Fyctia

Le médecin s’arrêta devant une porte et se tourna vers moi.

-Je préfères vous avertir, me dit-il. Votre mari est relié à plusieurs machines qui permettent de le maintenir dans un état stable. Tous ces appareils et les bruits qu’ils émettent peuvent être un peu impressionnants.

J’acquiesçai et il ouvrit la porte. Bien que je me sois préparé mentalement à la scène qui allait suivre, j’eue tout de même un léger sursaut en découvrant Ethan au milieu de tous ces trucs. C’est à peine si on le voyait avec tous ces tuyaux et ces bandages. Les bip bip incessants des machines étaient presque assourdissant.

-Je vais vous laisser un moment. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésiter pas à appuyer sur la petite télécommande à côté du lit de votre mari.

Je lui fis oui de la tête et il s’en alla, refermant la porte derrière lui. Je restai quelques instant plantée là, à regarder Ethan, étendu sur ce lit d’hôpital. Cette vision allait sans doute rester comme la plus traumatisante de ma vie.

Je me décidai finalement à m’approcher et m’assis sur le siège à côté du lit. Seul le bruit de l’électrocardiogramme rompait le silence de la chambre. Je ne sais pas combien de temps je restai là, le regard rivé sur l’écran qui indiquait les battements de cœur. Je poussai finalement un soupir et baissai la tête.

-Je ne sais pas si tu entends ce que je te dis.

Ma voix était enrouée.

-Le médecin m’a dis qu’il était probable que tu ne te réveilles pas, dis-je. Que l’accident avait causé de grave dommages à ton cerveau et que je devrais peut-être prendre la décision de te débrancher si jamais tu ne revenais pas à toi.

Bip. Bip.

-Je ne veux pas prendre une telle décision.

Bip. Bip.

Je me penchai en avant.

-Tu m’entends ? Il est hors de question que je décide de te laisser mourir ou pas.

Bip. Bip.

Les larmes me serraient tellement la gorge que j’avais le sentiment d’étouffer. Je poussai un profond soupir et, sans que je réussir à la retenir, l’une d’elle roula sur ma joue. Suivie par une autre. Puis une autre, jusqu’à ce que mon visage soit complètement envahis.

-Je t’en prie…, suppliai-je. Ne me fais pas prendre cette décision.

Je me rapprochai encore et lui pris la main, la seule qui n’était pas entravée par des branchements.

-J’ai été horrible avec toi ces derniers temps. Je t’ai dis des choses affreuses, je t’ai accusé de choses dont tu n’étais pas responsable.

Bip. Bip.

-Tu avais raison. C’est à cause du bébé.

Un sanglot m’échappa.

Quand j’avais fais cette fausse couche, il y a quelques semaines, mon monde s’était effondré. J’en était à quatre mois, tout allait très bien. On avait même commencé à acheter certaines choses, et puis tout avait basculé. Mon bébé était parti dans la souffrance et la tristesse.

-Je m’en voulais de l’avoir perdu et, sans que je m’en rende compte, j’avais peu à peu rejeter la faute sur tout et tout le monde. C’est pour ça que je voulais partir, que je ne supportais plus de vivre ici. Et j’avais même commencé t’en, alors que tu faisais de ton mieux pour me soutenir dans cette épreuve. Le pire, c’est que toi aussi tu souffrais autant que moi d’avoir perdu notre enfant. Seulement, pour une fois, tu ne me le montrais pas pour ne pas ajouter encore plus à ma peine. Et moi j’ai pris ça pour de l’indifférence.

Bip. Bip.

-Je suis tellement désolée, pleurai-je. Je suis la pire des femme que tu pouvais épouser. Tu mérites tellement mieux que moi.

Bip. Bip.

-Pourtant je sais qu’en ce qui me concerne je serais incapable de vivre sans toi.

Bip. Bip.

-Tu es la personne la plus importante de ma vie, Ethan. Alors je t’en prie, je t’en supplie, ne me laisse pas. Reste avec moi pour toujours, comme on se l’était promis.

Bip. Bip.

Je me levai et me penchai au-dessus de lui pour l’embrasser légèrement sur le front.

-Je t’aime, lui murmurai-je.

Je ne disais pas souvent ces mots. Quand Ethan me disait qu’il m’aimait, je répondais simplement « moi aussi ».

Je me rassis, sans lâcher sa main, et essuyai tant bien que mal mes larmes quand, tout à coup, je sentis les doigts d’Ethan serrer les miens.