Fyctia

Je déteste l’hiver. Je déteste la neige. Je déteste ce chalet où on m’a enfermée.

Mais surtout, je déteste mon père.

Dès que j’ai montré une faiblesse, il m’a mise de côté. Et quand cette faiblesse s’est montrée insistante, il m’a renvoyée, comme il le ferait avec une employée.

Il m’a cachée aux yeux du monde pour qu’on ne remarque pas que sa fille est brisée.

Mes dents se serrent alors qu’une nouvelle vague de douleur m’envahit. Elle va passer, comme les précédentes ; il suffit que j’attende.

Mais elle est plus forte. Je perds pied et tombe sur le sol carrelé avec un petit cri de surprise. J’ai mal, j’ai si mal.

Voilà des semaines et des semaines que ma souffrance perdure, faisant de mon quotidien un véritable enfer. Il n’y a eu aucun signe ; un jour, je travaillais et le lendemain, j’étais incapable de me lever de mon lit, en proie à des douleurs immenses aux jambes. C’est apparu sans prévenir, bouleversant ma vie et mes convictions.

Les examens médicaux de toutes sortes ont suivi, ordonnés par mon millionnaire de père. Il ne pouvait se permettre de me perdre quelque temps : j’étais une employée importante de son entreprise, personne ne pouvait prendre ma place.

Et pourtant, il a su me remplacer si vite.

Mes douleurs aux jambes ont continué, m’empêchant de marcher un jour, me laissant tranquille un autre. Les tâches du quotidien sont devenues exigeantes pour moi, et il m’était impossible de me concentrer, alors mon père a décidé de me cacher. Il m’a exilée ici, dans ce chalet au beau milieu de nulle part, en espérant que tout finisse par se régler.

Mais tout ne se réglera pas par magie, je le sens. Mon corps me fait souffrir chaque instant que le bon Dieu fait. Si mes symptômes varient, qu’un jour n’est jamais identique au précédent, il reste que je ne suis plus la femme que j’étais il y a quelques semaines. Une maladie inconnue a pris possession de mon être, s’amuse à me faire mal, et en attendant qu’on trouve de quoi il s’agit, je dois rester enfermée dans ce chalet.

J’ai mal.

Je déteste ne rien faire, être éloignée de mon travail et de mes employés.

Mais je déteste encore plus mon père.

Parce qu’il a eu si honte de moi qu’il a préféré me cacher aux yeux du monde plutôt que de m’aider.