Fyctia
Chapitre 2
Léna
Il est hors de question que je cohabite avec lui. Pas une nuit, pas une demi-seconde de plus que nécessaire. C'est de sa faute si ma vie a été si misérable ces dernières années. Lui et ses coups bas… Il m'a brisé. Mon rêve d’avoir un appartement à moi, un endroit rien qu’à moi, est parti en fumée à cause de lui. Et maintenant, me voilà, à deux doigts de me retrouver à la rue. J’en pleure intérieurement rien qu’en y pensant.
— Oh, Léna, tu m’écoutes ? cria Cid à l’autre bout du fil, me ramenant brutalement à la réalité.
J’avais presque oublié qu’elle était là, celle-là, toujours à jouer les conseillères.
— Écoute, il n'est pas si mauvais, tu sais. Ça s'est passé il y a trois ans. Tu devrais passer à autre chose.
— Que je passe à autre chose ? Mais tu t’entends, Cid ? Il m’a volé le projet de mes rêves et j’ai raté ma chance par sa faute !
— Allez, fais un effort. Je t’envoie son adresse, il t’attend.
— Pardon ? Je…
Mais elle n’attendit pas de réponse. Elle raccrocha avant même que je puisse protester.
Non mais… sérieusement ? Comment allait-je bien faire pour m’en sortir maintenant ? Mon cœur se serra à l’idée de passer une nuit dehors. Le froid mordant de l’hiver ne me laisserait pas le choix. Dormir dans la rue ? Jamais.
Prenant une grande inspiration, je composai son numéro. Une part de moi espérait qu’il ne réponde pas, mais, bien sûr, il décrocha immédiatement.
— Allô ? dit-il de sa voix rauque et posée.
— Bonsoir, c’est Léna… Léna Campbell, répondis-je d’un ton neutre.
— Ah, Léna. J’attendais ton appel.
Bien sûr qu’il l’attendait. Et comme je le craignais, il n’avait même plus mon numéro, ce connard.
— J’ai réfléchi, dis-je d’une voix sèche. J’accepte ta proposition.
— T’en as mis du temps, se moqua-t-il sans vergogne.
— Pardon ?
— Bon, écoute, je n’ai pas toute la soirée. Tu as mon adresse. Tu peux venir.
Avant que je ne puisse répliquer, il raccrocha. Quel culot !
Je soupirai longuement, lasse, et retournai dans la cuisine. Mon plombier venait enfin de finir, l’eau ne coulait plus. Avec un maigre sourire de remerciement, je lui glissai quelques billets avant de le raccompagner. Puis je me dirigeai vers ma chambre pour préparer deux petites valises. Juste le strict nécessaire, sans oublier ma tenue de travail pour le lendemain.
Une demi-heure plus tard, un taxi me déposait devant un immeuble imposant. Rien d’étonnant à ce qu’il puisse se permettre un tel endroit. Je levai les yeux, ressentant une pointe de rancœur, et appuyai sur l’interphone. Quelques secondes passèrent avant qu’un léger bourdonnement ne m’indique que la porte était déverrouillée.
Traînant mes valises derrière moi, j’entrai dans un long couloir qui débouchait sur un grand salon. L’endroit respirait le luxe. Les murs, d’un blanc immaculé, reflétaient la lumière tamisée des lampes modernes. Au centre trônait un canapé en cuir noir, flanqué de fauteuils assortis. Un mini-bar rempli de bouteilles de vins et de whiskys raffinés complétait le tableau.
— Te voilà enfin
Je tournai la tête et le vis, assis nonchalamment au bar, un verre de whisky à la main.
— Merci de m’héberger, dis-je sans grande conviction. Je serai partie aussi vite que je suis venue.
— Pourquoi ai-je l’impression que tu m’en veux ? On n’était peut-être pas les meilleurs collègues, mais quand même, répondit-il avec un sourire narquois.
— Tu oses poser la question ? Quel culot.
Il se leva, toujours aussi sûr de lui, son verre en main. La lumière jaillit soudainement, illuminant toute la pièce. J’eus l’occasion de mieux détailler son allure : sa posture droite, ses épaules larges moulées dans un t-shirt blanc impeccable, et ses yeux gris perçants. Un joli visage, certes, mais celui d’un voleur à mes yeux.
Il s’arrêta juste devant moi, me dévisageant comme s’il cherchait à lire dans mes pensées.
— Suis-moi, je vais te montrer ta chambre, finit-il par dire en attrapant une de mes valises.
Quel gentleman, pensai-je sarcastiquement. Je le suivis, exténuée par cette journée interminable, ne rêvant que d’une douche et d’un peu de sommeil.
Il s’arrêta devant une porte, l’ouvrit et entra.
— Voici ta chambre, dit-il simplement. Par contre, la douche est au bout du couloir.
Je me retins de faire une remarque. Quelle idée de ne pas prévoir une salle de bain par chambre dans un endroit pareil. Mais avant que je n’aie le temps de répliquer, il s’avança vers la sortie.
— Ma chambre est juste en face, ajouta-t-il sur un ton léger. Et surtout, fais comme chez toi.
Puis il disparut, me laissant seule.
— Bienvenue à moi, murmurais-je à moi-même, sarcastique.
Je pris un moment pour détailler la chambre. Les murs, toujours d’un blanc éclatant, contrastaient avec le mobilier sombre : un grand lit, des rideaux épais, une table de chevet minimaliste. L’ensemble respirait une sobriété élégante, tout à fait à son image.
Je soupirai une dernière fois, déposant mes valises sur le lit. Cette cohabitation allait être longue…
5 commentaires
Mary Cerize
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Il y a 8 jours
Dystopia_Girl
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Il y a un mois
Vtr_iaa
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Il y a un mois