire par le bras avec autorité… tu quoque mi Sami, aurait dit un certain Jules. Dans la hâte, je dépose mon verre sur un coin de table avec la grâce d’un phasme unijambiste, et c’est parti, donc, pour danser, vaste projet ! Enfin, si c’est avec Maya, il y a déjà une motivation initiale.


— Hé Sam, ça te dirait qu’on s’inscrive à des cours de rock ?

— De rock ?

— Ouais, pour apprendre à danser ! Faut déverrouiller ton p’tit corps.

— Soit… Pourquoi du rock ?

— Parce que je t’imagine pas faire du hip hop, et que la salsa, niveau débutants, c’est plein de boloss qui pensent que danse latine égale partenaire collée-serrée sur leur pine.

— Je vois. Non mais ça peut être marrant, le rock !

— Cool ! Allez, bouge ton uc, tu t’en fous si un mec te mate !

— Et si c’est toi qui me mate ?

— Aucun risque, je te vois suffisamment dans la journée.

— Pas gentille.

— J’t’adore.

— N’empêche, ça fait bizarre d’être à votre place, se sentir scruté !

— Bah tu crains rien. Si quelqu’un t’embête, on te défendra ! Allez, viens-là.


Elle m’attire contre elle, paume contre paume. Ses doigts se referment sur les miens, elle se tourne, croise mes bras devant elle, juste au-dessus de sa poitrine. Je suis dans son dos qui danse, près de m’enfouir dans ses cheveux, mes lèvres à quelques centimètres de son cou parfumé, tout mon corps à quelques centimètres de son corps en mouvement.

Et puis je ne sais pas trop comment, par quelle espièglerie de la danse, c’est bientôt Anna qui se retrouve tout près de moi, nos peaux s’effleurent, nos mains se rencontrent, nos pieds se tournent autour. Une autre musique, Maya de nouveau. Et puis Alexis. Et puis Anna. Et puis… attends, Alexis ? Ah, oui. Bon, et puis après tout. Les filles dansent bien entre elles, aussi. Maya avec Anna, Anne-Lise avec Estelle, Katia avec Victorien, Victorien qui lâche Katia pour un garçon aux traits fins comme de la porcelaine, Katia qui déboule entre Anne-Lise et Estelle pour former un trio… Alexis pose sa main dans le bas de mon dos, dans le plus grand calme. Il sent le frisson qui remonte mon échine, retire sa main, recule. Il me sourit, l’air de dire « tant pis, j’aurai essayé. »

Au fond, est-ce qu’il pense tant pis pour lui, ou tant pis pour moi ? Je mentirais en affirmant ne pas avoir été du tout troublé. Ce n’est pas anodin, une main posée là, une main amicale en attente d’une réponse pour oser plus, mais seulement si j’y réponds. Il a interprété mon frisson comme une résistance à son contact. Peut-être n’était-ce rien de plus que ça. Peut-être… Oh et puis, est-ce un sujet qui mérite de se faire des nœuds au cerveau ? Il n’y a, à ma connaissance, qu’une vérité empiriquement démontrable : je tourne la tête en direction de Maya dont les cheveux viennent encore me passer sous le nez. Ce parfum, nom de Zeus ! Et même, par toutes les divinités de l’Olympe !

Voilà que les sens me tournent. Mes narines en extase, mon ouïe se réveille et chope des bribes de conversation.


— Je pense que mes parents voulaient que je sois gay. Sinon, pourquoi ils m’auraient appelé Victorien ? Ils m’auraient juste appelé Victor. Comment tu justifies cette coquetterie, sinon ?

— …

— Non. Désolé, mais les chaussettes par-dessus le pantalon, ce sera toujours non.

— C’est con, quand même, qu’aucun de ces beaux mecs ne soit pour nous ! Je refuse d’aller me coucher sans avoir brisé le cœur d’au moins un blaireau ce soir !


Ah, Katia sonnerait-elle la révolte ? George Michael aurait-il achevé la période chaste de la soirée, wake me up before libido ? Ohla oui, Katia a un regard de chasseresse, scrutant autour d’elle avec concupiscence et envie. Victorien est en train d’embrasser langoureusement son éphèbe, Alexis et Amaël se câlinent, Anna et Maya… euh… J’ai dû rêver, un instant j’ai cru qu’elles s’étaient embrassées elles aussi ? Mais il faut dire qu’elles dansent très proches et – à mon tour de mater, ha ha ha ! – de façon plutôt lascive. Katia, c’est obligé de bouger, là ? Je ne reverrai pas souvent pareil spectacle. Hem… Bon, c’est limite comme attitude, là.


Une heure vingt, on sort du Feu Cœur.

Victorien est le premier dehors, « Je ne lâche pas mes copines dans la nature pour un joli minet. »

Katia insiste : « Samuel, tu viens avec nous, on aura besoin d’un hétéro pour nous protéger ! »

Moi, en boîte de nuit ?

« Allez, me susurre Maya à l’oreille, tu restes ? Et puis, je pense que de nous toutes, c’est toi qui a le moins bu…»

C'est pas faux. Bon, d'accord.

Vic échange son numéro avec le dénommé Darius, puis en route vers les quais !

Ah oui, Alexis est venu me faire la bise, ayant capté notre départ. Il avait les sourcils pleins de reproches, genre j’aurais osé filer sans dire au revoir, l’incorrection ! Après m’avoir expliqué les bracelets et dansé et tout ! Il se marre devant ma tête incrédule, me fait comprendre qu’il ne m’en tiendra pas rigueur, c’est un jeu pour lui tout ça. Bref, en route vers les quais.


Par chance, on attrape le dernier tramway en direction de la gare Saint-Jean, sans quoi il aurait fallu marcher une grosse demi-heure. A Bordeaux, les boîtes de nuit sont situées dans un quartier turbo glauque. Il faut passer sous le pont des voies ferrées – où il est inévitable de croiser de drôles d’oiseaux à n’importe quelle heure de la nuit, en plus de kebab-frites à peine comestibles.


— On va dans laquelle ? demande Anne-Lise.

— Le Royal a toujours des musiques pourraves.

— La Dune ?

— Va pour la Dune.

— Super. Combien on est ?

— Deux mecs, quatre filles.

— Parfait, on va passer oklm !


Il y a de l’attente. Un groupe de mecs tentent de convaincre deux filles à peine majeures de passer avec eux pour qu’ils puissent entrer. Le videur intervient. Les mecs gueulent, l’un d’eux sort un gros billet. Le videur gueule aussi, ils n’entreront pas. Les deux filles se réfugient à l’intérieur, je n’arrive pas à savoir si elles sont apeurées ou amusées par la situation. Trois des mecs commencent à se taper dessus, rejetant les uns sur les autres la responsabilité de leur échec. Les autres, vont tenter le Royal, sans même séparer leurs potes. Ainsi va la vie.

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10 commentaires

Le Mas de Gaïa

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Il y a un mois

Tout de suite c'est plus facile à suivre sans sauter de chapitre lol

Augellino belverde

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Il y a un mois

Hahaha voilà l'histoire a repris son cours normal 😄

Gottesmann Pascal

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Il y a un mois

L'ambiance du bar est très sympathique mais ça risque de ne pas être la même chose dans la boite de nuit. En tout cas, les vigiles veillent.
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